Berlin reste maître du calendrier européen

La proximité des élections allemandes contraint les Vingt-Sept à repousser les débats de fond
Florence Autret, à Bruxelles
Illustration: PHB
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Le plan pour la croissance décidé il y a un an et les mesures pour l’emploi des jeunes se mettent en place lentement dans un climat de méfiance sur les montants débloqués pour résoudre la crise européenne. Quant au mécanisme européen de résolution, il faudra attendre la proposition de la Commission, attendue le 9 juillet avant que la discussion ne s’engage… à l’automne. Tout comme pour l’approfondissement de l’Union économique et monétaire. En attendant, Berlin accroît la pression sur les réformes structurelles jugées prioritaires.

L’accord à l’arraché obtenu ce matin entre institutions au sujet du budget de l’Union européenne après 2014 a rendu un peu de crédibilité au «plan pour l’emploi des jeunes» proposé par Berlin et Paris. Les 6 milliards destinés à financier une «garantie» d’emploi ou de formation pour les jeunes de moins de 25 ans après la fin de leurs études ou une perte d’emploi doivent en effet être déboursés en 2014 et 2015. Par ailleurs, la Banque européenne d’investissement est appelée à augmenter ses engagements de «50%» entre 2013 et 2015, selon un projet de conclusion qui sera finalisé vendredi, notamment en garantissant les prêts des banques aux PME. Toutefois, sur les 60 milliards d’euros que devait débloquer la BEI dans le cadre du pacte de croissance annoncé il y a un an ont été débloqués. Environ 5 milliards dans le cadre des «project bonds».

Pour Berlin, les réformes du marché du travail et l’amélioration des systèmes de formation restent le «premier pilier» du pacte pour la croissance et l’emploi annoncé il y a un an, avant l’utilisation des instruments financiers européens dont on se défie. Le sommet organisé à Berlin le 3 juillet à l’initiative d’Ursula von den Leyen, la ministre fédérale du travail, se lit comme la reprise en main par Berlin d’une coordination des politiques que Bruxelles est incapable d’initier.

Après l’accord sur le bail-in, un laborieux débat s’annonce sur l’attribution des pouvoirs de résolution bancaire. Berlin n’a pas souhaité l’ouvrir dès ce sommet, laissant l’initiative au président de la Commission José Manuel Barroso et à son commissaire en charge des services financiers Michel Barnier. La Commission aimerait ancrer le futur mécanisme européen dans un cadre communautaire, en dotant la première de capacités comparables à celles dont elle dispose en matière de concurrence. Berlin penche pour une solution intergouvernementale, dans le cadre du Mécanisme européen de stabilité où les ministres des finances ont la main. L’objectif reste toutefois de finaliser un accord avant les élections européennes de mai 2014. Par ailleurs, les propositions de réforme de l’union économique et monétaire ne seront débattues qu’à l’automne.

Le décalage entre l’Allemagne et les autres membres de la zone euro, appelés à redresser leurs comptes, n’a jamais été aussi saisissant. Le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble a présenté mercredi des prévisions budgétaires d’un optimisme à faire pâlir ses homologues. Berlin table sur une diminution nette de sa dette à partir de 2015, et une baisse des cotisations de retraite pour cause d’excédents, pendant que sociaux-démocrates et chrétiens-démocrates surenchérissent de propositions pour augmenter les prestations sociales en vue des élections du 22 septembre.

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