
Le directeur de Ledger tente d’éteindre la polémique née de son nouveau service

Par le passé, nombreux ont été les investisseurs en cryptos millionnaires seulement virtuellement, puisque incapables de remettre la main sur leur seed phrase – un mot de passe très long et complexe permettant d’accéder aux fonds d’une adresse blockchain. A cause de ces égarements, le fournisseur de données Glassnode estime que près de trois millions de bitcoins sont «perdus à jamais» sur les plus de 19 millions actuellement en circulation.
Pour répondre à cette problématique qui constitue un frein important à l’adoption, la licorne française Ledger, leader mondial pour le grand public dans la sécurisation des cryptoactifs, a annoncé, le 16 mai, le lancement d’un nouveau service, baptisé Ledger Recover. Il donne la possibilité à ses utilisateurs de remettre la main sur ces fameux mots de passe en cas de perte, moyennant le paiement d’une dizaine d’euros par mois.
Si ce nouveau service ouvre à la licorne française une nouvelle source de revenus, alors même qu’elle peine, malgré un produit technologique supérieur à ceux de ses concurrents, à s’imposer comme la référence pour les institutionnels, son lancement a provoqué une polémique mondiale. Les clients ont accusé l’entreprise de les avoir trompés, celle-ci affirmant qu’elle n’avait pas la possibilité d’accéder à leurs mots de passe. La promesse de Ledger étant de simplifier l’accès à un portefeuille blockchain en promettant à l’utilisateur qu’il sera le seul à connaître sa seed phrase. Or, le fonctionnement de ce service a semé le doute auprès d’une large partie de la communauté crypto, qui s’est également inquiétée d’un agrandissement de la surface des vecteurs d’attaque.
A lire aussi: Ledger inquiète ses utilisateurs avec son nouveau service de récupération de données
Un lancement retardé?
La multiplication des interventions sur les différents réseaux sociaux, dès le 16 mai, de nombreuses figures historiques de Ledger, comme Nicolas Bacca ou Eric Larchevêque, pour tenter d’éteindre l’ire des clients, n’ayant pas suffi, c’est le PDG, Pascal Gauthier, qui justifie la nécessité du lancement de ce service, dans un communiqué publié ce 23 mai, tout en reconnaissant «une erreur de communication».
Participant au capital d’amorçage de Ledger en 2015, celui qui est directeur général de l’entreprise depuis avril 2017 affirme que «le principal obstacle à l’autodétention des cryptoactifs est le problème de la récupération des ‘seed phrases’. La majorité des utilisateurs ne détiennent pas leurs clés privées et/ou mettent leurs clés privées en danger en favorisant des usages moins sécurisés». Sans le dire explicitement, Pascal Gauthier fait référence aux plateformes d’échange, dont de nombreux utilisateurs ont fait l’amère expérience, ces derniers mois, que leurs fonds qui y étaient stockés pouvaient servir à éponger les dettes en cas de faillite.
Dans une logique de «transparence», Pascal Gauthier a également affirmé prochainement ouvrir publiquement le protocole informatique de Ledger Recover et sous-entendu que le service ne sera pas lancé «tant que ce travail ne sera pas terminé». Dans un tweet, le directeur technique de Ledger Charles Guillemet a été un peu plus précis: «Nous ouvrirons progressivement la plupart de notre système d’exploitation, en commençant par Ledger Recover, afin de le rendre entièrement contrôlable. Nous lancerons Ledger Recover Product dès que cette partie du code du micrologiciel sera publiée». Au point de significativement retarder son lancement?
Cette défense risque de ne pas suffire à calmer la communauté des détenteurs de portefeuille numérique Ledger, mais c’est déjà un premier pas tenté vers un peu plus d’apaisement.◆
A lire aussi: Pascal Gauthier (Ledger) : «Notre ambition va bien au-delà de la crypto»
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