
Schneider Electric bascule dans l’après-Tricoire

Une longue page va bientôt se tourner pour Schneider Electric. Lors de la présentation des comptes annuels, Jean-Pascal Tricoire, devenu directeur général en 2006 avant d’être nommé PDG en 2013, a déclaré jeudi que Peter Herweck, âgé de 56 ans, avait été désigné à l’unanimité par le conseil d’administration pour prendre la direction générale du groupe français dans le cadre d’une dissociation des fonctions de direction. Cette nomination, qui sera effective à l’issue de l’assemblée générale prévue le 4 mai, constitue un adoubement pour l’actuel directeur général d’Aveva, société britannique de logiciels dont Schneider a pris le contrôle total à l’automne dernier. Jean-Pascal Tricoire, âgé de 59 ans, conservera la présidence du groupe.
Avant de rejoindre Schneider voici 7 ans, Peter Herweck, de nationalité allemande, a travaillé pour Mitsubishi puis pour Siemens dont il a dirigé la division spécialisée dans les automatismes industriels. «Peter a trente ans d’expérience dans notre industrie et a appris à connaître notre entreprise au cours des sept dernières années. Son expérience dans le domaine des logiciels et de l’automatisation s’accompagne d’un engagement fort pour les valeurs, la culture et l’ambition de notre groupe de devenir une entreprise à impact», a déclaré Jean-Pascal Tricoire lors d’une conférence téléphonique.
Une profonde transformation depuis 20 ans
«Je suis vraiment ravi d’entrer dans cette phase dans un nouveau rôle de soutien et d’aide à l’équipe pour développer sa stratégie», a expliqué le PDG sortant qui restera basé en Asie. Artisan d’une profonde transformation de l’équipementier, il a misé très tôt sur l’efficacité énergétique, l’électrification des transports et la numérisation des secteurs industriels. «Au cours des 20 dernières années, nous avons multiplié notre chiffre d’affaires par quatre, notre résultat net par neuf et nos dépenses de R&D par 3,6», a rappelé le dirigeant, en ajoutant que la capitalisation boursière de Schneider avait été multipliée par sept durant cette période.Le groupe figure désormais au 7e rang de l’indice CAC 40 alors qu’il n’était qu’à la 19e place en 2003. Si l’activité du groupe a doublé en Europe, le chiffre d’affaires a quintuplé en Amérique du Nord et il a été multiplié par huit en Asie-Pacifique.
L’exercice 2022 s’est caractérisé par une demande très forte sur la plupart des marchés du groupe. Le chiffre d’affaires a atteint 34,2 milliards d’euros, en croissance organique de 12,2% d’un an sur l’autre, dont 25 milliards générés par des activités durables. Environ 45% des emballages utilisés par le groupe l’an dernier ont été réalisés sans plastique à usage unique et grâce à du carton recyclé, contre une proportion de 21% en 2021. «Nous avons terminé l’année avec un carnet de commandes record de 16,5 milliards d’euros, soit environ six mois de chiffre d’affaires contre une moyenne antérieure de quatre mois», a souligné la directrice financière, Hilary Maxson.
Un dividende proposé en hausse de 9%
Le bénéfice d’exploitation ajusté hors survaleurs (Ebita) a progressé de 14% à 6 milliards d’euros à périmètre et changes constants et de 21% en données publiées. Le cash-flow libre, en progression de 19% à 3,3 milliards d’euros, permettra au groupe de proposer un dividende en augmentation de 9% à 3,15 euros par action au titre de 2022. Pour l’exercice 2023, Schneider anticipe une progression organique de l’Ebita comprise entre 12% et 16%, accompagnée d’une hausse de 9% à 11% du chiffre d’affaires sur cette même base. Il devrait tirer parti de son carnet de commandes élevé, de moindres contraintes d’approvisionnement et d’une décélération des pressions inflationnistes. La fin du plan d’efficacité engagé en 2020 aboutira en outre à une division par plus de deux des charges de restructuration qui reviendront à environ 100 millions d’euros à partir de cette année.
Malgré ces bonnes perspectives, l’internationalisation grandissantedu groupe préoccupe ses organisations syndicales en France. FO, syndicat majoritaire, craignait ainsi mercredi «la délocalisation de milliers d’emplois» vers l’Europe orientale durant les prochaines années. Ces transferts de postes, démentis par la direction, concerneraient la production mais également la recherche et développement. Ses effectifs en France passeraient ainsi de 14.000 personnes à environ 10.000 salariés à l’horizon 2025. Relevant que 40% des effectifs dans l’Hexagone sont âgés de plus de 55 ans, le syndicat «dénonce le manque de transparence de la direction, qui ne présente pas les véritables orientations stratégiques du groupe en France dans le cadre de la régionalisation Europe». Gérer la mutation d’un groupe très décentralisé, toujours plus international et de moins en moins français figurera à n’en pas douter en tête des chantiers prioritaires de Peter Herweck.
Plus d'articles du même thème
-
Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
Un mois après le début de ce conflit, l’avionneur a lancé le recrutement de salariés permanents pour assurer la continuité de sa production. -
Tesla et Elon Musk poussent la démesure à un niveau inédit
Le constructeur automobile propose à ses actionnaires de voter un plan de rémunération qui permettrait à Elon Musk d’obtenir jusqu’à 1.000 milliards de dollars. A condition que la valorisation de Tesla parte elle-même dans la stratosphère. -
Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
La néobanque a annoncé la nomination de Frédéric Oudéa à la présidence de son activité en Europe occidentale. Il rejoint une ancienne administratrice de la Société Générale, Béatrice Cossa-Dumurgier, qui a récemment été nommée directrice générale de l'entité.
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le Crédit Agricole a bouclé l'acquisition de Banque Thaler
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Les émetteurs français de dette bravent la crise politique
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street recule face au ralentissement de l'emploi malgré la perspective de baisses de taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). La place américaine se montre quelque peu «angoissée» face à un possible «ralentissement économique» aux Etats-Unis, a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers. Le marché du travail a continué à se dégrader en août aux Etats-Unis, avec un taux de chômage en progression, à 4,3%, selon les données officielles publiées vendredi par le ministère du Travail américain. La première économie mondiale a créé seulement 22.000 emplois le mois dernier, un niveau bien inférieur à ceux auxquels les Etats-Unis étaient habitués. Les analystes s’attendaient à 75.000 créations d’emploi, selon le consensus publié par MarketWatch. Les investisseurs demeurent prudents, ne connaissant pour le moment pas encore «toutes les implications de cette faiblesse persistante du marché du travail», notent les analystes de Briefing.com. Le flou autour des droits de douane de Donald Trump risque de continuer à freiner les embauches, a relevé par ailleurs Art Hogan, analyste de B. Riley Wealth Management. Mais ce rapport sur l’emploi donne aussi le feu vert à un assouplissement monétaire de la part de la banque centrale américaine (Fed) lors de sa réunion de septembre, avec la possibilité d’un futur coup de fouet pour l'économie. Il «laisse également entendre que d’autres mesures seront nécessaires pour stabiliser le marché du travail avant la fin de l’année», a noté Samuel Tombs, analyste de Pantheon Macroeconomics. Les acteurs du marché s’attendaient déjà à ce que le Fed réduise ses taux dans une fourchette de 4,00% à 4,25% lors de sa prochaine réunion. Désormais, ils sont aussi une majorité à anticiper d’autres baisses lors des réunions d’octobre et de décembre, selon l’outil de veille FedWatch CME. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, les taux d’intérêt ont nettement reculé. Vers 20H15, le rendement de l’obligation d’Etat américaine à échéance 10 ans tombait à 4,09%, contre 4,16% jeudi en clôture. A deux ans, il reculait à 3,52% contre 3,59%. Au tableau des valeurs, le géant des semi-conducteurs Broadcom a brillé (+9,41% à 334,89 dollars) après l’annonce de résultats supérieurs aux attentes pour le troisième trimestre de son exercice décalé, tant au niveau de son chiffre d’affaires que de son bénéfice net par action. Le groupe pharmaceutique Kenvue a chuté (-9,15% à 18,66 dollars) après parution d’informations de presse assurant que le ministre américain de la Santé pourrait lier son médicament phare, le Tylenol, au développement de l’autisme chez l’enfant. Selon le Wall Street Journal, le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr, contesté pour ses positions antivaccins, s’apprêterait à lier la prise d’acétaminophène (ou paracétamol) - principe actif du Tylenol aux Etats-Unis ou Doliprane en France - chez les femmes enceintes au développement de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, dont l’autisme. Le spécialiste des véhicules électriques Tesla (+3,64% à 350,84 dollars) a été recherché après que son conseil d’administration a proposé un plan de rémunération inédit sur dix ans pour son patron Elon Musk, qui pourrait lui rapporter plus de 1.000 milliards de dollars, sous conditions, et renforcer son contrôle sur l’entreprise. L'équipementier sportif Lululemon Athletica a plongé (-18,58% à 167,80 dollars) en raison de prévisions ne convainquant pas les analystes. L’entreprise s’attend à un bénéfice net par action compris entre 12,77 et 12,97 dollars pour l’année complète, alors que les anticipations étaient de 14,15 dollars. Nasdaq © Agence France-Presse -
Wall Street clôture en baisse après des chiffres décevants de l'emploi américain
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). Nasdaq © Agence France-Presse -
Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse