
Mangrove veut révolutionner le courtage dans la finance décentralisée

Après une première levée de fonds en amorçage de 2,7 millions de dollars en 2021, le Français Mangrove a récidivé en annonçant le 28 février avoir bouclé cette fois une série A de 7,4 millions de dollars menée par Cumberland et Greenfield Capital.
Créé par des chercheurs français en 2021, ce protocole de finance décentralisée (DeFi) porte la promesse de développer un outil technologique permettant aux courtiers crypto d’élaborer des stratégies significativement plus complexes que celles existant actuellement pour améliorer la circulation des liquidités. Un enjeu majeur pour permettre à ce système financier alternatif dont l’infrastructure s’appuie sur la technologie des blockchains publiques comme Ethereum, de multiplier les passerelles avec le monde traditionnel.
Actuellement, la DeFi est essentiellement utilisée à des fins spéculatives avec un fonctionnement en vase clos. Ses poids lourds ambitionnent à terme d’y fournir les mêmes services financiers que le système traditionnel mais de manière plus optimisée, moins coûteuse, avec une transparence accrue en favorisant une meilleure inclusion financière en supprimant de nombreux intermédiaires. Des promesses qui poussent de nombreux institutionnels du monde financier traditionnel à s’y intéresser de plus en plus.
A lire aussi: La finance décentralisée reste dépendante des emprunteurs
Affiner les stratégies des courtiers crypto
La DeFi repose en grande partie sur les protocoles de prêts ou d’emprunts comme Aave, Curve ou encore Compound. Le principe de leur fonctionnement est souvent le même. Il consiste à créer une sorte de pot de liquidités géant de cryptoactifs via lequel des prêteurs et des emprunteurs vont se rencontrer. Ce système présente l’intérêt de pouvoir emprunter à n’importe quel moment et quasiment en un clic, sans attendre l’autorisation d’une institution financière. «Mais leur fonctionnement est encore largement primitif» du propre aveu de Paul Frambot, PDG de Morpho dont l’entreprise a levé 18 millions d’euros en juillet 2022 et qui ambitionne d’optimiser les taux d’intérêts entre protocole DeFi.
Ces derniers mois ont mis en lumière les freins importants pour la circulation des liquidités dans la DeFi. Tout d’abord, il est encore assez complexe de mettre en relation les protocoles entre eux. Ensuite, l’incitation à utiliser ces protocoles est trop dépendante de l’affluence des emprunteurs.
Dans ce contexte, Mangrove va notamment agir comme une sorte de seconde couche pour permettre aux acteurs cryptos de trouver le meilleur chemin vers la liquidité parmi tous les protocoles de prêts et d’emprunts via ses smart contracts, ces programmes informatiques paramétrables qui permettent des transactions complexes via un système blockchain.
Déployé en version test via le réseau Polygon, une sorte de blockchain secondaire rattachée à Ethereum, Mangrove sera accessible sans restriction d’accès à n’importe quel utilisateur désireux de proposer ses propres smart contracts. «Ce que l’on espère, c’est créer un Momentum autour de cette idée pour que les utilisateurs laissent libre cours à leur créativité en proposant n’importe quel type de smart contracts sur Mangrove», ambitionne Jean Krivine, cofondateur et responsable technique chez Mangrove. Le projet prévoit de se doter d’une organisation autonome décentralisée (DAO) via laquelle les détenteurs d’un cryptoactif de gouvernance pourront décider de la stratégie et des changements à apporter au projet.
Favoriser l’innovation
Jusqu’ici, les protocoles ont plutôt axé leurs stratégies de développement en cherchant à attirer les emprunteurs, au détriment des acteurs proposant des smart contracts, et donc par voie de conséquence de l’innovation à cause du fonctionnement de la blockchain Ethereum.
Sur cette blockchain, les transactions des utilisateurs vont être inscrites dans des blocs qui ont tous une taille limitée. La complexité des smart contracts augmentant, les opérations pour les créer sur le réseau sont de plus en plus lourdes et nécessitent donc de payer des frais de transactions de plus en plus élevés par leurs créateurs, ce qui a notamment participé à «brider l’inventivité de la DeFi et empêcher de nombreux projets de se lancer», regrette le cofondateur de Mangrove dont le système promet de moins faire peser la responsabilité des frais de transactions aux créateurs de smart contracts.
Le coût des frais de transactions est un problème récurrent sur Ethereum, qui fonctionne au plus offrant. Ainsi, ils augmentent proportionnellement au nombre d’utilisateurs voulant effectuer des opérations sur le réseau au même moment. Ce fonctionnement est en quelque sorte un mal nécessaire. Il permet d’éviter à des acteurs malveillants de saturer le réseau en multipliant volontairement les transactions pour le bloquer. Un type d’attaque dont a été régulièrement victime la blockchain Solana.
Le développement des layer 2, sortes de blockchains secondaires à Ethereum, doit prochainement permettre de drastiquement réduire ce problème.
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