
Repsol est contraint de renoncer à l’extension d’un terminal gazier au Canada

Il y a loin de la coupe aux lèvres. Cet adage semble s’appliquer à certains projets visant à remplacer en Europe les importations de gaz russe par du gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance d’Amérique du Nord.
L’énergéticien espagnol Repsol avait lancé l’an dernier une étude de faisabilité en vue d’agrandir son usine de regazéification de Saint-Jean, située dans l’Etat du Nouveau-Brunswick. Cette usine, qui importe à l’heure actuelle du gaz à partir du territoire américain, le redistribue à des fins industrielles ou pour produire de l’électricité dans l’est du Canada et le nord-est des Etats-Unis, avec une capacité suffisante pour chauffer environ 5 millions de foyers. A long terme, l’objectif était de convertir cette usine en centre de liquéfaction d’hydrogène vert, suscitant ainsi l’intérêt de l’Allemagne qui mise gros sur cette technologie émergente.
Mais les investissements nécessaires pour concrétiser ce projet ont finalement dissuadé Repsol. «A la suite de l’étude menée par l’entreprise, il a été décidé de ne pas donner suite à l’ajout d’une capacité de liquéfaction de l’usine de Saint-Jean car les implications de ce projet l’ont rendu non rentable», a déclaré jeudi soir Michael Blackier, porte-parole de la filiale de Repsol qui exploite le terminal gazier. Outre la construction d’un nouveau site de liquéfaction, ce projet aurait nécessité de moderniser un gazoduc exploité par le canadien TC Energy pour acheminer le gaz d’un bout à l’autre du pays.
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Aucun terminal d’exportation de GNL dans le pays
«Il incombe à chaque entreprise concernée de s’assurer de la viabilité économique des projets qu’elle défend», a déclaré Ian Cameron, porte-parole de Jonathan Wilkinson, ministre canadien des ressources naturelles. «Dans le cas de l’usine de Saint-Jean, l’initiateur du projet nous a informés que l’évaluation conduite a débouché sur une absence de rentabilisation car le coût de transport du gaz sur de longues distances est trop élevé», a ajouté le porte-parole. Alors qu’il n’existe à l’heure actuelle aucun terminal d’exportation de gaz naturel en exploitation au Canada, d’autres projets sont en discussions, mais celui du groupe espagnol semblait le plus prometteur car il s’appuyait sur des installations existantes, ce qui aurait sans doute facilité l’obtention des autorisations réglementaires.
Pieridae Energy, basé à Calgary, a prévu de construire une usine de liquéfaction en Nouvelle-Ecosse en vue d’y acheminer du gaz, extrait dans l’Alberta, qui serait ensuite exporté vers le continent européen.
Ce projet, susceptible d’inclure la construction d’une unité flottante de liquéfaction, nécessiterait un nouveau gazoduc transitant par le Québec car l’infrastructure existante est déjà utilisée à pleine capacité. De son côté, la société LNG Newfoundland songe à bâtir une unité de liquéfaction au large de Terre-Neuve, ce qui suppose la mise en place d’un gazoduc sous-marin d’environ 600 km pour transporter le combustible vers des installations terrestres de liquéfaction avant son expédition vers l’Europe.
Le principal écueil à l’ensemble de ces projets est leur mise en œuvre lointaine, au plus tôt en 2025, alors que les besoins plus immédiats de l’Europe pourront sans doute à cette échéance être satisfaits par des importations gazières à partir de pays plus proches comme la Norvège ou l’Algérie. Ces projets sont par ailleurs en contradiction avec les engagements pris par le Canada et l’Union européenne en matière de réduction des gaz à effet de serre.
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