
La Banque centrale australienne s’accommode de la force de sa devise
La RBA se démarque. En pleine guerre des changes durant laquelle chaque discours sur le sujet est scruté à la loupe par les investisseurs, le gouverneur de la RBA a écarté vendredi toute volonté de faire de la devise australienne un objectif de politique monétaire. Glenn Stevens s’est ainsi démarqué de son homologue néo-zélandais en indiquant que «nous devons être vraiment certains que la devise est sérieusement surévaluée ou que le comportement des marchés est irrationnel avant de nous lancer dans une intervention sur le marché des changes de grande ampleur.» Et d’ajouter que le dollar australien «est certes trop élevé, mais sans pour autant atteindre des niveaux de 50%», et que ce niveau a en outre permis de «contenir les pressions inflationnistes».
«Les propos de Glenn Stevens sont très fermement tournés vers les avantages d’un taux de change fort en termes d’inflation, plutôt que vers une menace d’intervention», estime ainsi Sean Callow, stratégiste chez Westpac Banking. La RBA ne semble pas pressée d’appuyer à nouveau sur le bouton de la baisse des taux directeurs, après les avoir ramenés en décembre à 3%, leur plus faible niveau historique. «Les taux me semblent être actuellement à un niveau approprié et offrent déjà un degré d’assouplissement monétaire important», a déclaré Glenn Stevens. Dans son rapport trimestriel, l’autorité a baissé ses perspectives de croissance et d’inflation pour 2013 de 25pb, à respectivement 2,5% et 3%. Pourtant, les banques locales ANZ, NAB et Westpac Banking continuent de prévoir des baisses de taux de 25 à 75 bp d’ici la fin de l’année.
Des propos qui ont entraîné un renforcement du dollar australien contre les 16 principales devises, avec une hausse de 0,7% contre billet vert à 1,0314 et de 0,2% contre le dollar néo-zélandais, à 1,2349.
Deux jours plus tôt, le gouverneur de la Nouvelle-Zélande, Graeme Wheeler, s’était rallié au concert des pays dont les monnaies sont victimes des politiques monétaires expansionnistes menées au Japon et aux Etats-Unis, en indiquant qu’il se tenait prêt à intervenir sur le marché des changes. «Lorsque le dollar néo-zélandais subit des pressions haussières, nous tenons à rappeler aux investisseurs que la devise n’est pas un pari à sens unique», a affirmé Graeme Wheeler.
La Corée du Sud, les Philippines et le Pérou ont pris récemment des mesures pour réduire les afflux de capitaux dans le pays, et même la banque centrale norvégienne a envisagé de baisser ses taux pour enrayer la hausse de la couronne.
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Moscou a démenti avoir visé ce pays membre de l’Otan, tandis que Varsovie a dénoncé une «provocation» russe. L’incident a, pour certains experts, mis à jour des faiblesses de l’Alliance atlantique. Selon des observateurs ukrainiens, l’envoi d’avions de chasse et le tir de missiles pour abattre des drones ont constitué une réponse surannée et bien trop onéreuse. Andrius Kubilius, le commissaire européen, le reconnaît: «Nous n’avons pas les capacités de l’Ukraine pour combattre une invasion de drones». - Outils peu coûteux - Depuis des mois, l’Ukraine est attaquée quasiment chaque nuit par des centaines de drones russes. Pour les repousser, Kiev a développé des outils peu coûteux, comme des brouilleurs électroniques et des drones d’interception. Selon une analyse de l’AFP à partir des données de l’armée de l’air ukrainienne, plus de 80% des drones russes sont abattus. Alors que l’Otan, la semaine dernière, en a neutralisé moins de cinq sur la vingtaine ayant pénétré dans l’espace aérien polonais. Pour produire beaucoup et à moindre frais, l’approche de l’industrie ukrainienne a été notamment de reconvertir des technologies pacifiques à des fins militaires, comme l’usage de petits drones civils pour lâcher des explosifs sur les soldats russes. Ces drones, au bourdonnement caractéristique, étaient bien présents au salon de l’armement de Lviv. Des robots futuristes, ressemblant à des voitures contrôlées à distance et prévus pour ravitailler ou évacuer les soldats sur le front, étaient également exposés, avec, à leurs côtés, de jeunes ingénieurs montrant sur leurs écrans la façon de relier ces engins à l’intelligence artificielle (IA). «C’est une vitrine pour insister sur le fait que l’Ukraine est technologique, l’Ukraine se développe. Si vous faites dans la tech-défense, si vous n'êtes pas en Ukraine, vous n'êtes pas dans la tech-défense», tranche Thomas Moreau, représentant en Ukraine du GICAT, un groupement d’entreprises françaises de défense. Investissements «dérisoires» Au-delà des démonstrations spectaculaires, il reste encore beaucoup à faire. Les investissements étrangers dans les technologies militaires ukrainiennes restent «dérisoires», souligne Iaroslav Ajniouk, PDG de The Fourth Law, qui fabrique des systèmes d’IA pour drones d’attaque. Selon lui, la seule façon de vaincre la Russie est de remporter la course aux armements et l’Occident n’a pas compris l’urgence d’investir. «C’est comme regarder la suite de Don’t Look Up ", dit-il, en référence à cette comédie dramatique américaine dans laquelle des scientifiques tentent d’alerter des responsables inconscients d’une catastrophe imminente. Certains semblent néanmoins réagir. Lors du salon de Lviv, son organisateur, Brave1, une plateforme gouvernementale, a affirmé que des entreprises étrangères avaient l’intention d’investir plus de 100 millions de dollars (plus de 85 millions d’euros) dans les technologies de défense ukrainiennes. Swarmer, une société développant des drones pilotés par l’IA, a conclu le plus important investissement public en obtenant 15 millions de dollars (12,8 millions d’euros) auprès d’investisseurs américains. À titre de comparaison, un député ukrainien a récemment déclaré que l’Ukraine dépensait environ 170 millions de dollars (environ 145 millions d’euros) par jour pour mener la guerre. Des participants au salon expliquent que les investissements se heurtent aussi à des obstacles bureaucratiques, notamment une réglementation stricte qui interdit de facto les exportations en raison de pénuries. Oleksandr Iarmak, commandant de l’unité militaire Nemesis, souligne que les soldats ukrainiens, malgré leur souhait de partager leur expérience avec leurs alliés, ont «peu de temps» pour le faire «du fait des combats quotidiens». L’Ukraine propose d’autres solutions, comme des investissements conjoints à l'étranger. Elle a récemment annoncé un premier accord de coproduction au Danemark et affirmé que plus de 25 entreprises étrangères transféraient une partie de leur production dans le pays. «Nous sommes en phase d’apprentissage», analyse Artem Moroz, responsable de Brave1 pour les relations avec les investisseurs. «Au fil du temps, les levées de fonds prennent de l’ampleur». Barbara WOJAZER © Agence France-Presse -
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