
Sanofi s’offre Bioverativ, sans convaincre

Enfin Sanofi réalise une acquisition d’envergure. Faute d’avoir réussi à racheter l’américain Medivation ou le suisse Actelion, le laboratoire français s’offre la biotech américaine Bioverativ, spécialiste de l’hémophilie, pour 11,6 milliards de dollars (9,5 milliards d’euros). Une opération qui permet à Sanofi de renforcer son pôle médecine de spécialités, en particulier dans les maladies rares. Mais les investisseurs n’ont pas manifesté leur enthousiasme. Ce «n’est pas le deal que nous attendions», regrette Barclays. Lanterne rouge du CAC 40, l’action cédait lundi 2,91% à 70,83 euros.
Le prix, de 23 fois l’Ebitda 2017, laisse sceptiques les investisseurs. Un montant «relativement cher» pour Jefferies. Si Sanofi anticipe un effet relutif immédiat sur son bénéfice net par action (BNPA) 2018 et jusqu’à +5% en 2019, le consensus table sur une croissance limitée à moyen terme, tempère Jefferies. «Les perspectives à plus long terme ne sont pas très claires, notamment face à la pression concurrentielle du Hemlibra de Roche», note Kepler. Le laboratoire suisse a obtenu en novembre dernier le feu vert de la FDA américaine pour commercialiser ce traitement de l’hémophilie de type A. La concurrence fait rage sur le segment de l’hémophilie, à l’instar de la tentative d’OPA du danois Novo Nordisk sur le belge Ablynx. Sans compter un autre acteur majeur, l’irlandais Shire. Le marché mondial de l’hémophilie est évalué à 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, pour 181.000 patients, et est attendu en croissance de plus de 7% par an jusqu’en 2022.
D’autres acquisitions de même ampleur
Sanofianticipe un retour sur capitaux investis supérieur au coût du capital d’ici trois ans. Aussi, espère-t-il conserver ses notes «AA» chez S&P Global Ratings et «A1», deux crans en dessous, chez Moody’s. Mais UniCredit estime que les agences pourraient attribuer une perspective négative à leur note, avec un ratio d’endettement ajusté du laboratoire, qui passerait de 1,3 fin 2016 à 1,6 post-acquisition. Pour Jefferies, le ratio de levier restera à 1,3 en 2019. Aussi, le bureau d’analyse voit toujours en Sanofiun potentiel repreneur de la santé grand public de Pfizer. Une activité valorisée autour de 13 milliards d’euros. En effet, Sanofi pourrait ne pas se contenter de ce rachat, ayant la capacité «de réaliser d’autres acquisitions de même ampleur», a précisé hier son directeur financier.
Bioverativ, issu de la scission de l’activité hémophilie de Biogen en début d’année dernière, a généré en 2016 un chiffre d’affaires de 887 millions de dollars, grâce aux ventes et redevances sur ses deux produits (Eloctate, pour l’hémophilie de type A, et Aprolix, pour l’hémophilie de type B). Pour 2017, le consensus Bloomberg table sur 1,16 milliard de dollars de chiffre d’affaires pour 338 millions de résultat net ajusté. La biotech détient également en portefeuille un programme de recherche en phase 3 et d’autres en stade précoce.
Sanofi offre 105 dollars par action en numéraire, soit une prime de 64% sur le dernier cours, mais de plus de 150% par rapport au cours d’introduction de janvier 2017. L’OPA devrait débuter en février et être finalisée dans les trois mois.
L’acquéreur compte financer l’opération, moitié par sa trésorerie et moitié par l’émission d’un emprunt. Le directeur financier a précisé hier que le taux de financement moyen de ce rachat serait de 1%.
Plus d'articles du même thème
-
Jeito mise sur le concepteur d'un nouveau traitement des troubles immunitaires
Après la spectaculaire cession de Hi-Bio à Biogen en 2024, Jeito Capital mise sur un autre spécialiste des maladies auto-immunes complexes, Odyssey. -
Novo Nordisk acte ses difficultés en supprimant des milliers de postes
Le laboratoire danois invoque une intensification de la concurrence sur le marché des traitements contre l’obésité pour justifier une restructuration qui entraînera la suppression de 9.000 emplois et des coûts exceptionnels de 8 milliards de couronnes. -
Novartis renforce son portefeuille cardiovasculaire avec le rachat de Tourmaline Bio
Le laboratoire suisse va débourser 1,4 milliard de dollars dans le cadre d’une OPA. Il offre une prime de 59% sur le dernier cours. Le produit candidat de Tourmaline Bio est prêt à entrer en phase 3 de développement.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
La Bourse de New York termine sans direction claire
Washington - La Bourse de New York a terminé sans direction claire mercredi, les investisseurs se montrant attentistes avant la publication jeudi d’un nouvel indicateur d’inflation côté consommateur aux Etats-Unis, susceptible de donner de nouveaux indices sur la trajectoire privilégiée par la banque centrale américaine (Fed). L’indice élargi S&P 500 (+0,30%) et l’indice Nasdaq (+0,03%) ont tous les deux grappillé de nouveaux records, respectivement à 6.532,04 points et 21.886,06 points. Le Dow Jones a, pour sa part, perdu 0,48%. Nasdaq © Agence France-Presse -
Yémen : 35 morts et 131 blessés dans des raids israéliens sur les Houthis
Sanaa - L’armée de l’air israélienne a bombardé mercredi des sites des Houthis au Yémen, faisant 35 morts et 131 blessés, ont indiqué ces rebelles, qui contrôlent de larges pans du pays y compris la capitale Sanaa. «Le nombre de martyrs et de blessés parmi les citoyens victimes du crime sioniste perfide est passé à 35 martyrs et 131 blessés», a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anees Alasbahi, sur X, en précisant que ce décompte n'était pas définitif. Il avait dans un premier temps fait état de neuf morts et 118 blessés, et de recherches dans les décombres pour retrouver des disparus. Les raids ont ciblé la capitale Sanaa et la province de Jawf (nord), où Israël a indiqué avoir frappé des «cibles militaires» des Houthis. «Nous continuerons à frapper. Quiconque nous attaque, nous l’atteindrons», a déclaré après ces raids le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La télévision Al-Massirah, organe des Houthis, a fait état de «martyrs, blessés et plusieurs maisons endommagées dans l’attaque israélienne contre le quartier général de l’Orientation morale», du nom donné aux services de communication des forces rebelles dans la capitale. Un grand panache de fumée grise s’est élevé au-dessus de Sanaa après les frappes, dont le bruit a résonné dans toute la ville, régulièrement attaquée par Israël, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Nos défenses aériennes affrontent actuellement des avions israéliens qui lancent une agression contre notre pays», a déclaré dans l’après-midi le porte-parole militaire houthi, Yahya Saree. Tirs vers Israël Selon deux journalistes de l’AFP à Sanaa, un bâtiment utilisé par les forces armées houthies a été touché. Al-Massirah a également fait état de frappes israéliennes contre des bâtiments gouvernementaux à Jawf. L’armée israélienne, qui avait annoncé la veille avoir intercepté un missile tiré du Yémen, a dit avoir frappé des «camps militaires où des membres du régime terroriste avaient été identifiés, le siège des relations publiques militaires des Houthis et un site de stockage de carburant». Sa nouvelle attaque survient trois jours après qu’un tir de drone, revendiqué par les Houthis depuis le Yémen, a blessé un homme en tombant sur l’aéroport de Ramon, dans le sud d’Israël. Le mois dernier, des bombardements israéliens ont tué le Premier ministre et 11 responsables houthis, dans la plus importante opération israélienne contre ces rebelles proches de l’Iran. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l’aéroport international de Sanaa. © Agence France-Presse -
Famille royale : le prince Harry et le roi Charles III se rencontrent, une première en plus d'un an et demi
Londres - L’heure de la réconciliation a-t-elle sonné ? Le prince Harry et son père le roi Charles III se sont vus mercredi à Londres pour une rencontre brève mais inédite depuis plus d’un an et demi. Le fils cadet du roi, qui a rompu avec sa famille depuis son départ pour les Etats-Unis en 2020 avec son épouse Meghan, a rejoint son père dans sa résidence londonienne de Clarence House en fin d’après-midi. Charles et le duc de Sussex ont partagé un thé en privé, selon l’entourage royal. Contacté par l’AFP, le palais n’a pas immédiatement confirmé. Le prince est arrivé dans une voiture noire vers 17H20 (16H20 GMT) puis est reparti un peu moins d’une heure plus tard, a constaté un journaliste de l’AFP. Charles III, qui séjournait en Ecosse, avait lui été aperçu par des médias britanniques quittant une base militaire près de Londres, où il avait atterri en début d’après-midi mercredi. Avant de s’entretenir avec son fils, il a présidé à Londres son conseil privé et rencontré un rescapé de l’Holocauste. Il doit repartir au château de Balmoral, sa résidence écossaise, dès jeudi. Les deux hommes ne se sont pas vus depuis février 2024, quand Harry avait fait un déplacement express au Royaume-Uni après avoir appris que son père, âgé de 76 ans, souffrait d’un cancer, pour lequel il est toujours soigné. A l'époque, leur rencontre, également à Clarence House, avait duré moins de trois quarts d’heure et Harry était reparti pour la Californie le lendemain. Il est depuis revenu trois fois à Londres, sans son épouse Meghan, très critiquée au Royaume-Uni, ni leurs enfants, Archie et Lilibet, et sans rencontrer la famille royale. Spéculations Harry est arrivé lundi au Royaume-Uni pour une série d’engagements auprès d’associations caritatives qu’il soutient. Il s'était aussi recueilli sur la tombe de sa grand-mère la reine Elizabeth II, trois ans jour pour jour après son décès, le 8 septembre 2022. Avant sa rencontre avec son père, il avait visité un centre de recherche dédié aux blessés dans des explosions, à l’Imperial College de Londres. Depuis plusieurs semaines, les spéculations allaient bon train sur une éventuelle rencontre avec le roi. Surtout depuis que le tabloïd Mail on Sunday avait révélé que le chargé de communication du roi, Tobyn Andreae, et la nouvelle responsable de la communication du prince, Meredith Maines, s'étaient rencontrés début juillet à Londres. Le prince, âgé de 40 ans, avait confié en mai à la BBC qu’il «aimerait beaucoup (se) réconcilier avec (sa) famille». «Je ne sais pas combien de temps il reste à mon père», avait ajouté le frère cadet de William, l’héritier de la couronne. Depuis qu’il a renoncé à ses obligations royales et déménagé en 2020 en Californie avec sa femme Meghan, Harry s’en est pris publiquement à plusieurs reprises à la famille royale. En mars 2021, il avait donné une interview explosive à la reine américaine du talk show Oprah Winfrey, insinuant que certains membres de la famille royale étaient racistes. Après une docu-série sur Netflix en décembre 2022, dans lequel il égratignait encore «la firme» - le surnom de la famille royale - il a publié ses mémoires, «Le Suppléant», début 2023, critiquant son frère William, sa belle-soeur Kate ou encore sa belle-mère Camilla. Malgré son départ, il n’a pas coupé les ponts avec le Royaume-Uni, où il mène notamment une croisade judiciaire, au succès jusqu’ici mitigé, contre les tabloïds britanniques. Il a aussi perdu un autre combat judiciaire pour obtenir une protection policière similaire à celle qu’il avait lorsqu’il était un membre actif de la famille royale. Marie HEUCLIN © Agence France-Presse