
Bizum s’impose dans le paysage du paiement mobile espagnol

Mois après mois, Bizum confirme son succès. Lancée en octobre 2016, la plate-forme espagnole de paiement instantané, équivalente de Paylib en France, a attiré en quatre ans 12 millions d’utilisateurs et le transfert de 10,8 milliards d’euros pour un total de 225 millions de transactions.
A l’origine, l’initiative est un véritable pari : toutes les banques espagnoles ou presque – 27 au total – décident de s’unir pour lancer ce projet : « Pour les banques, il s’agissait de tirer parti du Sepa Instant Credit Transfer ou SCT Inst, cette mesure adoptée par l’Union européenne en novembre 2017 et permettant l’accélération des paiements », rappelle Fernando Rodriguez Ferrer, directeur du développement commercial de Bizum. Les acteurs voyaient aussi en cette plate-forme une possibilité de mettre les bouchées doubles sur le paiement « peer-to-peer » et d’anticiper l’offensive des Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon). L’appui du régulateur a été déterminant : « L’Espagne a décidé de définir un cadre et un calendrier contraignant l’ensemble du système bancaire espagnol à adhérer au nouveau dispositif au même rythme, ce qui n’a pas été nécessairement le cas dans d’autres pays. » Aujourd’hui, l’application couvre 98 % du marché espagnol.
La simplicité de Bizum a fait le reste : l’utilisateur du service doit activer l’accès à la plate-forme dans l’application mobile de sa banque. Et pour effectuer le paiement instantané, il suffit de posséder le numéro de téléphone de la personne à qui l’on veut envoyer de l’argent. Le transfert se fait en moins de cinq secondes. A l’origine, l’objectif de l’application était de permettre de s’acquitter de menues factures, de transférer de l’argent à des particuliers ou de faire des dons à des organisations caritatives. Les banques décident du montant à envoyer – dans une fourchette allant de 50 centimes à 1.000 euros maximum – et de la limite du nombre de transactions quotidiennes.
4.200 enseignes
Depuis novembre dernier, l’application, qui compte PayPal parmi ses principaux concurrents, s’est également ouverte aux plates-formes de commerce électronique, convainquant de très nombreuses enseignes – 4.200 au total – dont Decathlon, de rejoindre l’initiative. Les volumes d’achat ont déjà dépassé 30 millions d’euros au travers d’un demi-million de transactions.
« L’idée était d’atteindre une masse critique suffisante d’utilisateurs avant de se lancer dans l’e-commerce », explique Fernando Rodriguez Ferrer. L’initiative est particulièrement intéressante pour les banques, qui peuvent facturer les enseignes. Selon le modèle économique de Bizum, les établissements bancaires s’acquittent d’une commission pour participer au dispositif. Le service est gratuit pour le client particulier.
Depuis le lancement, la clientèle a également évolué : « Durant la première année d’activité, nos principaux utilisateurs étaient dans la tranche d’âge 35 à 44 ans, précise le responsable commercial de Bizum. Désormais, les 18-25 ans assurent l’essentiel de la croissance et la moitié de ce segment utilise désormais notre service. » Le montant moyen des virements est de 47 euros. La prochaine étape de développement de Bizum consistera à faciliter le paiement dans les commerces physiques : « Nous allons mener un premier essai avec l’opérateur national de jeux en Espagne de manière à tester l’efficacité du code QR dynamique de notre application, indique le représentant de Bizum. Il sera également possible de collecter les gains et les prix. »
L’autre grande ambition de Bizum est de jouer un rôle dans l’European Payments Initiative (EPI), qui vise à s’imposer comme le futur standard européen de paiement digital pour les particuliers et les commerçants. Trois des seize banques, qui ont commencé la phase de mise en œuvre, sont aussi à l’origine de la création de Bizum : Santander, BBVA et CaixaBank. « Bizum a le potentiel d’être interopérable en Europe, fait savoir le responsable commercial. Alors pourquoi ne pas le considérer comme un modèle à utiliser ? Nous avons la chance d’avoir une marque forte en Espagne et disposons de toute la compétence nécessaire pour reproduire notre expérience de ce succès en Europe. »
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Nuisances sonores aériennes : Gonesse réclame un couvre-feu nocturne face aux vols de Roissy
Gonesse - «Ma vie, c’est un enfer», souffle Clara au moment où un avion fend le ciel bleu de Gonesse, près de Roissy. Cette hôtesse de l’air ne peut plus supporter ces bruits incessants, nocifs pour la santé, et plaide pour un couvre-feu la nuit. Cette commune du Val-d’Oise d’environ 27.000 habitants, située à quelques kilomètres des aéroports Paris-Charles de Gaulle et du Bourget, est très exposée aux nuisances sonores aériennes. En mars 2024, une consultation citoyenne est organisée dans près de 150 villes franciliennes. L’interdiction nocturne des vols sur plusieurs aéroports est approuvée à environ 97% des voix exprimées. Si un couvre-feu a été instauré en 1968 à l’aéroport d’Orly, au sud de Paris - aujourd’hui entre 23H30 et 06H00 -, il n’existe pas à Roissy, au nord. En ce samedi de septembre, le forum des associations de Gonesse grouille de monde et les avions, qui défilent à quelques minutes d’intervalle, font partie du décor. A basse altitude, le sigle de la compagnie aérienne est souvent visible. Le ressenti des habitants interrogés par l’AFP varie de la colère à l’adaptation voire la résignation. «La nuit, on dort bien», reconnaît Jean Boulay, «mais on est obligé de fermer les fenêtres», poursuit ce retraité de 88 ans. Sa femme, Monique Boulay, compte «une minute et demie» entre chaque avion, correspondant aux périodes de fort trafic. Juliette (prénom modifié) se dit «tellement habituée» aux nuisances sonores que ça ne lui «fait plus rien». Cette femme de 60 ans n’entend pas les avions la nuit, seulement à partir de 05H00 du matin. L’aéroport de Roissy a affiché 470.000 décollages et atterrissages en 2024, dont quelque 17.000 entre 00H30 et 05h00, rapporte le gestionnaire Aéroports de Paris (ADP). «Droit à la tranquillité» Arrivée à Gonesse en 2009, Karima, mère au foyer de 48 ans, se souvient du bruit la nuit à son arrivée, «devenu banal avec le temps». Pour Jacques, 60 ans, «la nuit, c’est infernal». «L'été on ne peut inviter personne parce qu’on est sous le bruit des avions et la nuit on ne dort pas», dénonce-t-il. En 2024, selon Bruitparif, le bruit aérien enregistré à Gonesse (62 décibels) est supérieur à la valeur limite réglementaire (55) ou celle recommandée par l’OMS (45). Selon ce même observatoire, qui s’appuie sur des données de 2019, 30,4 mois de vie en bonne santé seraient perdus dans cette commune du fait du bruit cumulé des transports, dont 23,3 mois en raison de l’aérien. Il est environ minuit, fin août, quand l’hôtesse de l’air Clara, 50 ans, filme dans sa cuisine à Gonesse le passage bruyant d’un avion. Des nuisances incessantes, d’après elle, qui veut déménager. Elle ne décolère pas contre ceux qu’elle appelle les «bobos de Paris» qui «vont voter à gauche» mais «polluent les autres» en prenant l’avion. Dormant grâce à des bouchons d’oreille, Clara exige un «droit à la tranquillité». «Quand vous avez un tapage nocturne, vous appelez la police. On appelle qui?», interroge-t-elle. «Fatalistes» Clara comme Jacques (prénoms modifiés) appartiennent à l’Association de défense contre les nuisances aériennes (Advocnar), qui tient un stand au forum des associations. Sous le chapiteau blanc, deux t-shirts rouges avec l’inscription: «Stop vols de nuit». «On peut réduire le trafic la nuit, voire mettre un couvre-feu. C’est le cas à Orly, à Nantes plus récemment, à Francfort où il y a un couvre-feu partiel», défend Françoise Brochot, la présidente de l’Advocnar. «On est tout à fait conscient des nuisances que génère le trafic aérien, à commencer par les nuisances sonores», convient Yannael Billard, directeur du développement durable au sein d’ADP, notant cependant une «diminution» de ces dernières, notamment grâce aux nouvelles générations d’avion. Mais le gestionnaire n’est pas favorable à un couvre-feu à Roissy, qui «mettrait très singulièrement en péril l’aéroport et, a fortiori, l’activité cargo». Très engagé contre les nuisances aériennes, Jean-Pierre Blazy, maire socialiste de Gonesse, déplore l’absence, selon lui, de discussions pour réduire les vols de nuit. Dans cette commune, les réactions sont souvent «fatalistes», constate la présidente de l’Advocnar. «Ce sont les plus impactés, et ce sont eux qui adhèrent le moins» à l’association, regrette Françoise Brochot. Antoine BOYER © Agence France-Presse -
Tensions militaires dans les Caraïbes : le Venezuela défie le déploiement américain
Caracas - Le Venezuela a lancé mercredi trois jours d’exercices militaires sur l'île de la Orchila, dans les Caraïbes, alors que les États-Unis ont déployé des navires de guerre dans la zone, officiellement pour une opération anti-drogue. Les États-Unis accusent Nicolas Maduro de diriger un cartel et offrent une récompense de 50 millions de dollars pour la capture du président vénézuélien. Caracas rejette ces accusations et dénonce une «menace». L'île, un territoire de 43 kilomètres carrés où se trouve une base de la marine vénézuélienne, se situe à 97 miles nautiques de l'État vénézuélien de La Guaira et près de l’endroit où les États-Unis ont intercepté un bateau de pêche vénézuélien pendant huit heures pendant le week-end. «Aujourd’hui, notre commandant en chef (le président Nicolas Maduro, ndlr) nous a ordonné un exercice, une manœuvre de campagne baptisée Caraïbes souveraines (...) Il va y avoir un déploiement important de navires de la marine bolivarienne», a déclaré le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, à la télévision nationale. «Difficile à croire» «Dans cette conjoncture, nous devons élever notre préparation opérationnelle à un scénario de conflit armé en mer», a-t-il précisé, évoquant le «grand déploiement de navires nord-américains, des destroyers équipés de missiles de croisière guidés avec une puissance menaçant le Venezuela, les Caraïbes et toute l’Amérique latine». La télévision publique a montré des images de bateaux amphibies, de pièces d’artillerie et de navires de guerre vénézuéliens déployés à La Orchila. «Nous avons 12 navires, 22 aéronefs, y compris des chasseurs (...) 20 petits bateaux de la milice spéciale navale», a précisé le vice-amiral de la marine, Irwin Raul Pucci. Lundi, M. Maduro a assuré à propos du déploiement américain qu’il y avait «une agression en cours à caractère militaire» de la part de Washington et que le Venezuela était «habilité par les lois internationales à y répondre». Il a annoncé avoir positionné 25.000 soldats aux frontières tout en appelant la population à s’enrôler dans les milices pour «défendre la patrie». Un peu plus tôt dans la journée, le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello a mis en avant la lutte anti-drogue de son pays, accusé de narcotrafic par M. Trump, se targuant d’avoir saisi plus de 60 tonnes de drogue en 2025, la plus grande quantité saisie depuis l’année 2010. M. Cabello a jugé les accusations américaines «difficile(s) à croire», estimant que l’administration Trump cherchait un «changement de régime» au Venezuela. Selon le président Trump, les États-Unis ont détruit trois embarcations contenant de la drogue qui étaient parties du Venezuela. Caracas a demandé une enquête sur le premier bateau attaqué la semaine dernière, et n’a pas fait de commentaire précis sur les deux derniers. «Concernant les trois embarcations qu’ils mentionnent, on ne sait pas. On ne sait pas. Parce qu’ils disent qu’elles transportaient de la drogue, mais qui a vu la drogue ? Ils disent que le second transportait du fentanyl. D’ici, du Venezuela, du fentanyl? C’est difficile à croire. Très difficile à croire», a déclaré Diosdado Cabello. Barbara AGELVIS et Patrick FORT © Agence France-Presse -
La Fed abaisse ses taux sans surprise, Wall Street réagit prudemment
Washington - La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé mercredi, peu surprise par la baisse des taux d’un quart de point de la banque centrale américaine (Fed), une décision très largement anticipée par les investisseurs. Le Dow Jones a gagné 0,57%, l’indice Nasdaq a reculé de 0,33% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,10%. «La réunion de la Fed d’aujourd’hui n’a pas provoqué de séisme (...) il n’y a pas eu de surprise majeure», commente auprès de l’AFP Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities. La Réserve fédérale a baissé mercredi ses taux d’intérêt pour la première fois de l’année, dans une fourchette comprise entre 4% et 4,25%. «Cette décision était attendue à l’unanimité», résument les analystes de HFE. Un seul responsable, promu par M. Trump, a voté contre: Stephen Miran, qui a rejoint la Fed seulement mardi et qui aurait voulu voir les taux d’intérêt baisser d’un demi-point, selon un communiqué de l’institution. Une telle réduction «aurait probablement provoqué une réaction plus importante» sur les marchés, estime Christian Hoffmann, de Thornburg Investment Management. Selon la médiane des prévisions de la Fed, ses membres anticipent deux autres baisses de taux (d’un quart de point chacune) en 2025, ce qui impliquerait une nouvelle détente à chacune des réunions programmées d’ici la fin de l’année. Mais le président de l’institution, Jerome Powell, a prévenu mercredi qu’il s’agissait davantage d’une hypothèse que d’une certitude. M. Powell a assuré devant la presse que les décisions futures de la Fed «seront fondées sur les données disponibles, l'évolution des perspectives et l'équilibre des risques» concernant le marché du travail et l’inflation. Cette première baisse «n’est pas un revirement, c’est une mesure réfléchie», note Gina Bolvin, de Bolvin Wealth Management Group. «Pour les investisseurs, cela signifie un allègement modeste des taux, et non pas des feux d’artifice», ajoute-t-elle. Une politique monétaire accommodante est généralement favorable aux actions, car elle permet aux entreprises de se financer à moindre coût, ce qui améliore les perspectives d’investissements et donc de croissance. Sur le marché obligataire, le taux d’intérêt des emprunts américains à dix ans a touché un plus bas depuis avril juste après la décision de la Fed. Vers 20H15 GMT, il se tendait finalement à 4,07% contre 4,03% la veille. A la cote, «la faiblesse de certaines capitalisations géantes» a pesé sur la place américaine, observent les analystes de Briefing.com. Le mastodonte américain Nvidia (-2,62% à 170,29 dollars) a été pénalisé après que l’Administration chinoise du cyberespace (CAC) a interdit aux entreprises technologiques du pays d’acheter ses puces, Pékin accusant l’entreprise d’entorse à la concurrence, selon le Financial Times. Elle a entraîné avec elle une partie du secteur des semiconducteurs, à l’image de Broadcom (-3,84%), Intel (-1,46%) ou Advanced Micro Devices (-0,81%). La plateforme de réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) Lyft s’est envolée (+13,13% à 22,84 dollars) à l’annonce d’un partenariat avec Waymo. Lyft aidera la filiale d’Alphabet (Google) à lancer son offre de véhicules autonomes dans les rues de Nashville (Tennessee). Waymo est déjà en partenariat avec Uber, concurrent de Lyft, dans plusieurs villes des Etats-Unis. Le titre d’Uber a perdu 4,96% à 92,98 dollars. Le site de revente de billets sportifs et d'événements et spectacles StubHub a connu une première séance timide à Wall Street. Son action, dont le prix avait initialement été fixé à 23,50 dollars, a terminé à 22,17 dollars. Nasdaq © Agence France-Presse