L'« affaire DSK » laisse la gouvernance du FMI en eaux troubles

John Lipsky, qui avait annoncé son départ il y a quelques jours, assurera la transition «pendant que le directeur général n’est pas à Washington»
Patrick Aussannaire

Sous le choc. A l’instar de la réaction des responsables internationaux à l’arrestation hier du directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, par la police new-yorkaise pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration, les instances de l’organisation accusent également le coup. Même si John Lipsky, premier directeur général délégué, assurera la transition «pendant que le directeur général n’est pas à Washington» et que Nemat Shafik, autre directeur général délégué, se rendra à sa place à la réunion de l’Eurogroupe programmé aujourd’hui à Bruxelles, le voile concernant l’avenir de la gouvernance de l’institution ne devrait pas être levé rapidement.

D’ailleurs, la réunion du conseil d’administration du FMI qui était prévue pour sceller le sort de son directeur général a été reportée dans l’attente d’un complément d’information sur l’enquête menée par la police de New York. Le FMI peut engager une procédure disciplinaire contre le directeur général en cas de «violations graves» du code de conduite des fonctionnaires de l’institution. Néanmoins, une décision disciplinaire trop hâtive à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn pourrait, dans le cas où ce dernier se verrait finalement blanchi, décrédibiliser l’institution l’incitant ainsi à jouer la prudence.

La situation est d’autant plus complexe qu’il y a quelques jours, John Lipsky avait annoncé «qu’il ne demanderait pas le renouvellement de son mandat lorsque celui-ci expirera ». Il avait néanmoins accepté de rester comme conseiller spécial du Fonds jusqu’au sommet du G20 prévu début novembre en France, pour «assurer la continuité». Une démission de Dominique Strauss-Kahn provoquerait une nouvelle élection anticipée alors qu’une réforme de la représentation des 187 pays membres du FMI le 3 mars dernier a permis un transfert de 6% des voix des pays surreprésentés au bénéfice des pays émergents.

Sous la direction de Dominique Strauss-Kahn, le rôle du FMI s’était considérablement accru, les prêts d’urgence accordés étant passés de 1,1 milliard en 2007 à 91,7 milliards de dollars en 2010. Et l’Europe pâtit déjà de cette affaire, la monnaie unique est tombée à 1,4063 contre dollar, son plus bas niveau depuis six semaines. Les investisseurs craignent que la nouvelle tête du FMI ne défende d’une manière aussi forte le soutien aux pays périphériques de la zone euro face aux réticences de l’Allemagne.

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