La Banque centrale grecque pourrait financer ses banques en cas de défaut

L’Irlande utilise déjà ce dispositif exceptionnel, baptisé ELA, pour son secteur bancaire. La BCE protège ainsi son bilan
Violaine Le Gall

Parmi les six banques grecques ayant passé les tests de résistance européens, deux, ATE Bank et EFG Eurobank, affichent un ratio core tier one insuffisant, inférieur à 5 % et deux autres, Banque du Pirée et Hellenic Postbank ont passé l'épreuve de justesse. A cette santé déjà fragile s’ajoute leur forte exposition à la dette souveraine grecque. Sur la base des données fournies par l’Autorité bancaire européenne, retraitées par RBS, les investisseurs domestiques détiennent pour 54,5 milliards d’euros d’emprunts d’Etat grecs, soit environ deux tiers des titres en circulation. National Bank of Greece possède à elle seule 18,8 milliards d’euros d’obligations souveraines grecques. Une décote de 30% équivaudrait à 16,4 milliards de pertes pour les banques grecques.

Ces expositions deviendront aussi problématiques si les agences de notation prononcent un défaut sur la Grèce suite au nouveau plan d’aide européen, discuté jeudi. Le financement des banques locales auprès de la Banque centrale européenne (BCE), avec des emprunts d’Etat grecs déposés en garantie, deviendrait impossible car la BCE n’accepte pas les actifs en défaut en collatéral.

La banque centrale nationale pourrait alors prendre le relais. Une banque centrale nationale peut en effet demander au Conseil des gouverneurs de la BCE l’autorisation de mettre en place une facilité exceptionnelle, hors de l’Eurosystème, pour soutenir ses banques. Le dispositif doit être approuvé par les deux tiers des membres. Ce système, baptisé Emergency Liquidity Assistance (ELA), est utilisé par la banque centrale irlandaise depuis décembre 2010, à hauteur de 50 milliards d’euros. Dans ce cadre, c’est la banque centrale nationale qui fixe les règles en matière d’actifs à apporter en garantie, ce qui permettrait aux banques grecques de se financer en échange de titres souverains en défaut, de prêts hypothécaires ou de financements aux entreprises. L’utilisation de l’ELA ne serait que temporaire, jusqu'à ce que de nouveaux titres grecs soient notés.

Si la banque centrale grecque devait faire face à des défauts sur les titres apportés en collatéral, le gouvernement devrait voler à son secours, le parlement ayant voté en mai dernier une loi autorisant le ministère des Finances à garantir l’exposition de la banque centrale aux banques locales. Compte tenu de la santé de la Grèce, ceci se traduirait en réalité par une nouvelle aide des Etats européens.

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