
TUI accélère le mouvement de remboursement des aides publiques

Le secteur du tourisme s’active pour tirer un trait sur la pandémie de Covid-19. Le groupe allemand TUI, premier voyagiste mondial, a annoncé vendredi une augmentation de capital de 1,8 milliard d’euros en vue de rembourser le solde des aides publiques obtenues de l’Etat fédéral durant cette période. Il a bénéficié de trois plans de soutien de Berlin pour un montant global de 3,4 milliards d’euros, dont près de la moitié a déjà été remboursée l’an dernier.
Dans le détail, le groupe placera un peu plus de 328,9 millions d’actions nouvelles, à raison de 8 actions nouvelles pour 3 anciennes, au prix unitaire de 5,55 euros. Ce prix fait ressortir une décote de 39,8% par rapport au prix théorique de l’action ex-droit. La période de souscription des actions nouvelles sera ouverte du 28 mars au 17 avril prochains.
Les actionnaires existants pourront souscrire à cette levée de fonds ou céder leurs droits à un tiers, à l’exception de l’oligarque russe Alexey Mordashov, premier actionnaire du voyagiste avec 30,9% du capital, qui se retrouvera donc dilué à l’issue de l’opération. Les titres TUI détenus par le biais des sociétés Unifirm et Severgroup continuent en effet d’être bloqués en raison des sanctions financières prononcées à son encontre par l’Allemagne depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Aucun droit de souscription ne sera donc accordé à l’homme d’affaires et à ses parties liées.
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720 millions d’euros pour le fonds allemand de stabilisation
Les analystes de Morgan Stanley ont salué une opération qui intervient «bien avant l’échéance de fin 2023 fixée par TUI». Le produit de l’augmentation de capital servira à racheter intégralement la participation silencieuse prise par le fonds allemand de stabilisation économique (WSF) pour 420 millions d’euros et à rembourser 59 millions d’euros émanant d’une obligation convertible assortie d’intérêts accrus. Ce fonds recevra ainsi au total 720 millions d’euros. TUI remboursera par ailleurs 440 millions d’euros à la banque publique KfW, soit le montant tiré sur une ligne de crédit maximale de 2,1 milliards d’euros. Cette facilité perdurera mais «son montant sera réduit de manière significative», souligne le groupe dans son communiqué.
A l’issue de l’opération, l’endettement net du groupe baissera de 30% à 2,4 milliards d’euros par rapport à la fin de son exercice clos le 30 septembre 2022. «Nous réduirons notre charge d’intérêts et mettons ainsi en place une base solide pour assurer notre croissance future et améliorer notre rentabilité», a déclaré le président du directoire, Sebastian Ebel, en constatant «une tendance encourageante dans les réservations».
Selon les calculs des analystes crédit de Spread Research, «le levier financier net de TUI tombera à 3,1 fois son excédent brut d’exploitation, contre un ratio de 3,9 fois à la fin de l’exercice 2022». En intégrant le paiement d’un dividende au fonds de stabilisation allemand, «la charge annuelle d’intérêts devrait diminuer dans une fourchette comprise entre 80 millions et 90 millions d’euros», relèvent-ils.
Un processus récemment bouclé pour Air France-KLM
La décision de TUI s’ajoute aux initiatives prise par d’autres acteurs européens du tourisme, notamment dans le transport aérien et l’hôtellerie, pour dénouer dès que possible les liens financiers contractés avec les pouvoirs publics à cause de la fermeture des frontières au plus fort de la pandémie.
Outre-Rhin, Lufthansa a été l’un des plus rapides en finalisant dès novembre 2021 le remboursement des 3,8 milliards d’euros tirés sur une ligne de crédit de 9,8 milliards d’euros mise à sa disposition avec une garantie de l’Etat fédéral (PGE).
Le processus a été plus long pour Air France-KLM, le transporteur franco-néerlandais ayant achevé voici seulement dix jours le remboursement du PGE de 4 milliards d’euros octroyé à sa filiale française en mai 2020. Il lui reste par ailleurs 1,2 milliard d’euros à rembourser sur un prêt d’actionnaire de 3 milliards d’euros, assorti d’une maturité de 4 ans, obtenu de l’Etat français au printemps 2021. KLM a bouclé dès juin 2022 le remboursement des 942 millions d’euros tirés sur sa ligne de crédit de 3,4 milliards d’euros garantie par le gouvernement néerlandais.
La foncière AccorInvest, ex-filiale du groupe Accor, a de son côté prévu de rembourser à partir de cette année, en plusieurs étapes, le PGE de 477 millions d’euros contracté en janvier 2021.
Dans l’Hexagone, seul un petit nombre de PGE a rencontré des difficultés de remboursement jusqu’à présent. Un des cas les plus emblématiques est le groupe Pierre & Vacances, dont le PGE a été converti en capital pour un montant de 215 millions d’euros acquis par les banques.
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