La BCE a gagné 555 millions d’euros grâce à ses titres grecs en 2012

La banque centrale a enfin fait la lumière sur son portefeuille de dette souveraine acquis dans le cadre du Securities Markets Programme, désormais caduc
Solenn Poullennec

Les créanciers privés qui ont dû se plier à une restructuration de la dette grecque à leurs dépens découvriront peut-être avec amertume les comptes de la BCE. Celle-ci a révélé hier qu’elle avait perçu 1,1 milliard d’euros d’intérêts l’année dernière sur les titres souverains acquis pendant la crise. La moitié de ces revenus ont été touchés grâce aux obligations grecques: 555 millions d’euros, après 654 millions en 2011.

C’est la première fois que la BCE fait ainsi la lumière sur son programme d’intervention sur le marché obligataire (Securities Markets Programme ou SMP) lancé en mai 2010. Au 31 décembre 2012, la banque centrale détenait encore quelque 208,7 milliards d’euros de dette au coût amorti, contre 218 milliards d’euros en montant notionnel. Longtemps mis en sommeil, le SMP a finalement été abandonné en 2012 pour laisser la place à l’OMT (Outright Monetary Transactions). Ciblé sur la dette de court terme, conditionné à une demande et surtout à des engagements des Etats membres, celui-ci n’a pas encore été utilisé. Cependant, dès sa présentation la BCE s’était engagée à davantage de transparence.

La BCE n’a pas révélé les profits réalisés sur les autres titres souverains. A la fin de l’année dernière, près de la moitié du portefeuille du SMP était composé de dette italienne, soit 99 milliards d’euros en coût amorti. La part de dette espagnole s'élève à 43,7 milliards d’euros, suivie de la dette grecque (30,8 milliards), portugaise (21,6 milliards) et irlandaise (13,6 milliards). La maturité moyenne du portefeuille est de 4,3 ans.

Les comptes de la BCE montrent qu’elle a gagné 209 millions d’euros grâce à ses programmes de covered bonds (contre 166 millions en 2011). Au total, la BCE a perçu 2,3 milliards d’euros d’intérêts l’année dernière (contre 1,8 milliard) et réalisé 319 millions d’euros de plus-values. Elle n’a passé que 4 millions d’euros de moins-values latentes. La banque centrale a provisionné 1,2 milliard pour couvrir les risques de change, de taux, de crédit et d’évolution du cours de l’or. Si bien que les banques centrales nationales, destinataires des profits de la BCE, récupèreront 998 millions d’euros cette année, contre 728 millions en 2011.

Les comptes révèlent par ailleurs que Mario Draghi a été payé 374.000 euros l’année dernière. Un salaire à comparer avec celui de Ben Bernanke (151.000 euros au taux de change d’hier) et du futur gouverneur de la BoE (555.000 euros).

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