«La BCE n’a ni l’intention ni les moyens de faire baisser durablement l’euro»

Frédérik Ducrozet, économiste chez CA CIB
Patrick Aussannaire

- L’Agefi : L’euro a-t-il touché son point haut ?

- Frédérik Ducrozet : Il faut l’espérer, non pas tant pour l’activité économique, qui continue d’évoluer en ligne avec nos prévisions malgré les chiffres décevants du premier trimestre, que pour l’inflation, qui reste très sensible aux évolutions du change à court terme. Une combinaison de facteurs de nature cyclique pointe vers une dépréciation graduelle de l’euro, et le ton plus résolu de la BCE a pu jouer le rôle de catalyseur. Mais à l’inverse, d’autres facteurs plus structurels empêchent une chute rapide, liés notamment à la balance courante excédentaire et aux flux de capitaux entrants en zone euro. Une telle situation est supposée non soutenable à long terme – une reprise davantage tirée par la demande intérieure devrait pousser les importations à la hausse – mais la tendance pourrait être lente à s’inverser.

- Quelles mesures d’assouplissement de la BCE auraient le plus gros impact sur le change ?

- La BCE n’a ni l’intention, ni les moyens (seule) de faire baisser durablement l’euro. De plus l’effet de telle ou telle mesure de politique monétaire est incertain, faute d’expérience comparable. Dans le doute, la BCE pourrait donc s’abstenir. Ainsi, un programme d’assouplissement quantitatif (QE) n’aurait pas forcément un fort effet baissier sur l’euro… et pourrait même le faire remonter s’il encourage de nouvelles entrées de capitaux dans la zone ! Un taux de dépôt négatif serait, de l’aveu même de la BCE, l’option la plus adaptée et potentiellement la plus efficace. En renforçant par ailleurs le guidage des anticipations, la BCE viserait au moins à plafonner tout nouveau rebond de l’euro, voire à amplifier le mouvement de correction en cours.

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