
TRANSPORTS L’assurance s’adapte

Apporter partout des solutions pour sortir de la dépendance à la voiture individuelle, accélérer le développement de nouvelles solutions de mobilité, tirer parti de la révolution digitale, réussir la transition écologique et construire une programmation des infrastructures au service des transports du quotidien. Dans la loi d’orientation des mobilités (LOM), qui reviendra au Parlement après l'été, les sujets foisonnent. S’il lui a fallu près de deux ans pour voir le jour, elle marquera un tournant.
« La LOM ne parle pas d’assurance, mais clarifie les choses concernant l’occupation de l’espace urbain par les véhicules allant à 6 km/h ou 25 km/heure », remarque Blandine Chaghal, directrice commerciale direct et membre du comité exécutif d’Aviva France. Ces derniers mois, le débat sur l’encadrement des trottinettes et autres NVEI (nouveaux véhicules électriques individuels) a fait rage, jusqu’au décès dans la capitale d’un conducteur de trottinette électrique, le 10 juin. Anne Hidalgo, maire de Paris, venait d’annoncer son intention d’adopter de nouvelles mesures. Depuis janvier, les usagers de trottinettes électriques qui roulent sur les trottoirs sont verbalisés. Depuis mars, cette verbalisation a été étendue aux trottinettes dont le stationnement gêne les piétons. Début mai, une charte de bonnes pratiques a été instaurée, signée par tous les opérateurs, comme dans d’autres villes de France. Depuis, la maire de Paris demande aux opérateurs de brider la vitesse des trottinettes électriques. Avec la LOM, elle va pouvoir lancer un appel d’offres pour limiter à trois le nombre d’opérateurs dans la capitale, qui compte près de 20.000 trottinettes électriques en circulation. Sinon, « elles seraient 40.000 en fin d’année, pointe Delphine Asseraf, responsable de l’écosystème « Ma mobilité » d’Allianz France. Cela fait tout juste un an que la première flotte s’est installée en France ! »
La loi va réguler les voies de circulation. « La dangerosité va avec la vitesse : la plupart des NVEI roulent à 25 km/heure, rappelle Delphine Asseraf. Les nouvelles règles permettront à ces engins de rouler sur les trottoirs sans aller au-delà de 6 km/h et en fonction des autorisations locales. Au-delà, il faudra utiliser les voies cyclables ou la chaussée dans la limite des zones limitées à 50km/heure. Dans les villes, à Angers, Bordeaux ou Lyon, comme à Paris, le marquage au sol est déjà bien avancé. »
Absente de la loi
Avec la création des autorités organisatrices de la mobilité (AOM), la LOM est d’abord un outil à la main des collectivités territoriales qui pourront mettre en place des solutions de covoiturage, autopartage, transport à la demande, etc. Pour les déplacements pendulaires, un forfait mobilité durable est créé, permettant aux employeurs de verser jusqu’à 400 euros par an, sans charges ou impôts, aux salariés ayant recours au vélo ou au covoiturage. Edenred a déjà annoncé son offre. « Notre ambition, avec la création de Ticket Mobilité®, est d’offrir la meilleure expérience digitale possible à nos entreprises clientes et à leurs salariés, pour la prise en charge des trajets domicile-travail, comme nous le faisons déjà autour de la pause-déjeuner avec Ticket Restaurant® », explique Julien Tanguy, directeur général d’Edenred France. Non obligatoire, cet accompagnement financier ne devrait pas avoir d’effet à court terme, même si certains groupes y verront un vecteur de bien-être au travail valorisant une démarche RSE. Dans cette optique, la LOM doit accélérer la transition de tous les parcs de véhicules, avec par exemple sur les véhicules légers le double objectif de multiplier par cinq les ventes de voitures électriques d’ici 2022. Enfin, elle traduit les dispositions du plan vélo de septembre 2018. Le vélo devient un mode de transport à part entière. De quoi conforter l’offre Roulons Vélo d’AG2R La Mondiale qui, à travers la location longue durée (lire page 24) propose un vélo avec un ensemble de services et d’accessoires (casques, cadenas, GPS, etc.). Le client peut aussi souscrire à une assurance (vol, casse, tous risques) ainsi qu’un service d’assistance en cas de panne et d’extension de garantie.
Toutefois, la LOM ne parle pas d’assurance. Or, les NVEI n’ont pas de cadre propre. « Actuellement, les assureurs répondent aux besoins des nouveaux moyens de locomotion en les faisant entrer dans des cases déjà existantes : multirisque habitation pour les vélos à assistance électrique (mais pas les ‘speed bikes’ qui atteignent 45 km/heure), assurance moto pour les trottinettes (ou les ‘speed bikes’), etc., souligne Bruno Pelissier, président adjoint de la Fédération nationale des syndicats d’agents généraux (agéa) et agent général Allianz. Pourtant, un individu utilise parfois plusieurs moyens de déplacement dans une même journée. »
Assimilés à des véhicules terrestres à moteur (VTM), les trottinettes électriques, gyropodes, gyroroues et hoverboards circulant sur la route doivent au moins être couverts par une assurance responsabilité civile (RC). « Le Fonds de garantie des assurances obligatoires a rappelé récemment cette obligation », insiste Blandine Chaghal. Les assureurs commencent à se positionner. Allianz France a ainsi une offre avec deux possibilités : la RC seule ou la RC et l’individuelle accident. « Nous avons lancé notre offre en novembre 2018, rappelle Delphine Asseraf. A cette date, 54 % des Français ignoraient qu’ils devaient s’assurer, selon le sondage que nous avions réalisé avec YouGov. » Nombreux sont encore ceux qui ne savent que la RC de leur multirisque habitation (MRH) peut exclure l’usage des NVEI. Aviva France a fait un choix différent : « Depuis un an, nous proposons un contrat individuel d’assurance corporelle pour tous les trajets, indique Blandine Chaghal. La responsabilité civile est en option car elle peut être intégrée aux contrats de MRH ou de carte bancaire. Dans notre portefeuille, 40 % la prennent. Nous proposons aussi une option d’assistance dans un périmètre de 20 km pour tous ceux qui prennent leur vélo ou trottinette avant le métro ou le RER. » Le courtier Assu 2000 a quant à lui commercialisé un contrat Generali pour les NVEI et véhicules à assistance électrique allant jusqu’à 40 km/h, comprenant les garanties casse, vol, incendie, RC, individuel accident et protection du conducteur, tandis qu’April propose la RC seule pour toutes les trottinettes. Difficile pour les utilisateurs de savoir ce dont ils ont vraiment besoin. « Les NVEI sont des véhicules à moteur qui doivent donc être assurés à part entière, résume Delphine Asseraf. En revanche, les vélos à assistance électrique sont bien couverts par la responsabilité civile des contrats de MRH. » Mais « les utilisateurs ont d’abord peur de se blesser », constate-t-elle. Ce sont dès lors les garanties corporelles qui comptent. « Il est inconcevable qu’aucune information sur l’assurance ne soit donnée aux utilisateurs, se navre Bruno Pelissier. Par exemple, les garanties des accidents de la vie (GAV) excluent systématiquement la conduite de VTM. »
La data au secours de la tarification
Lorsque l’utilisateur n’est pas propriétaire du véhicule, c’est encore plus compliqué. Axa a passé un accord avec Tier Mobility pour une couverture complète en Allemagne et en France. « Pour les trottinettes en ‘free floating’ (locations sans station d’attache), savoir qui doit s’assurer a fait débat. La FFA prône une assurance obligatoire de l’opérateur pour la responsabilité civile », indique Bruno Pelissier. « Le calcul du tarif est moins évident que pour une assurance individuelle surtout pour des trajets de 15 minutes en moyenne », souligne Blandine Chaghal. L’évolution de l’usage – avec 4 ou 5 conducteurs par jour sur Cityscoot, par exemple – induit une nouvelle approche de la tarification et une capacité à la faire évoluer en fonction de la data. Allianz France en fait l’expérience avec Drivy. « La facturation va de quelques centimes à quelques euros pour le conducteur. Nous proposons une couverture tous risques, déclare Delphine Asseraf. Nous travaillons avec la FP2M (Fédération des professionnels de la micro-mobilité), directement avec certains de ses membres, comme Wetrott, mais aussi Knot, deux opérateurs de trottinettes en libre-service, et d’autres opérateurs de la ‘sharing economy’ tels que Car2go, Moovin, Drivy, Cityscoot… ». Allianz se prépare aussi à l’arrivée des véhicules autonomes de niveau 4 ou 5.
« Aujourd’hui, sur une dizaine d’acteurs parisiens, deux ou trois seulement ont référencé un assureur, révèle Delphine Asseraf. La question de la rentabilité se pose – pour eux comme pour nous. » Allianz avance néanmoins son expérience dans l’économie collaborative pour proposer des assurances à l’usage. « 80 % des acteurs de la ‘sharing economy’ interviennent dans la mobilité, précise Delphine Asseraf également en charge de l’écosystème « Sharing Economy » du groupe. Nous sommes persuadés qu’il y aura de plus en plus de plates-formes de mobilité avec différents modes de transports, dont la voiture. » La LOM y pousse.

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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse -
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Orem - Boeden Seitzinger est encore «traumatisé» par la mort de Charlie Kirk. Cet électricien américain était dans les tous premiers rangs du rassemblement où l’influenceur pro-Trump a été tué d’une balle dans le cou. «J’ai vu le sang jaillir de son artère carotide», raconte à l’AFP le jeune homme, coiffé d’une casquette rouge «Make America Great Again». «Il était évident qu’il n’allait pas s’en sortir. C'était terrifiant.» Malgré la mort de cette figure de la droite américaine, il rejette en bloc l’idée d’instaurer des contrôles plus stricts pour obtenir des armes à feu aux Etats-Unis. "Ça n’aurait rien changé. Quand on veut, on peut, les gens se procurent des armes, quoi qu’il arrive», souffle-t-il, lors d’une veillée à la mémoire du militant conservateur à Orem, dans l’Utah (ouest). Un suspect est actuellement en garde à vue pour le meurtre de M. Kirk. Les autorités n’ont pas encore expliqué dans quelles conditions le fusil à lunette, retrouvé dans des bosquets près de la scène de crime, a été acquis. Mais une chose est sûre : l’Utah, où l’influenceur a trouvé la mort, est un des Etats les plus permissifs en matière d’armes à feu. Dans cette région très conservatrice, les adultes peuvent porter des armes à feu sans permis, sauf pour les jeunes âgés de 18 à 20 ans. Sur les campus, comme celui de l’université Utah Valley, où M. Kirk a été tué, avoir une arme est possible à condition d’avoir un permis. Défenseur du deuxième amendement Âgé de 18 ans, M. Seitzinger a grandi en chassant avec sa famille et s’est procuré il y a quelques mois son premier fusil. L’achat a pris trente minutes, temps nécessaire pour que la boutique vérifie ses antécédents. Il refuse toute règle qui l’aurait obligé à attendre plusieurs jours. «Ce n’est pas ce que Charlie aurait voulu», estime-t-il. «Charlie disait souvent que le danger d’une arme à feu vient uniquement de son propriétaire. Il ne faut pas blâmer l’arme à feu, mais plutôt la personne qui la brandit», reprend-il. «Le fait qu’il soit mort ne m’inspire pas une peur des armes à feu, cela me rend méfiant envers les gens.» Le militant, qui a été abattu alors qu’il répondait à une question sur les tueries par armes à feu, était un ardent défenseur du deuxième amendement de la Constitution américaine. Il avait par exemple estimé que «cela vaut la peine, hélas, de déplorer chaque année un certain nombre de morts par arme à feu afin de pouvoir jouir du deuxième amendement, qui protège nos autres droits offerts par Dieu». Avec plus d’armes à feu en circulation que d’habitants, les Etats-Unis affichent le taux de mortalité par arme à feu le plus élevé de tous les pays développés. En 2024, plus de 16.000 personnes, sans compter les suicides, ont été tuées par arme à feu, selon l’ONG Gun Violence Archive. «Dissonance» Les gouvernements successifs n’ont jusqu'à présent pas réussi à endiguer les tueries, fléau de la vie quotidienne systématiquement suivi des traditionnelles «prières» envoyées par la classe politique. A 73 ans Reed Fansworth, a lui aussi prié pour M. Kirk avec des centaines de personnes lors de la veillée. Dans la foule, ce manager d’une entreprise d’informatique a aperçu quelques personnes porter des armes, et s’est senti rassuré. «L’Utah, c’est un peu le Far West», sourit-il, grand drapeau étoilé en main. «Quand tout le monde porte une arme, vous faites attention à votre comportement.» «La mort de Charlie ne change pas grand-chose», poursuit-il. «Nous devons nous préoccuper des personnes qui ressentent cette colère, mais nous ne devons pas retirer les armes de tout le monde.» De son côté, Leah Marett avoue ressentir une «dissonance», face à l’assassinat de M. Kirk. Mais pour cette étudiante de 25 ans, le débat reste «insoluble». «Il y a tellement d’armes à feu en circulation, même si nous essayions de les retirer, tout le monde ne les rendrait pas», pressent-elle. «Nous laisserions beaucoup de personnes en possession d’armes à feu, et les innocents se retrouveraient sans défense.» Romain FONSEGRIVES © Agence France-Presse -
A Matignon, les partenaires sociaux réclament des preuves de « rupture »
Paris - Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a commencé à consulter les partenaires sociaux, à moins d’une semaine de la mobilisation intersyndicale du 18: comme les oppositions, la CFDT qui a ouvert le bal, a réclamé des preuves de «rupture» avec les orientations budgétaires du gouvernement sortant. Si la secrétaire générale du premier syndicat français a trouvé Sébastien Lecornu "à l'écoute», Marylise Léon a profité de cet entretien pour réaffirmer sa ferme opposition à la suppression de deux jours fériés et à la relance du conclave sur les retraites, une idée «définitivement enterrée» par la CFDT, a-t-elle dit en sortant de Matignon à la mi-journée. «Il n’y a pas eu de terrain d’atterrissage au moment de la fin du conclave, donc on ne reprend pas les discussions», a-t-elle résumé, à l’issue d’une heure et demie de discussions. Alors que le nouveau Premier ministre a prôné des «des ruptures» sur la forme et le fond, la suppression des deux jours fériés, la plus inflammable des mesures d'économie annoncées par François Bayrou cet été, pourrait être abandonnée. Le nouveau locataire de Matignon «a dit qu’il répondrait sur ce sujet prochainement», a sobrement dit Marylise Léon à la presse. Y aura-t-il une reprise dans un autre cadre que le conclave des négociations sur la réforme des retraites ? Selon elle, Sébastien Lecornu «n’a pas donné de position sur ce qu’il allait donner comme suite sur le sujet des retraites». La CFDT est l’un des trois syndicats à avoir discuté jusqu’au terme du conclave lancé par François Bayrou, pour tenter d’amender l’impopulaire réforme des retraites de 2023. Les négociations avaient pris fin sur un constat de désaccord avec le patronat concernant les modalités de prise en compte de la pénibilité. Avant ou après le 18 Les rencontres bilatérales à Matignon doivent se poursuivre avec le président du Medef vendredi à 19H45, avant la CGT, la CFTC et la CFE-CGC lundi et les deux organisations patronales CPME et U2P, lundi et mardi. Le chef de file de FO, Frédéric Souillot, a quant à lui accepté de rencontrer M. Lecornu mais après le 18 septembre, date de la journée intersyndicale de grèves et manifestations. Elle mettra à nouveau les autorités sous pression, après la participation de 197.000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, à la journée du 10 pour demander la fin de l’austérité budgétaire, l’abrogation de la réforme des retraites ou encore plus de justice fiscale. La cheffe de file de la CGT Sophie Binet a appelé de ses vœux «encore plus de manifestations et de grèves» le 18 que le 10. «Nous avons réaffirmé que nous étions plus que jamais motivés pour aller dans la rue et que nous réussirons la mobilisation du 18 septembre», a assuré Marylise Léon vendredi. Le Premier ministre «n’a pas démenti qu’il pourrait y avoir un certain nombre (...) de travaux, sur une contribution des plus hauts revenus», selon des modalités encore floues, a-t-elle évoqué, tout en demandant des «preuves» de la «rupture». Côté politique, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a expliqué vendredi lors de la Fête de l’Humanité que son parti ne censurerait pas Sébastien Lecornu «a priori» mais qu’il le ferait «sans marque profonde d’un changement de politique», disant lui avoir fait «des demandes sur l’augmentation des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites et la diminution des aides accordées aux grosses entreprises». Le PS propose, lui, de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux lignes rouges pour le bloc central. Le numéro un de la CFTC, Cyril Chabanier, entend rappeler lundi au Premier ministre «qu’il ne peut pas repartir sur la même page (budgétaire, NDLR) que l’ancien Premier ministre» car «les efforts reposaient trop sur les travailleurs, les chômeurs, les retraités». Béatrice JOANNIS © Agence France-Presse