
FTX est officiellement en faillite

Le calvaire aura durée moins d’une semaine. Le 11 novembre, la plateforme d’échanges fondée par Samuel Bankman-Fried (SBF), encore considéré comme l’étoile montante de la finance, s’est officiellement placée sous le régime des faillites américain (Chapitre 11). La grande majorité des entreprises qui composent la galaxie de SBF comme Alameda Research sont concernées.
FTX représentait il y a encore une semaine plus de 10% des parts du marché crypto selon The Block Research et était valorisée à hauteur de 32 milliards de dollars en janvier 2022, comptant notamment des investisseurs comme SoftBank, Sequoia ou encore BlackRock. Selon des documents transmis aux autorités, Alameda Research, entreprise centrale dans le fonctionnement de l’empire de SBF, indique avoir entre 10 et 50 milliards d’actifs et de passif ainsi que 100.000 créanciers.
Jeudi, SBF affirmait vouloir «lever des fonds» et assurait être en pourparlers «avec de nombreux acteurs» ainsi que tout faire pour «dégager un maximum de liquidité» pour tenter de sauver son empire. Ce vendredi, il n’est plus PDG de FTX.
Spirale infernale
La plateforme faisait face depuis dimanche à une grave crise de liquidité et un rush de retraits de la part de ses utilisateurs. Une situation notamment provoquée par la perte de confiance généralisée du marché crypto dans le FTT, la cryptomonnaie native de FTX sur laquelle repose largement le modèle économique de la galaxie de SBF. En 24 heures, son cours s’est effondré de plus de 80%.
Le 2 novembre, CoinDesk révélait que le bilan d’Alameda Research, était basé à plus de 40% sur le FTT. Les choses se sont accélérées le 6 novembre lorsque Binance annonçait par la voix de son PDG Changpeng Zhao (CZ) son intention de liquider tous les FTT en sa possession et de facto ne plus croire dans la solidité du modèle. Depuis, le cours du FTT est passé d’environ 23 dollars et s’établit actuellement à moins de trois dollars et se dirige probablement vers zéro.
Le lendemain, celui qui se fait surnommer CZ annonçait que son entreprise avait «signé une lettre d’intention non-contraignante, avec l’intention d’acquérir entièrement FTX» et se posait en potentiel sauveur de la plateforme faisant espérer à l’écosystème crypto des conséquences un peu moins violentes.
Mais quasiment 24 heures plus tard, Binance a fait machine arrière, «à la suite de l’audit préalable de l’entreprise, ainsi que des dernières informations concernant les fonds mal gérés des clients et les enquêtes présumées des agences américaines», a tweeté l’entreprise. Une opération qui paraissait de toute manière très compliquée à boucler, aussi bien réglementairement que financièrement.
Tentative de sauvetage
Les dernières équipes de SBF semblent avoir lutté jusqu’au bout pour sauver le navire. Jeudi matin, l’USDT, le plus grand stablecoin du marché crypto avec une capitalisation de 70 milliards de dollars, perdait son ancrage au dollar pendant quelques heures. Selon de nombreux analystes qui s’appuient sur les données blockchain, des adresses directement liées aux équipes de FTX seraient responsables de cette situation pour tenter de tirer profit d’un potentiel arbitrage et ainsi dégager de la liquidité. SBF et Alameda Research ont démenti en être à l’origine.
Quelques heures plus tard, un porte-parole de Tether confirmait que l’entreprise émettrice de l’USDT avait gelé l’équivalent de 46 millions de dollars du stablecoin liés à des adresses FTX à la demande des autorités américaines. Ce vendredi, c’était au tour des autorités bahamiennes d’ordonner le gel des fonds de la plateforme.
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