
Le superviseur américain lance l’offensive contre Binance

La plus grande plateforme d’échanges de cryptomonnaies au monde ainsi que son médiatique PDG Changpeng Zhao sont officiellement poursuivis par la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) qui a déposé plainte ce 27 mars devant le tribunal de Chicago.
Le régulateur américain accuse Binance de s’être soustraite à ses obligations d’enregistrement, obligatoire pour toute entreprise proposant, notamment à la négociation, des produits dérivés à destination d’un public américain «impliquant des actifs numériques qui sont des marchandises, y compris le bitcoin (BTC), l'éther (ETH), et le litecoin (LTC) pour des personnes aux États-Unis», selon la plainte.
Système pour «éviter la réglementation»
Malgré sa volonté affichée de «bloquer ou de restreindre» l’accès à sa plateforme pour ses clients situés aux États-Unis, la CFTC affirme que Binance - qui revendique 120 millions d’utilisateurs dans le monde - a développé un système de «ciblage stratégique» lui permettant d’adresser indirectement ses produits dans un premier temps à destination d’un public de particuliers puis d’institutionnels depuis son lancement en 2017.
Selon la plainte, Binance a engrangé 63 millions de dollars en frais de transactions sur les produits dérivés au seul mois d’août 2020. Près de 16% des comptes étaient détenus par des clients identifiés par la plateforme comme situés aux États-Unis. En mai 2021, ces mêmes revenus atteignaient 1,14 milliard de dollars. Selon la CFTC, Binance s’est donc «soustraite à ses obligations d’enregistrement et de réglementation en vertu de la législation américaine» en donnant la priorité «au succès commercial». Le régulateur américain accuse également Binance d’avoir «instruit» et «aidé» les clients à échapper aux contrôles de conformité en demandant notamment d’utiliser des VPN pour masquer leur localisation.
A lire aussi: Une plainte visant Binance met en lumière l’angle mort de la réglementation PSAN
Ce système décrit par la CFTC implique également des opérations «par le biais de diverses entités immatriculées dans de nombreuses juridictions» pour éviter la réglementation en dissimulant «délibérément» l’identité et la localisation des entités qui exploitent la plateforme de négociation. Cette stratégie aurait été détaillée par Changpeng Zhao lui-même selon le régulateur qui évoque «une réunion interne (chez Binance) en 2019».
La plainte de la CFTC insinue également que Binance effectuait des transactions sur sa propre plateforme par «l’intermédiaire d’environ 300 comptes» liés directement ou indirectement à la plateforme. Elle aurait également tenté de «garder secrète son activité de négociation pour compte propre sur ses marchés associés». Selon le régulateur, ces comptes internes n’était pas soumis à la politique «relativement nouvelle en matière de délit d’initié», ni à des contrôles antifraude ou anti-manipulation.
En réponse, Binance a qualifié ces accusations «d’inattendues et décevantes» en affirmant travailler en étroite collaboration avec la CFTC «depuis plus de deux ans». Elle explique également avoir réalisé des «investissements importants au cours des deux dernières années» pour s’assurer qu’il n’y a pas d’utilisateurs américains actifs sur la plateforme et cite notamment des dépenses de 80 millions d’euros supplémentaires «en prestations externes» pour soutenir ces «efforts de conformité». Ces équipes de conformité seraient également passées d’une centaine à 750 personnes aujourd’hui.
L’étau se resserre
En décembre, Reuters révélait que Binance était sous la menace d’un front judiciaire aux Etats-Unis en raison de transferts d’argent sans licence, de blanchiment d’argent ou de violation de sanctions pénales. Les preuves seraient même suffisantes pour inculper l’entreprise. Cependant, les procureurs seraient divisés quant au timing à adopter pour le faire, certains étant partisans de continuer à accumuler des preuves.
En février, Binance avait déjà essuyé les foudres du Département des services financiers de l'État de New York (NYDFS) qui avait ordonné à Paxos, l’entreprise habilitée à émettre le stablecoin de Binance, le BUSD, de ne plus émettre de nouvelle unité à partir du 21 février et ce jusqu’à nouvel ordre. A la suite de cette décision, la capitalisation boursière du BUSD a été divisée quasiment par deux.
A lire aussi: Le régulateur américain porte un coup dur au stablecoin de Binance
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La Havane - Une nouvelle panne générale d'électricité touche Cuba mercredi, la cinquième en moins d’un an sur l'île, qui fragilise l’activité économique du pays et met à rude épreuve la vie quotidienne des habitants. «Il y a eu une déconnexion totale du système électrique qui pourrait être liée à une panne inattendue» de la centrale électrique Antonio Guiteras, située au centre de l'île, a indiqué le ministère de l'Énergie et des Mines sur son compte X. Les autorités ont précisé par la suite que la panne, qui s’est produite aux alentours de 09H15 locales (13H15 GMT), était due à un signal erroné de surchauffe dans la chaudière de la centrale électrique, la plus importante du pays, ce qui a provoqué son arrêt et l’effondrement de l’ensemble du réseau. Le Premier ministre, Manuel Marrero Cruz, a assuré sur X que le pays avait «une stratégie bien définie» pour rétablir l'électricité «dans les plus brefs délais». Depuis octobre 2024, l'île communiste de 9,7 millions d’habitants a déjà subi quatre pannes généralisées, dont certaines ont duré plusieurs jours. Dans les rues de la capitale, de rares feux de signalisation fonctionnent, récemment équipés de panneaux solaires, tandis que de nombreuses personnes ont regagné leur domicile pour tenter de se préparer à l'éventualité d’une panne prolongée. «A nouveau, une journée de perdue ! Agonie et tristesse et pour certains désespoir», déplore auprès de l’AFP Alina Gutiérrez, 62 ans, qui a appris la nouvelle de la panne alors qu’elle faisait des achats sur un marché de fruits et légumes dans un quartier central de La Havane. Elle se hâte maintenant de rentrer chez elle, pour «prendre toute l’eau possible» de réserve et «attendre pour voir combien de temps cela va durer», alors que de nombreux immeubles dans la capitale sont alimentés en eau grâce à des pompes électriques. Dimanche, cinq des quinze provinces de l'île avaient déjà été plongées plusieurs heures dans l’obscurité en raison d’une panne sur une ligne du réseau électrique. «Dépense importante» Outre les grands hôtels et certains hôpitaux, dotés de groupes électrogènes, de plus en plus de familles et de propriétaires de petits commerces privés ont acquis de petits générateurs électriques pour pallier les pannes et délestages toujours plus fréquents. Mercredi, dans les quartiers les plus aisés de La Havane, le ronronnement de générateurs est continu, mais les coupures fragilisent notamment les petits commerces privés, qui ont fleuri depuis leur autorisation en 2021. «Cela nous affecte beaucoup», explique à l’AFP Odette Leon, 34 ans, propriétaire d’une pâtisserie dans l’ouest de la capitale. «Nous avons un générateur, mais cela entraîne une dépense plus importante parce qu’il faut du carburant, qui en ce moment n’est pas très facile à trouver», explique-t-elle, en demandant à ses employés d’annuler les commandes jusqu'à nouvel ordre. Cuba est en proie depuis cinq ans à une profonde crise économique, avec un manque cruel de devises, et le système électrique vétuste souffre d’avaries fréquentes et de pénuries de combustible. Les huit centrales électriques du pays ont presque toutes été inaugurées dans les années 1980 et 1990. Elles tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de longues semaines de maintenance. Deux centrales flottantes louées à une entreprise turque et des générateurs, qui complètent le réseau énergétique, sont alimentés par des combustibles que Cuba importe difficilement. L’installation récente de trente parcs photovoltaïques, soutenue par la Chine, sur les 52 prévus pour cette année, n’a pas permis pour l’heure de faire diminuer les coupures. Pendant l'été, alors que la consommation atteint des pics en raison des températures élevées, les délestages se sont multipliés. Selon les autorités, ces coupures programmées ont duré en moyenne près de quinze heures par jour en août et seize heures en juillet, dans tout le pays. Cuba traverse sa pire crise économique depuis trois décennies. Outre les coupures d'électricité, les habitants souffrent de pénuries en tous genres et d’une forte inflation. Aux faiblesses structurelles de son économie planifiée et centralisée s’ajoutent l'échec d’une réforme monétaire récente et un renforcement de l’embargo américain, en vigueur depuis 1962. Jordane BERTRAND © Agence France-Presse -
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