
Guillaume Lucchini : Dans les coulisses du patrimoine

A 31 ans, Guillaume Lucchini est un CGP comblé ! Son cabinet, Scala Patrimoine, fondé il y a un peu moins de deux ans, conseille déjà 15 millions d’euros d’encours. Et il peut en outre compter sur son Trophée de la Gestion de Patrimoine gagné en 2014, et deux tableaux du street-artiste américain Shepard Fairey (Obey), accrochés au mur pour mieux accueillir une clientèle avec laquelle il souhaite partager sa passion pour l’art. Pas de doute, pour lui, il exerce « le plus beau métier du monde ».
L’art a jusqu’ici jalonné la vie de Guillaume. Pianiste depuis ses cinq ans, pas une seule journée ne se passe sans qu’il ne déchiffre une partition. Il louât même, durant toutes ses années étudiantes, un piano pour interpréter les œuvres de romantiques comme Chopin ou Beethoven, ses compositeurs préférés. « Quand je rentre du travail, je m’installe 10 minutes, cela suffit pour m’évader et évacuer pas mal de choses », ajoute-t-il.
Pour conclure ses années de Droit, effectuées d’abord à la faculté de Caen puis à celle d’Aix-Marseille, Guillaume choisit de faire parler le cœur et l’esprit. Il opte pour un master mixant fiscalité et propriété intellectuelle, garantissant ainsi un métier, forcément passionnant. Ses stages se déroulent, sans surprise, dans des cabinets d’avocats. Il intègre ainsi en fin de cursus un cabinet anglo-saxon pour travailler la défense du designer Mattia Bonetti contre Ricard, pour utilisation abusive de créations destinées à des séries limitées, dont notamment le fameux soleil stylisé.
Cette expérience réussie lui ouvre les portes du monde de l’art parisien. Sur recommandation, il organise tout d’abord une vente aux enchères d’art primitif chez Tajan, célèbre maison de vente aux enchères en France. Puis, on lui propose de gérer, aux côtés d’un attaché de presse, les carrières d’artistes français et les intérêts d’artistes internationaux de passage en France. Dans son portefeuille, on retrouve alors le danseur Benjamin Millepied, l’humoriste Jeremy Ferrari, le chanteur de soul Percy Sledge le temps d’un concert à l’Olympia, mais aussi Liza Minneli et Jerry Lee Lewis. « Mon travail portait autant sur la gestion de la carrière que sur les aspects fiscaux et patrimoniaux », précise Guillaume.
Fort de cette dernière expérience, il pénètre en 2009 le milieu de la gestion privée avec un joli carnet d’adresses et un savoir-faire pour parler « patrimoine » avec les artistes. « Si vous présentez quelqu’un sorti de Dauphine pour le conseiller, un artiste ne l'écoutera pas, explique Guillaume. Ils font plutôt confiance à leur entourage et fonctionnent au bouche-à-oreille. Si vous avez un pied dans le milieu artistique, il vous sera plus facile de convaincre et d’accompagner ce type de clientèle ». Deux ans plus tard, il est approché par Patrick Petitjean, alors PDG de Primonial, pour devenir consultant externe auprès de Sportinvest, filiale dédiée aux sportifs de haut niveau. Il élargit ainsi un peu plus son expertise des enjeux patrimoniaux liés aux carrières courtes, mais l’aspect salarié de son poste et l’absence de travail de développement représentent alors des obstacles à son épanouissement.
Il décide donc, fin 2013, de « prendre son envol ». Le nom de son cabinet, Scala Patrimoine, est, pour cette âme d’artiste, plein de sens. C’est la Scala de Milan, mais cela veut aussi dire « étape » en italien. Son logo représente, de manière stylisée, le cœur d’orchestre, le premier balcon et le deuxième balcon d’une salle de concert. On ne s'étonne pas, alors, que les artistes représentent 20 % de sa clientèle. Cependant, que l’on ne s’y trompe pas, l’art est avant tout pour lui un outil d'échange et de partage avec ses clients. Les 80 % restant sont des chefs d’entreprise et des libéraux, et nombreux sont ceux qui le surprennent. Guillaume prend en exemple cet ingénieur, passionné de street-art, et impressionné par les deux tableaux Obey qui ornent le mur de gauche de son bureau. Le rendez-vous a, ce jour-là, un petit peu digressé sur l’art. « L’intuitu personae, c’est ça qui est génial dans notre métier », s'émerveille-t-il.
Ce serait pourtant trop simple de réduire Guillaume à sa sensibilité artistique. Il possède en effet une autre corde à son arc, ou plutôt à sa raquette. Le tennis est, à côté du piano, son autre grande passion qui le suit depuis l’enfance. Il continue de jouer chaque mercredi entre 22 heures et minuit, seul créneau horaire disponible pour ce CGP qui veut rester très disponible. « Tous mes clients ont mon numéro de portable », lance-t-il. Il s’est également mis au squash, qu’il pratique à l’heure du déjeuner avec un membre de son «carré d’experts » Franck Magne, spécialiste des produits structurés, au club du Jeu de Paume de Paris. Décidément très actif, il aime aussi fouler les greens le week-end, avec un handicap inférieur à 12. « Le golf est le sport le plus compliqué que j’ai pratiqué, confie Guillaume.
Du swing au putt, chaque mouvement est différent et cela demande une coordination parfaite. Il faut être concentré du début à la fin, sous peine de gâcher une belle carte de score sur un coup ». A n’en pas douter, il sait aussi parler aux sportifs. Il propose d’ailleurs à ses clients footballeurs ou passionnés une loge au Parc des Princes. Le récent titre de champion de France du PSG est donc pour lui une bonne nouvelle en tant que supporteur, mais aussi en tant que dirigeant d’entreprise. Allez, Guillaume, avouez, Zlatan fait partie de vos clients ?
Jean-Loup Thiébaut
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Après Nantes, Rennes, Grigny ou Saint-Denis dans la matinée, les mairies écologistes de Besançon et Lyon ont hissé à leur tour le drapeau palestinien sur le fronton de l’hôtel de ville. «Cette reconnaissance de l’Etat palestinien n’est pas une offense faite à Israël (...). L’absence d'État est un terreau fertile pour tous les groupes terroristes, de Daech au Hamas», a estimé le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet, cité dans un communiqué. A Tours, le pavoisement était prévu en début de soirée. «Reconnaître l'État de Palestine (...) c’est rappeler que nulle conquête territoriale par la force ne peut être légitimée et qu’aucune paix durable ne saurait naître sans justice et réciprocité», a déclaré le maire écologiste Emmanuel Denis. A Paris, une dizaine d'élus dont David Belliard, candidat écologiste à la mairie de Paris en 2026, ont déployé le drapeau palestinien depuis une fenêtre de l’hôtel de ville peu après 18H00, contre l’avis de la maire PS Anne Hidalgo. La mairie n’a pas souhaité faire de commentaire. Dimanche, l'édile socialiste avait préféré projeter les drapeaux palestinien et israélien côte à côte sur la tour Eiffel, décision qualifiée lundi de «consternante de stupidité» par le fondateur de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Dans la matinée, les élus de Saint-Denis, première ville de Seine-Saint-Denis, avaient convié la presse pour ériger le drapeau palestinien sur l’hôtel de ville, aux côtés des drapeaux français et européen. «Depuis des années je me bats pour l'émergence d’une solution à deux Etats comme seule solution durable pour espérer une paix au Proche-Orient», avait déclaré le maire PS Mathieu Hanotin. «Arrêtez le feu» A ses côtés, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, à l’origine de l’idée de pavoiser les mairies, a relevé que le drapeau palestinien «n’est pas le drapeau du Hamas». En Seine-Saint-Denis, une douzaine de communes ont érigé lundi le drapeau au triangle rouge et aux bandes horizontales noire, blanche et verte, a précisé à l’AFP le préfet du département, qui a écrit aux maires réfractaires sans pour l’instant saisir la justice. Les conseils départementaux du Lot et de la Gironde ont imité les communes, tandis que la maire écologiste de Poitiers le fera mardi. A Malakoff, la maire communiste qui avait apposé la bannière de la Palestine dès vendredi, restée depuis sur le fronton de l’Hôtel de ville malgré l’injonction du tribunal administratif de Cergy-Pontoise de le déposer, s’est vu infliger lundi une astreinte de 150 euros par jour de retard. Elle a annoncé faire appel devant le Conseil d’Etat. A Corbeil-Essonnes, ville jumelée avec Jérusalem-Est, le maire DVG Bruno Piriou avait hissé le drapeau palestinien depuis plusieurs mois et souhaitait distribuer 1.000 drapeaux palestiniens. Deux décisions suspendues par la justice administrative, de même que pour la petite ville de Montataire (Oise). De plus petites villes comme Carhaix (Finistère), Dives-sur-Mer (Calvados) ou Grabels, près de Montpellier, ont emboîté le pas aux grandes. «En mettant ce drapeau, nous disons +arrêtez le feu, arrêtez le génocide+", a déclaré à l’AFP le maire LFI de Grabels, René Revol. A Marseille, le maire DVG Benoît Payan a lui refusé de hisser le drapeau palestinien, préférant annoncer le jumelage de sa ville avec Bethléem, située en Cisjordanie occupée. Ce n’est pas la première fois que le pavoisement des mairies fait polémique. Au décès du pape François, la demande du gouvernement de mettre en berne le drapeau français avait été jugée contraire au principe de laïcité par certains maires. Selon Jean-Paul Markus, professeur de droit public à l’Université Paris-Saclay, "à chaque fois que les tribunaux ont validé les drapeaux, c'était parce qu’il y avait un mouvement national de solidarité», comme par exemple le drapeau israélien après le 7-octobre ou le drapeau ukrainien. Pour Serge Slama, professeur de droit public à l’Université de Grenoble-Alpes, «un maire ne peut pas, à travers un drapeau, exprimer une opinion politique religieuse ou philosophique». «Mais», poursuit-il, «ériger un drapeau parce que le chef de l'État reconnaît la Palestine comme État ne me semble pas manquer au devoir de neutralité, parce que c’est la position officielle de la France ce jour-là». Madeleine DE BLIC © Agence France-Presse -
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