La BCE fourbit ses armes monétaires contre les risques déflationnistes

L’autorité devrait opter pour le statu quo aujourd’hui, mais pourrait préciser les outils à sa disposition pour lutter contre la baisse de l’inflation
Patrick Aussannaire

La stratégie monétaire de la BCE revient sur le devant de la scène. Si la réunion mensuelle du conseil des gouverneurs qui se tient aujourd’hui devrait se solder par un statu quo après la baisse surprise du taux directeur ramené à 0,25% en novembre, la publication mardi des chiffres de l’inflation en zone euro «rappelle que la politique monétaire accommodante menée par la BCE est loin d’être terminée», souligne ING.

Sous l’effet de facteurs techniques avec un changement de calcul en Allemagne, la hausse des prix à la consommation a ralenti à 0,8% et à un plus bas historique de 0,7% pour l’indice sous-jacent en décembre, dans un contexte de «quasi-absence de risques inflationnistes à moyen terme», comme le montre la contraction des prêts aux entreprises, rappelle ING. Un niveau qui devrait rester stable sur le premier semestre avec le ralentissement des mesures d’austérité budgétaire qui ont permis une nécessaire baisse des prix et salaires des pays périphériques comparés à ceux de l’Allemagne, ainsi que de la réduction des bilans des banques, selon RBS.

Dans ce contexte, CA CIB estime que «seules une matérialisation des risques déflationnistes et une révision à la baisse de ses projections d’inflation à moyen terme inciteraient la BCE à modifier son discours», avec en ligne de mire l’évolution du taux de swap inflation 5 ans dans 5 ans qui détermine l’ancrage des anticipations à moyen terme. Malgré le lancement officiel du «tapering» de la Fed, le rendement à 10 ans a chuté de 43 pb à 3,78% en Espagne depuis fin décembre, de 35 pb à 3,86% en Italie, de 74 pb à 5,22% au Portugal, de 69 pb à 7,49% en Grèce, et le Bund allemand de 7 pb à 1,88%. L’euro est quant à lui revenu de 1,38 contre dollar à 1,359 hier, soit une dépréciation de 1,5%.

En dépit de l’apparente détente des tensions sur le marché monétaire, avec une chute de l’Eonia de 0,45% le 31 décembre à 0,10% hier, l’excès de liquidité de la BCE devrait se rapprocher cette semaine du seuil de 150 milliards d’euros, après la stérilisation du programme SMP de 179 milliards et l’opération MRO de 112,5 milliards.

L’Euribor 3 mois et le taux Eonia «forward» un an dans un an restent tous deux au-dessus du taux de refinancement, à respectivement 0,28% et 0,29%. «Plus que jamais, il serait opportun de suspendre la stérilisation du programme SMP et laisser ainsi les marchés s’ajuster à ces nouvelles conditions», estime ainsi CA CIB.

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