
L’affaire Tornado Cash menace la parité du stablecoin Dai

L'été 2022 remet en cause bien des certitudes dans l’univers des cryptos. Après les chocs des stablecoins centralisés au cours des dernières semaines, c’est au tour des stablecoins décentralisés de subir la montée des doutes. « Je pense que nous devrions sérieusement envisager de nous préparer à un désancrage de l’USD (dollar) [...] il est inévitable que cela se produise », a déclaré le 11 août sur le réseau social Discord Rune Christsensen, cofondateur de MakerDAO, l’entité qui propose l’émission du Dai, le 4e stablecoin décentralisé le plus utilisé sur le marché. Au 12 août, sa capitalisation atteignait environ 7,5 milliards de dollars.
Dépendance à l’USDC
A la différence des stablecoins centralisés comme l’USDT de Tether, actuel leader du marché, ou l’USDC de Circle, les utilisateurs obtiennent du Dai en recourant à une surcollatéralisation. La démarche consiste à déposer une garantie en cryptomonnaie supérieure à la somme empruntée, leurs positions dans des smart contracts, ces programmes informatiques paramétrables sur un réseau blockchain. Une fois ces smarts contracts émis, MakerDAO n’a aucun droit d’administrateur sur ces derniers, au contraire de ceux émis par Tether ou Circle. C’est principalement cette caractéristique qui fait la popularité du Dai. Car aucune institution ne peut directement le censurer. Le Dai peut également être audité par n’importe qui puisque les garanties placées dans des smart contracts sont consultables par chacun, à n’importe quel moment.
La décentralisation du Dai serait quasiment irréprochable si le stablecoin le plus utilisé pour le collatéraliser n’était pas l’USDC. Selon les derniers chiffres, le stablecoin de Circle compterait pour 50,3% des garanties déposées dans les smart contracts. Autrement dit, la crainte pour MakerDAO est de voir l’ancrage au dollar de son stablecoin menacé si d’autres USDC venaient à être gelés dans les prochains jours. La parité avec le dollar du Dai a rarement été mise en défaut depuis son lancement en 2017. Elle est même passée au-dessus de 1 dollar en mars 2020.
Absence (pour le moment) d’alternative
Le gel des adresses soupçonnées d’être liées à Tornado pour l’équivalent de 75.000 USDC a été très critiqué par des nombreuses figures de l’écosystème crypto. Le fondateur de Circle Jérémy Allaire s’est défendu en précisant que cette intervention réglementaire avait « franchi un seuil majeur dans l’histoire d’internet » mais que son entreprise avait été obligée d’agir de la sorte, « sous peine d’être accusée de se soustraire volontairement aux obligations de conformité ». La sanction potentielle est il est vrai dissuasive, pouvant aller «jusqu’à 30 ans de prison ». Il appelle les leaders de la crypto à se réunir « dans les prochains jours […] pour contribuer à faire progresser les cadres juridiques et les politiques visant à protéger la vie privée et la sécurité des utilisateurs tout en faisant évoluer les règles d’intégrité financière pour traiter les protocoles open source », comme Tornado Cash.
En attendant, cette affaire a relancé les débats autour de l’indépendance de la finance décentralisée (DeFi) aux acteurs centralisés comme Tether et Circle, les deux stablecoins les plus utilisés du marché qui totalisent à eux deux plus des deux tiers de la capitalisation totale de ces cryptoactifs.
Mais pour le moment, il n’existe pas encore d’alternative crédible à leur utilisation. « Les grands acteurs de la DeFi auraient intérêt à lancer leur propre stablecoin décentralisé dans les mois à venir », soulignait à L’Agefi Marc Zeller, stratégiste chez le protocole DeFi Aave qui initiait au même moment une consultation auprès de ses utilisateurs pour le lancement de son propre stablecoin décentralisé, le GHO. Quelques jours plus tard, c’était Curve, un autre acteur important qui annonçait par l’intermédiaire de son fondateur des réflexions sur un projet similaire. La course au stablecoin décentralisé est donc plus que jamais d’actualité.
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