Bruxelles jette les bases d’un compromis avec la Grèce

La Commission européenne tente de rapprocher les points de vue, mais son président Jean-Claude Juncker ne prévoit pas d’accord avant fin mai.
Alexandre Garabedian

Athènes et ses créanciers ne sont d’accord sur rien… pas même sur la date d’un possible accord. Alors que les dirigeants grecs, Yanis Varoufakis et Alexis Tsipras, promettaient lundi un compromis avec leurs partenaires européens pour la fin de la semaine, ils ont été démentis hier par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. Celui-ci a écarté que le sommet des chefs d’Etat de jeudi et vendredi à Riga puisse être conclusif, évoquant plutôt la perspective de fin mai ou début juin.

Jean-Claude Juncker, qui dit s’impliquer «personnellement» dans les discussions, est malgré tout à la manœuvre. La Commission aurait bâti un projet de compromis dont les grandes lignes ont fuité dans la presse. Il prévoit que seuls les Européens, hors FMI, bouclent le deuxième plan d’aide à la Grèce, l’élaboration d’un troisième plan étant renvoyée à l’automne en même temps que les sujets les plus polémiques, comme la réforme des retraites et du marché du travail. Dans ce schéma, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) débourserait en juin la tranche finale de 1,8 milliard d’euros promise à Athènes, qui obtiendrait aussi 1,9 milliard de profits réalisés par la BCE en 2014 sur les emprunts d’Etat grecs qu’elle détient.

Le projet de la Commission prévoirait aussi d’abaisser les objectifs d’excédent budgétaire primaire du pays, à 0,75% du PIB cette année puis 2% en 2016 et 3,5% les deux suivantes. Athènes plaide pour un objectif de 1,5%, tandis que le FMI a souligné qu’un moindre excédent primaire rendrait nécessaire un allègement de la dette. En contrepartie, le gouvernement grec devrait adopter 5 milliards d’euros de mesures d’économies d’ici à fin 2016 pour compenser son dérapage budgétaire, dont une hausse de la TVA après l’été, et la pérennisation de l’impopulaire taxe foncière (Enfia) et de la taxe dite de «solidarité».

«Ce compromis repose aussi sur le relèvement par la BCE du plafond d’émission de bons du Trésor pour permettre à la Grèce de faire face aux 6,7 milliards d’euros de tombées obligataires en juillet/août au profit de l’Eurosystème», notent les stratégistes de RBS. Pour ces derniers, la proposition de Bruxelles pourrait convaincre Athènes, «mais ne serait pas considérée à Berlin comme suffisamment dure».

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