
Les fintech françaises jouent dans la cour des grands

En 2020, les fintech françaises, dont Qonto ou encore Lydia ont réalisé des levées de fonds records, laissant présager de belles perspectives pour l’année à venir. En 2021, «on devrait assister à l’accélération de nos champions, dorénavant bien identifiés internationalement, et à un début de consolidation du secteur», déclare à L’Agefi Alain Clot, président de France Fintech, une association qui regroupe toutes les fintech françaises.
Les valorisations des acteurs de série A, B, C, ont ainsi commencé à «converger» vers les valorisations européennes des meilleures sociétés, avance ce dernier. A ce jour, la britannique Revolut et l’allemande N26 sont respectivement valorisées 5,5 milliards de dollars et 3,5 milliards de dollars. En France, «nous n’avons pas encore un N26 ou un Revolut, mais nous avons une bonne douzaine d’acteurs avec un fort potentiel. Est-ce que nous sommes en train de voir émerger des acteurs plus globaux, de type ‘Super App’? A l’évidence, la plupart des acteurs importants sont en train de se diversifier avec succès», considère Alain Clot.
Jusqu’à présent, les investisseurs «rêvaient» de BtoC (business to consumer) mais ne finançaient presque que du BtoB (business to business), au sens de fournisseurs des banques. Désormais, de plus en plus d’acteurs BtoC, au sens de fournisseur du client final, du particulier à l’entreprise, développent des modèles de BtoC à l’instar de Lydia ou encore de Younited Credit, ajoute-t-il.
Des tickets de plus de 100 millions
Par ailleurs, malgré la pandémie, les fintech françaises ont fait preuve de résilience : elles ont levé 828,2 millions d’euros en 63 opérations en 2020, soit une progression de 18,5% par rapport à 2019, révèle France Fintech. «Quand on regarde toutes les opérations, on observe une réelle progression qualitative: composante ‘investissement’ de l’objet du financement, accroissement marqué du ticket moyen (de 13,1 millions d’euros soit +21%), venue d’investisseurs de classe mondiale, etc. Par ailleurs, on peut désormais lever des tickets de plus de 100 millions en France», souligne Alain Clot.
L’année 2020 aura également vu l’émergence de deux principaux modèles. Le secteur des insurtech a ainsi connu la plus forte croissance, avec 21% des levées, soit 5 points de plus qu’en 2019. L’assurance est «rentrée plus tard dans le monde de l’application numérique que la banque. Quand on démarre plus tard, on monte souvent plus fort. Les utilisateurs ont par ailleurs pu bénéficier de nouvelles dispositions, leur permettant plus de libertés, comme le fait de pouvoir changer de fournisseur en cours d’année, de profiter de la transférabilité des contrats, etc. Le potentiel est dans ce domaine très important», estime Alain Clot. Les services de paiement (15,3% des levées) et de néo-banque (31%) se sont également renforcés.
L’année 2021 devrait voir certains services accélérer, des insurtech aux modèles à impact. De même, le secteur de la gestion d’actifs s’intéresse de plus en plus aux fintech. Par ailleurs, la tech rentre beaucoup plus dans les modèles. «Ces dernières années, le moteur principal des modèles alternatifs était bien moins la tech que l’usage ou l’expérience utilisateur. Désormais l’intelligence artificielle a un impact fort sur la plupart des briques des modèles et notamment l’interaction avec le client, le conseil, l’analyse et la gestion des risques et l’efficacité opérationnelle», explique le président de France Fintech.
Finalement, «nos problématiques sont de plus en plus des sujets de maturité et c’est une bonne chose. Bien sûr, l’exercice de prévision en plein deuxième déconfinement est périlleux, d’autant que les services financiers sont fortement corrélés à l’économie dans son ensemble. Mais il y a toutes sortes de raisons de penser que 2021 pourrait être, en prolongement des dernières années, un nouvelle étape d’accélération des levées et plus globalement de l’écosystème des fintech françaises», conclut ce dernier.
Plus d'articles du même thème
-
L’expert-comptable se veut fidèle compagnon de la réforme de la facturation électronique
Le Conseil national de l'Ordre de la profession vient de publier un guide « Bien choisir sa plateforme agréée » afin de donner les clés d'un choix éclairé sur le sujet. -
La BCE maintient ses taux par souci d’équilibre
Au-delà de cette nouvelle attendue, la question du Conseil des gouverneurs était de savoir si la BCE a terminé son cycle d’assouplissement ou si elle prolonge seulement la pause initiée en juillet avec l’atteinte du taux neutre théorique. Les projections économiques présentées jeudi font plutôt pencher pour la deuxième option. -
Le secteur européen de la construction peine à rebondir
L’activité a touché un point bas il y a un an tandis que les enquêtes de confiance se redressent, mais la reprise reste faible et les perspectives moroses, malgré l’espoir placé dans le plan de relance allemand.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- La perspective d'une rotation d'actifs chez Safran satisfait les investisseurs
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street bat des records, portée par l’espoir d’un assouplissement des taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a touché des sommets en clôture jeudi, alors que des nouveaux indicateurs économiques sont venus conforter les attentes des investisseurs quant à un assouplissement monétaire de la Fed. Les trois indices vedettes de Wall Street ont terminé sur de nouveaux records: le Dow Jones a gagné 1,36% à 46.108,00 points, l’indice Nasdaq a progressé de 0,72% à 22.043,07 points et l’indice élargi S&P 500 a avancé de 0,85% à 6.587,47 points. Nasdaq © Agence France-Presse -
Cuba : fin du black-out, l’électricité est revenue après la cinquième panne en un an
La Havane - Le courant a été rétabli à Cuba, a annoncé jeudi le ministère de l’Energie et des mines, au lendemain d’une coupure générale, la cinquième en moins d’un an. «Le réseau électrique national est désormais rétabli», a fait savoir le ministère sur le réseau social X. En début de matinée, la compagnie nationale d'électricité avait annoncé que le courant était à nouveau disponible dans 11 provinces sur 15. Dans la capitale, la circulation et les activités ont repris quasiment normalement, a constaté l’AFP. «Le courant est revenu à 3h30 (7h30 GMT) du matin. Nous nous en sommes aperçus parce que nous avions laissé toutes les lumières allumées pour le savoir», a raconté à l’AFP Maria Beltran, 58 ans, qui vit dans un quartier populaire de l’ouest de La Havane. «Hier, ce n’a pas été facile. Nous sommes restés chez nous (...) assis dans un fauteuil toute la journée», a-t-elle ajouté, alors que ces coupures générales paralysent la vie économique de l'île et chamboulent la vie quotidienne des habitants. Mercredi matin, un arrêt de la centrale électrique Antonio Guiteras, la plus importante du pays, située au centre de l'île, a provoqué la déconnexion du système électrique sur l’ensemble du pays. Les autorités ont précisé par la suite que la coupure était due à un signal erroné de surchauffe dans la chaudière de la centrale. Depuis octobre 2024, l'île communiste a ainsi subi cinq pannes généralisées, dont certaines ont duré plusieurs jours. Cette dernière coupure a duré un peu plus de 24 heures. Cuba est en proie depuis cinq ans à une profonde crise économique, avec un manque cruel de devises, et le système électrique vétuste souffre d’avaries fréquentes et de pénuries de combustible. Les huit centrales électriques du pays ont presque toutes été inaugurées dans les années 1980 et 1990. Elles tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de longues semaines de maintenance. L’installation récente de trente parcs photovoltaïques, soutenue par la Chine, sur les 52 prévus pour cette année, n’a pas permis pour l’heure de faire diminuer les coupures. Pendant les fortes chaleurs l'été, lorsque la consommation atteint des pics à cause de l’utilisation de la climatisation, les délestages se sont multipliés. Selon les autorités, ces coupures programmées ont duré en moyenne près de quinze heures par jour en août et seize heures en juillet, dans tout le pays. Cuba traverse sa pire crise économique depuis trois décennies. Aux faiblesses structurelles de son économie planifiée et centralisée s’ajoutent l'échec d’une réforme monétaire récente et un renforcement de l’embargo américain, en vigueur depuis 1962. © Agence France-Presse -
Au Brésil, le procès Bolsonaro entre dans sa phase décisive
Brasilia - Le procès historique contre Jair Bolsonaro est entré jeudi dans sa phase décisive: les deux derniers juges doivent décider si l’ex-président brésilien d’extrême droite, soutenu par le dirigeant américain Donald Trump, doit être condamné pour tentative de coup d’Etat. Avec un score de 2 à 1, il manque seulement une voix à la Cour suprême pour former la majorité requise pour condamner l’ancien chef de l’État (2019-2022), qui à 70 ans risque jusqu'à 43 ans de prison. Accusé d’avoir été le chef d’une «organisation criminelle» ayant conspiré pour assurer son «maintien autoritaire au pouvoir» malgré sa défaite face au président actuel de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de l'élection de 2022, Jair Bolsonaro clame son innocence. Seule femme de la Cour suprême, la juge Carmen Lucia a pris la parole jeudi après-midi pour livrer l’argumentation de son vote. «La loi doit être appliquée de la même façon pour tous», a-t-elle dit en soulignant l’importance du procès pour le Brésil. Son collègue Cristiano Zanin, ancien avocat de Lula, votera en dernier. Le jugement et une éventuelle peine sont attendus dans la foulée, ou vendredi. Inéligible jusqu’en 2030 et assigné à résidence à Brasilia depuis début août pour des soupçons d’entrave à son procès, M. Bolsonaro n’est pas présent aux audiences, pour motif de santé selon sa défense. Un journaliste de l’AFP a pu l’apercevoir jeudi matin dans son jardin, vêtu d’un polo vert et d’un pantalon sombre, en compagnie d’un proche. «Réparation historique» Le procès divise fortement une opinion ultra-polarisée, y compris dans la capitale. Pour Germano Cavalcante, ingénieur civil de 60 ans, «ce procès n’est pas juste». «Il est plus politique que judiciaire», estime-t-il. A l’inverse, Ana Karla Oliveira, 21 ans, analyste système, se dit «absolument ravie». «Je vais fêter cette condamnation», promet-elle, y voyant une «réparation historique». L’affaire Bolsonaro est aussi à l’origine d’une crise sans précédent entre la première puissance d’Amérique latine et les États-Unis. Dénonçant une «chasse aux sorcières» contre son allié d’extrême droite, le président américain Donald Trump a imposé une surtaxe punitive de 50% sur une part importante des exportations brésiliennes. Washington a également annulé les visas de plusieurs juges de la Cour suprême brésilienne et infligé des sanctions financières à l’un d’entre eux, Alexandre de Moraes, rapporteur du procès Bolsonaro. Amnistie Le juge Moraes a été le premier à voter mardi pour la condamnation de l’ex-président, affirmant que le Brésil avait «failli redevenir une dictature» lors du supposé putsch manqué. M. Bolsonaro est jugé avec sept anciens proches collaborateurs, dont plusieurs ex-ministres et généraux. C’est la première fois qu’un ancien chef de l’État doit répondre de telles accusations, dans un pays encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985). Ex-ministre de la Justice de Lula, Flavio Dino a lui aussi voté pour une condamnation, estimant que les infractions jugées «ne sont pas susceptibles d’amnistie». Le message n’est pas passé inaperçu. Le courant conservateur tente en effet de faire approuver au Parlement une loi d’amnistie au bénéfice de son leader. Avec déjà en tête de possibles recours contre une condamnation attendue, le camp de l’ancien chef de l’État a célébré mercredi le vote du troisième magistrat, Luiz Fux. Développant une démonstration de plus de 11 heures, ce dernier a jusque-là été le seul à voter pour la relaxe de M. Bolsonaro. Il a démonté le dossier, dénoncé un manque de preuves et estimé que le complot évoqué n’a jamais dépassé la «phase préparatoire». Le vote du juge Fux «n’affectera pas le résultat final, mais il influencera l’histoire», escompte le député bolsonariste Luiz Lima. Ramon SAHMKOW et Louis GENOT © Agence France-Presse