
Le lancement de WhatsApp Pay au Brésil subit un coup d’arrêt

WhatsApp Pay pourrait bien avoir du plomb dans l’aile. Mardi, la firme américaine a appris que son nouveau service, qui permet à ses utilisateurs de payer des achats ou de transférer de l’argent entre eux, avait été suspendu par la Banque centrale du Brésil – la pays est le second marché dans le monde pour la très populaire application mobile de messagerie instantanée, qui y comptabilise 120 millions d’utilisateurs actifs mensuels. La Banco Central do Brasil a demandé à Visa et à Mastercard de suspendre leurs activités de paiement et de transfert d’argent via cette plate-forme.
La raison ? La banque centrale dit vouloir «préserver un environnement concurrentiel adapté, qui assure le fonctionnement d’un système de paiement qui soit interchangeable, rapide, sécurisé, transparent, ouvert et bon marché», dans& un communiqué diffusé sur son site.
Visa et Mastercard parmi ses partenaires
Pourtant, WhatsApp, qui appartient à Facebook depuis son rachat en 2014 pour 19 milliards de dollars (16,8 milliards d’euros), avait bien effectué les démarches pour lancer son service. Le lundi 15 juin, jour du lancement du service, il annonçait fièrement sur Twitter compter les sociétés de paiement Visa et Mastercard parmi ses partenaires, ainsi que les banques brésiliennes Banco do Brasil, Nubank, Sicredi, et le processeur de paiements Cielo.
«WhatsApp Pay est juste un outil d’initiation d’ordres à une banque, qui transite par UPI en Inde [et Facebook Pay au Brésil, ndlr]. L’argent ne sort pas du système bancaire», précise à L’Agefi Christophe Vergne, responsable des solutions paiement chez Capgemini Global Financial Services.
Le Brésil, un marché adapté
Cela constitue un lourd revers pour Facebook, qui a introduit ce système de paiement au Brésil plus tôt dans le mois après l’avoir testé depuis deux ans dans une poignée de marchés prometteurs, dont le Mexique et l’Inde – où il attend toujours le feu vert du régulateur pour le lancer.
Le marché brésilien s’y prête bien : «le paiement digital y est intégré à toutes les couches de la société», précise Christophe Vergne. «Facebook et les autres Gafam vont sur ces pays, parce qu’ils visent le marché du commerce informel, et pour prendre la position d’intermédiaire dans toutes les transactions commerciales».
La décision a surpris la firme de Menlo Park, alors que les deux parties étaient en contacts réguliers dans les préparatifs du lancement de l’outil de paiement, selon l’agence Bloomberg.
Grande surprise aussi chez les analystes financiers : «c’est une décision inhabituelle, extraordinaire de la part d’une banque centrale», estime Tiago Severto Gomes, partner chez Caputo, Bastos et Serra, cité par Bloomberg.
Défiance des régulateurs envers le Libra
Peut-être que Facebook paie pour les fortes tensions qu’a provoquées chez les banquiers centraux et les régulateurs, dont le Conseil de stabilité financière (FSB) l’annonce, en juin dernier, de son projet de cryptomonnaie Libra, susceptible de remettre en cause le pouvoir de souveraineté des banques centrales dans le paiement. Ce qui aurait ainsi braqué la banque centrale brésilienne. Le contexte de crise liée au Covid-19, où les banques centrales ont monté dans l’urgence des plans de sauvegarde de leurs économies, a peut-être aussi remis cette «souveraineté monétaire» à l’ordre du jour.
Projet Pix brésilien
Autre facteur, le Brésil prépare le terrain pour son propre réseau de paiement numérique – au nom de la souveraineté monétaire, toujours. Sa banque centrale a dévoilé en février son projet Pix, un futur système de paiement électronique qui promet aux Brésiliens des transactions quasi instantanées. Le système Pix sera obligatoire pour les grandes banques, les banques numériques, et les grandes institutions financières afin d’assurer une large couverture. Via une appli dédiée, il permettra de transférer immédiatement de l’argent sur le compte du destinataire. Son lancement est prévu pour mi-novembre.
Facebook l’assure, son service WhatsApp sera bien Pix-compatible. «WhatsApp a affirmé son soutien à un modèle de paiements ouverts pro-concurrentiel, et destiné à fournir des paiements via Pix lorsque ce dernier sera disponible», a indiqué mercredi la société dans une déclaration. En précisant, par volonté d’apaisement : «Nous allons travailler avec nos partenaires et les autorités brésiliennes pour restaurer le service rapidement».
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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse