
Les conseillers en gestion de patrimoine veulent développer leurs offres crypto

Les cryptos sont une opportunité, surtout avec le retour de l’inflation et à un moment où le Livret A est au plus bas», explique un conseiller en gestion de patrimoine (CGP) dont l’entreprise travaille à proposer des produits cryptos avec des rendements passifs garantis à destination des particuliers «courant novembre - décembre, si tout va bien. De nombreux particuliers ont investi dans les cryptomonnaies mais sont à la recherche de solutions rassurantes pour les faire travailler». Les manières de trouver du rendement sont diverses, mais pas dénuées de risque.
Faire travailler les stablecoins
L’un des premiers acteurs français à s’être lancé n’est autre que Coinhouse avec son Livret crypto à l’automne 2021. Ce dernier propose à ses clients de faire fructifier leurs stablecoins, en échange «d’un taux fixe (5%) […] un rendement supérieur à ceux des produits traditionnels», présente le site de la «cryptobanque» qui a récemment levé 40 millions d’euros. «Nous voulons réinventer l’épargne, c’est ce que nous voulons faire dans les prochaines années», ambitionne son PDG Nicolas Louvet.
Les stablecoins présentent l’avantage d’avoir un cours fixe. Ils sont adossés à un sous-jacent en monnaie fiat ou en crypto. Ils permettent notamment aux traders adeptes de la finance décentralisée (DeFi) de ne pas avoir à gérer la volatilité au moment d’emprunter avec effet de levier.
Un client va déposer ses stablecoins sur une plateforme crypto qui va ensuite les mettre à disposition dans la DeFi via des smart contracts, des programmes informatiques paramétrables. Ils sont mis à la disposition d’investisseurs qui paient des intérêts sur ces prêts avec lesquels la plateforme se rémunère, elle et ses clients. A la différence du Livret A, il n’est parfois pas possible de retirer à tout moment son investissement, qui peut demeurer à disposition pour quelques jours dans les smart contracts. Le risque de crise de liquidité existe comme le montrent les mésaventures de l’américain Celsius Network qui se retrouve aujourd’hui à bloquer les retraits, transferts et échanges pour ses clients.
Staker, ou valider sur une blockchain
Certains acteurs comme Aave, un protocole de la DeFi, ou la start-up américaine Lido offrent des rendements tirés des revenus perçus en tant que validateur sur une blockchain qui fonctionne en preuve d’enjeu (PoS). A la différence de la la preuve de travail (PoW) avec laquelle fonctionne le bitcoin, la PoS valide les blocs en fonction du nombre de jetons immobilisés dans la blockchain, en échange d’une récompense. Lido propose par exemple de placer en staking les ethers de ses utilisateurs, qui toucheront donc une partie du rendement perçu.
L’inconvénient, c’est qu’un jeton de blockchain est par définition volatil, ce qui peut altérer au final la somme touchée. Il existe également un risque en cas de piratage ou de disparition de la blockchain.
Les revenus du minage de bitcoin
En pleine période faste, les ordinateurs Asic spécialement conçus pour miner du bitcoin s’échangeaient jusqu’à 20.000 dollars l’unité, pour les plus récents. Mais il est impossible de miner cette cryptomonnaie en Europe, en raison du prix prohibitif du kilowattheure à 21 centimes, le seuil de rentabilité se situant aux alentours de 8 centimes.
Ainsi, l’entreprise française Feel Mining propose de placer les ordinateurs Asic achetés par leurs clients dans leur ferme de minage en Islande ou au Canada. Ces derniers perçoivent une partie des bitcoins reçus en récompense sans avoir à gérer les frais liés à la logistique. «Nous travaillons actuellement avec des mineurs de bitcoins proposant ce type de schéma. C’est également un moyen de promouvoir et d’investir dans du minage à partir d’électricité issue d’énergies renouvelables», explique un CGP.
La tokenisation d’actifs
Les actifs financiers auront-ils tous un jour une représentation numérique circulant sur une blockchain ? C’est le pari d’investisseurs et entreprises, comme RealT qui propose ce type d’investissement depuis 2019. «Avant de nous lancer dans les cryptos, nous travaillions dans l’immobilier avec mon associé Rémy Jacobson. C’était donc naturel de proposer de la tokenisation sur un actif que nous connaissions déjà », raconte Jean-Marc Jacobson, cofondateur de RealT.
La tokenisation est aujourd’hui essentiellement proposée dans l’immobilier. Cette pratique a pour objectif d’optimiser et de rendre plus accessible l’investissement. «Avec la tokenisation, vous pouvez échanger ou investir dans un actif en quelques secondes, alors qu’avec une banque, ça prendrait quelques semaines», explique Jean-Marc Jacobson. Actuellement, l’un des plus gros mineurs européens travaille avec la technologie de RealT pour faire baisser le ticket d’entrée pour ses investisseurs. Plusieurs CGP que nous avons interrogés plancheraient également sur un système de tokenisation de minage de bitcoin vert pour le proposer à ses clients.
Rassurer un maximum
L’enjeu pour les acteurs désireux de se placer dès maintenant sur ce segment de marché est de rassurer au maximum. Par exemple, en obtenant l’enregistrement comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) auprès de l’Autorité des marchés financiers ou en mettant en avant leur expertise et des garde-fous en cas de turbulences qui caractérisent le marché crypto.
«De notre côté, on n’exclut pas de baisser le taux de notre Livret si nous sommes incapables d’assurer les rendements promis. Pour le moment, ce n’est pas encore arrivé», explique Manuel Valente, directeur scientifique chez Coinhouse pour qui le choix des partenaires est primordial. «La prudence est de mise. Par exemple, si l’on voit une promesse de rendement à 30%, c’est directement non». Sur les cryptos comme ailleurs, le rendement reste proportionnel au risque.
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RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse -
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