Bruxelles exhorte l’Espagne à garantir la discipline budgétaire de ses régions

La Commission demande à Madrid une application stricte des mécanismes de contrôle des déficits face au risque de dérapage des gouvernements régionaux
Alexandre Garabedian

Bruxelles met en garde l’Espagne contre un dérapage de ses régions. La Commission européenne a émis hier ses recommandations sur la trajectoire budgétaire à 2014 des Vingt-Sept, dans le cadre de la nouvelle procédure de «semestre européen» qui vise à une meilleure convergence des politiques des Etats membres de l’Union. S’agissant de Madrid, elle relève deux risques. D’une part, un scénario macroéconomique «trop favorable» pour les budgets 2011 et 2012 – un reproche également fait à Paris. D’autre part, «le respect des objectifs budgétaires au niveau régional».

La Commission recommande ainsi «une application stricte des mécanismes de contrôle des déficits et de la dette des gouvernements régionaux» par l’administration centrale. Elle voit aussi d’un bon œil la mise en place d’une règle d’or qui plafonnerait, à tous les niveaux, la progression des dépenses à la croissance nominale du PIB à moyen terme.

Madrid a fixé à ses «Autonomias» un objectif de déficit de 1,3% de leur PIB en 2011, net des transferts avec l’administration centrale, contre 2,8% en 2010. Au premier trimestre 2011, l’exécution budgétaire des régions fait apparaître un déficit de 0,46%. Mais le risque de dérapage est réel alors que l’Etat central, lui, tient ses objectifs de rigueur.

La Catalogne, qui a changé de gouvernement en novembre et pèse 18,6% du PIB espagnol, a déjà annoncé qu’elle ne ramènerait son déficit qu’à 2,7% cette année. Raison invoquée: la majorité sortante aurait sous-estimé de 60% le déficit 2010. Grand vainqueur des élections régionales du 22 mai, le Parti populaire a repris l’argument comptable dans d’autres régions, comme en Castille. «Si toutes les régions budgétairement fragiles (un déficit supérieur à 3% du PIB régional en 2010) décidaient d’imiter la Catalogne et de ne réduire leur déficit que de 30% au lieu de viser les 1,3% du PIB, l’impact sur le déficit général du gouvernement cette année serait de 0,6%», calcule Gilles Moëc, l’économiste de Deutsche Bank.

Moody’s a jugé lundi que la rébellion catalane constitue un élément «négatif» pour le crédit de l’Espagne. Pour l’agence, «l’attitude de la Catalogne montre que le gouvernement central n’a pas d’outils efficaces pour imposer la discipline budgétaire à l’échelon régional». Madrid peut certes, en dernier ressort, interdire à une région d’émettre de la dette sur le marché au-delà d’un plafond. Mais l’arme est politiquement délicate à manier.

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