La baisse rapide du taux de chômage complique la tâche de la BoE

A 7,4% fin octobre, il pourrait tomber dès l’an prochain sous le seuil de 7% fixé par la Banque d’Angleterre pour commencer à relever ses taux
Patrick Aussannaire

La BoE est prise à son propre piège. Le taux de chômage a chuté de manière inattendue à 7,4% à l’issue du trimestre achevé fin octobre, et les inscriptions au chômage sont en retrait de 36.700 en novembre, après une baisse de 42.800 en octobre. Le niveau d’emploi a progressé de 250.000 sur le trimestre (+0,8%), sa plus forte hausse depuis juillet 2010. Et, contrairement au marché américain, cette baisse du chômage s’accompagne d’une hausse du taux d’emploi à 72%, contre 70,3% en 2009.

«Le marché de l’emploi britannique commence à mieux refléter l’étendue de l’amélioration de l’économie et se dirige même vers une phase de performance exceptionnellement forte», estime ainsi BNP Paribas.

Pourtant, dans le même temps, ces chiffres «accroissent la probabilité que le seuil de 7% fixé par la BoE pour passer en mode de durcissement monétaire soit atteint dès l’année prochaine», selon CA CIB. Dans son rapport d’inflation de novembre, la banque centrale prévoit un taux de chômage à 7,5% fin mars 2014, et 7,3% à fin juin. Les 7% ne seraient pas atteints avant fin 2015.

Sans compter qu’«il existe quelques signes montrant que la force du marché du travail se transmet à la croissance des salaires», selon BNP Paribas. Le salaire hebdomadaire moyen hors bonus a progressé de 1% depuis le début de l’année, faisant craindre une remontée plus rapide que prévu de l’inflation.

De quoi faire bondir la livre hier de 0,9% contre dollar et de 0,8% contre euro, et même de 1,5% contre yen. Depuis juillet, la hausse atteint 10%, 4,2% et 14% contre ces trois devises. Or, les minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la BoE des 4 et 5 décembre, à l’issue de laquelle un nouveau statu quo a été observé, ont révélé une inquiétude croissante face à cette tendance. «Toute nouvelle appréciation substantielle de la livre sterling poserait des risques croissants à l’équilibre de la croissance de la demande et à la reprise économique.»

Dans ce contexte, la seule parade envisagée par CA CIB est que la BoE «corrige sa ‘forward guidance’ afin de conserver les anticipations de hausse de taux sous contrôle». Le taux 10 ans britannique gagnait 7 pb hier pour atteindre 2,92%, dépassant ainsi le 10 ans américain avant la réunion du FOMC, alors qu’ils étaient tous deux tombés à un plus bas de 1,62% début mai. Depuis, le Gilt a progressé de 130 pb, contre une hausse de seulement 67 pb pour le Bund allemand.

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