Pour la BCE, l’euro digital se distingue des initiatives privées

Fabio Panetta a tenu un discours très critique sur les cryptomonnaies et stablecoins.
Pauline Armandet
Fabio Panetta, membre exécutif de la BCE et Christine Lagarde, présidente de la BCE.
Fabio Panetta, membre exécutif de la BCE et Christine Lagarde, présidente de la BCE.  -  Crédit European Union

Le projet d’euro numérique n’a rien à voir avec les initiatives privées type cryptomonnaies et stablecoins, a déclaré vendredi à Rome Fabio Panetta, membre exécutif de la BCE, lors d’une conférence sur la monnaie à l'ère numérique. Alors que l’Eurosystème se penche depuis plusieurs mois sur un projet d’euro numérique, son émission «aurait des conséquences importantes», précise le banquier central, notamment sur le système monétaire, la géopolitique ou en matière de droit à la vie privée.

Fabio Panetta en a profité pour présenter les contours du projet de la BCE. Un euro digital pourrait pourrait être utilisé par les ménages et les entreprises, bien que l’objectif du projet ne soit pas «d’entrer sur le marché des paiements de détail». Cette monnaie pourrait notamment offrir aux citoyens «un accès plus complet et plus facile aux paiements électroniques, favorisant ainsi l’inclusion financière». Enfin, le projet serait «exempt de tout risque» tels que les risques de marché, de crédit ou de liquidité puisqu’il émanerait de la BCE.

Le banquier central a tenu, sans surprise, un discours très critique vis-à-vis des cryptomonnaies. Il considère que le projet d’euro digital n’a «rien à voir» avec les cryptoactifs, tels que le bitcoin. Pour lui, rien n’indique que les cryptos ont «rempli, ou remplissent, des fonctions socialement ou économiquement utiles». Il a aussi émis des réserves sur la stabilité financière, leur aspect polluant, leur utilisation pour des activités illicites ou encore le risque posé aux les investisseurs. Début décembre, la BCE a déclaré qu’elle entendait élargir sa supervision aux wallets et aux cryptomonnaies.

«Il est difficile de voir une justification à l’existence des crypto-actifs dans le paysage financier», assène Fabio Panetta. Le projet d’euro digital se distingue également des stablecoins, dont la valeur est liée à un panier d’actifs: «en l’absence d’une réglementation appropriée et rigoureuse, elles sont, elles aussi, inaptes à remplir les fonctions de l’argent.» Il y a quelques mois, la BCE avait averti que tout dysfonctionnement des stablecoins pourrait constituer un risque pour la stabilité financière.

Pour autant, un euro digital ne pourra pas se construire indépendamment des autres systèmes en place. Il «fournira aux intermédiaires une infrastructure réglementaire capable de connecter des systèmes actuellement séparés», comme les systèmes de paiement de détail ou encore la signature numérique.

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