
Les régulateurs voient dans les crypto un vecteur de fragmentation financière

Peut-on laisser s’ajouter la fragmentation financière à la fragmentation géopolitique exacerbée par la guerre en Ukraine ? La question a fait phosphorer les gouverneurs de banque centrale des pays du G20 réunis la semaine dernière à Washington. Et elle a motivé les nouveaux appels à la régulation de l’écosystème crypto, lancés ces derniers jours par Fabio Panetta, qui pilote le projet d’euro digital de la Banque centrale européenne, et François Villeroy de Galhau.
« Les cryptoactifs non régulés sont une mauvaise réponse à un vrai défi, a déclaré mardi le gouverneur de la Banque de France lors d’une conférence virtuelle organisée par le Financial Times. Si nous ne régulons pas, nous aurons une fragmentation des paiements ». Alors que Fabio Panetta a employé lundi des mots très durs, comparant les crypto-actifs à une pyramide de Ponzi et aux subprimes, François Villeroy de Galhau préfère l’image d’un Moyen-Age financier, période durant laquelle coexistaient une multitude de monnaies locales.
A ceux qui craignent que l’Europe ne se laisse distancer dans cette industrie naissante, il peut opposer la convergence de vues des régulateurs mondiaux. « Nous sommes très proches, au G20, sur ce sujet », fait-il valoir.
Les autorités doivent selon lui exercer leur vigilance dans trois domaines. D’abord, les cryptoactifs en tant que tels, et notamment les stablecoins, adossées à des paniers de devises traditionnelles : c’est tout l’enjeu de la réglementation MiCA, en cours de négociation dans l’Union européenne. Ensuite, les plateformes telles que Binance ou Coinhouse, sans lesquelles la finance décentralisée (DeFi) ne pourrait fonctionner. « Les quatre ou cinq plus grandes plateformes ont des parts de marché supérieures à 50% », pointe François Villeroy de Galhau. Enfin, la transparence des transactions, pour lutter contre l’argent sale et les flux financiers frauduleux. L’Europe est en train d’adapter les recommandations du Groupe d’action financière avec son projet de réglementation TFR (transfer of funds regulation), qui impose d’identifier le donneur d’ordre et le bénéficiaire d’une transaction crypto. Non sans susciter les critiques de l’écosystème.
Réguler oui, mais sans tuer l’innovation, insiste François Villeroy de Galhau. « Si elles ne sont pas régulées, les stablecoins n’auront qu’un avenir limité », conclut-il.
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