
Le suivi des crédits d’entreprises inspire les fintechs

Les financements bancaires et désintermédiés aux entreprises voient leur gestion sortir peu à peu de l’artisanat. Des fintechs proposent tout au moins d’en alléger la charge administrative, notamment pour les entreprises de taille moyenne. « La digitalisation dans les banques des métiers du financement est peu avancée, notamment dans les étapes du ‘front’ et du ‘middle office’, assure Cécile Joly, cofondatrice et directrice générale de KLS. Cette fintech a mis au point un outil de pilotage des échanges d’informations pour la mise en place et le suivi des financements bancaires. « Nous tablons sur un potentiel de développement important, d’autant plus que les plateformes qui existent sont souvent anglo-saxonnes, ce qui pose la question de la souveraineté des données pour nos clients, les banques », expose Cécile Joly, dont la start-up a été incubée par la Fabrique by CA.
KLS compte 110 banques utilisatrices et 12 milliards d’euros d’encours gérés et se développe notamment avec un service en syndication, pour faciliter les échanges de l’arrangeur avec les banques participantes puis le travail de l’agent en charge du suivi du crédit. Un créneau prometteur car la syndication se développe auprès des ETI et même des PME, les banques voulant réduire leurs risques dans le cadre des normes de solvabilité Bâle 3 et les entreprises souhaitant, en conséquence, élargir leurs relations bancaires.
Les crédits bilatéraux trouvent également de nombreux avantages à la digitalisation. « Les contrats de crédit étant de plus en plus complexes, notre plateforme permet une communication simple entre la banque et son client et apporte des pistes d’audit, indique Cécile Joly. En outre, elle simplifie la tâche des acteurs en les alertant à l’avance des échéances. La gestion administrative du dossier de crédit n’est plus un problème dans la relation commerciale. » Les crédits bilatéraux adoptent plus systématiquement des covenants, des engagements financiers des entreprises vis-à-vis des prêteurs et dont le respect est contrôlé à intervalles réguliers. L’automatisation facilite le travail de contrôle. En outre, on assiste à la mise en place de plus en plus systématique d’indicateurs de performance ESG (environnementale, sociale et de gouvernance).
Automatisation
La problématique du suivi du respect des covenants et engagements extra-financiers se retrouve en dette privée. Plusieurs solutions de gestion automatisée existent pour le marché du Schuldschein et, en France, Pref-X veut jouer le rôle d’une infrastructure de Place pour la gestion des financements désintermédiés. La plateforme s’est lancée avec un service dédié aux emprunteurs de type ETI, elle en compte une trentaine à présent pour un encours de 20 milliards d’euros. « Pref-X s’adresse aux émetteurs de dette privée de type ETI pour les aider dans le suivi de leurs opérations. En outre, ils peuvent à présent piloter à partir de Pref-X leurs engagements (covenants) pour tous leurs autres financements, notamment bancaires, ainsi que les volets administratifs de leurs relations avec les prêteurs, comme le KYC (connaissance client), les sûretés… », indique Marie-Hélène Crétu, fondatrice et dirigeante de Pref-X. La fintech gère 120 lignes et fédère plus de 350 utilisateurs, dont une centaine d’investisseurs et prêteurs. Elle a entrepris de s’adresser aux agents de crédits bancaires syndiqués et aux gérants.
La gestion des sûretés – cautions, nantissements, gages, fiducies… – présente également des enjeux de suivi administratif importants pour les prêteurs et leurs contreparties. La fintech Pono s’en est emparée depuis deux ans et vient de lever 3 millions d’euros pour accélérer son développement. « Les garanties demandent un suivi administratif et opérationnel toujours plus complexe, nous automatisons ce suivi et les rapports qui incombent aux prêteurs, expose Ladislas Manset, cofondateur et dirigeant de Pono. Le rôle des garanties est appelé à se développer dans un contexte de crédit plus difficile. » Là encore, le service concerne les sûretés et garanties des financements d’entreprises moyennes et intermédiaires, la fintech comptant une vingtaine de clients, quatre banques, dont un grand réseau, et une quinzaine de prêteurs privés. Elle connaît une croissance soutenue, avec un portefeuilles de financements de 1 milliard d’euros, prévu à 2 milliards dans les six mois. En outre, elle prépare un outil de suivi de la valeur des actifs en garantie à des fins de reporting pour les prêteurs.
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