La baisse du rouble change la donne pour la banque centrale russe

Accentué par la crise en Ukraine, le recul de la devise conduit les économistes à relever les prévisions d’inflation et à anticiper un resserrement
Alexandre Garabedian

C’est l’un des dommages collatéraux de la crise en Ukraine. Déjà attaqué en janvier, le rouble a accusé au mois de février une baisse de 2,8% face au billet vert, cassant la semaine dernière le seuil des 36 contre dollar. Une glissade accentuée par l’attitude belliqueuse de Moscou devant le changement de régime de son voisin. La région de Crimée est passée ce week-end sous contrôle russe, plongeant l’Europe dans une crise géopolitique sans précédent depuis 20 ans.

Cet accès de faiblesse s’est aussi fait sentir sur les obligations en dollars du pays. Il peut mettre la pression sur une banque centrale qui a contribué au phénomène en janvier en diminuant ses interventions pour permettre le passage à un régime de changes flottants en 2015.

Les analystes de Morgan Stanley viennent ainsi de réviser leurs anticipations de taux: ils tablent désormais sur un relèvement d’un demi-point du taux directeur de la banque centrale russe (CBR) d’ici à juin pour lutter contre une hausse de l’inflation importée due à la faiblesse de la devise. Ceux de BoA Merrill, eux, ont abandonné toute idée de baisse des taux cette année, l’objectif d’une inflation à 5% cette année étant menacé. «A 36, la devise est près des niveaux où la CBR apportera son soutien, indiquent-ils. Celle-ci a des munitions en réserve, un resserrement de la liquidité et des ventes de dollars surviendraient avant une hausse de taux».

La Russie reste l’un des émergents les plus solides. «C’est l’un des crédits les plus sûrs à court et moyen terme, notent les économistes de la Société Générale. Le niveau de la dette extérieure reste contenu à 32% du PIB, bien en dessous de la moyenne des pays émergents à 51%. La force du pays est soutenue par un compte courant positif (autour de 3% du PIB) et d’énormes réserves de change».

Mais l’excédent de la balance courante reste très dépendant des prix du pétrole. Surtout, tant un défaut de l’Ukraine que le coût du sauvetage du pays feraient sentir leurs effets sur la Russie. Gazprom ainsi que les banques russes, notamment publiques, y ont des intérêts.

Dans une note publiée le 25 février, Fitch estime le montant de l’exposition des banques russes au risque ukrainien à 28 milliards de dollars: soit à travers leurs filiales locales, comme VTB ou VEB, soit par le biais de prêts directs comme celui consenti par Gazprombank à Naftogaz, soit pour financer l’acquisition par des intérêts russes d’actifs en Ukraine.

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