
Renault porte Luca de Meo à sa tête pour relancer les ventes et l’Alliance

Renault a un nouveau pilote. Le constructeur automobile a confirmé hier la nomination de l’ancien président du comité exécutif de Seat, Luca de Meo, au poste de directeur général. Le futur responsable aura pour mission de redresser les performances commerciales du constructeur au losange et de resserrer ses liens distendus avec son partenaire japonais Nissan au sein de leur alliance avec Mitsubishi. Luca de Meo, dont la nomination par le conseil d’administration du groupe avait été largement anticipée par les médias et les marchés, prendra ses fonctions le 1er juillet, est-il précisé dans un communiqué.
Alors que son nom circulait déjà en novembre, la nomination de Luca de Meo à la direction générale du constructeur automobile français a été retardée par de longues négociations avec le groupe allemand Volkswagen sur les termes du départ du dirigeant de sa marque espagnole Seat, ont indiqué des sources citées par le Wall Street Journal. Il avait démissionné de son poste de président du comité exécutif de Seat au début janvier.
Retour aux sources
«Luca de Meo par son parcours, par son expérience et par sa réussite dans ses précédentes fonctions, réunit toutes les qualités pour contribuer au développement et à la transformation du groupe Renault dans toutes ses dimensions», a souligné le constructeur, à l’issue de son conseil d’administration.
En octobre, Renault avait limogé son directeur général Thierry Bolloré et nommé sa directrice financière, Clotilde Delbos, directrice générale par intérim.
Clotilde Delbos, qui continuera d’assumer ses fonctions jusqu'à l’entrée en fonction de Luca de Meo, deviendra directeur général adjoint de Renault, à compter du 1er juillet.
L’arrivée de Luca de Meo chez Renault marque un retour aux sources pour ce cadre de l’industrie automobile, né à Milan en 1967 et qui parle cinq langues, dont le français. Luca de Meo a débuté sa carrière chez Renault avant de rejoindre Toyota Europe puis Fiat, où il a dirigé les marques Lancia, Fiat et Alfa Romeo. En tant que directeur du marketing de Fiat, Luca de Meo a été l’un des moteurs de la stratégie de renaissance de la Fiat 500, l’un des modèles les plus vendus par la société.
En 2009 il a été appelé par Volkswagen afin de superviser les ventes et le marketing de la marque VW puis a pris la direction de Seat en 2015. Sous son mandat, le constructeur espagnol a publié son premier bénéfice depuis une décennie. En 2019, Seat a vendu 518.000 véhicules, en augmentation de 10,5% par rapport à l’année précédente. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 10 milliards d’euros, soit une hausse de 3%, et ses bénéfices avant impôts ont augmenté de 33% pour atteindre 254 millions d’euros.
Bien qu’il soit très apprécié et respecté chez Volkswagen, Luca De Meo ne semblait pas en mesure de diriger le groupe allemand à court terme. A 60 ans, l’actuel président du directoire de Volkswagen, Herbert Diess bénéficie du soutien des principaux actionnaires et représentants de salariés. Même si le poste s'était libéré, Luca de Meo aurait dû affronter une rude concurrence en interne, comme celle du directeur de Porsche, Oliver Blume. Volkswagen n’a jamais eu de patron non allemand.
Renault cherche un nouveau souffle après la baisse de ses ventes et de ses bénéfices en 2019 et l'échec de sa fusion avec Fiat Chrysler Automobiles (FCA).
Rebâtir l’Alliance, une priorité
Renault doit notamment consolider et relancer son alliance avec le japonais Nissan, mise à rude épreuve par l’arrestation fin 2018 au Japon de Carlos Ghosn, ancien PDG de Renault et ancien président de Nissan et Mitsubishi. Ce dernier, accusé de malversations chez Nissan, a fui le Japon pour se réfugier au Liban. Il a engagé une procédure aux prud’hommes contre Renault afin de faire valoir ses droits à la retraite.
Le nouveau directeur général de Renault devra notamment régler la question de la future structure de l’alliance. Renault détient 43,4% de Nissan, qui contrôle de son côté 15% du capital du français mais ne dispose pas de droits de vote. Les deux partenaires ont tenté d'élaborer un nouvel accord lors de négociations secrètes l'été dernier, mais n’ont pas réussi à trouver un compromis.
Même si les deux groupes se veulent rassurants sur la solidité de leur Alliance et leur capacité à poursuivre leur travail en commun, les investisseurs restent sceptiques. Le titre Renault a chuté de 42% depuis un an et évolue à un plus bas depuis 2012. Celui de Nissan a perdu 35%.
«Cette nomination pourrait soulever des questions clés quant à la capacité de Luca de Meo à restructurer l’entreprise, à piloter un groupe multiculturel aux accents européen et asiatique et à gérer dans le même temps les relations franco-japonaises», commentaient lundi les analystes d’Evercore.
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Anthropic règle un litige majeur sur le droit d’auteur en IA avec un accord à 1,5 milliard de dollars
New York - La start-up américaine d’intelligence artificielle (IA) Anthropic a accepté de verser au moins 1,5 milliard de dollars à un fonds d’indemnisation d’auteurs, ayants droit et éditeurs qui poursuivaient l’entreprise pour avoir téléchargé illégalement des millions de livres, selon un document de justice publié vendredi. Cet accord à l’amiable, d’un montant colossal, constitue une étape marquante dans le débat sur l’utilisation de données pour développer et entraîner les grands modèles d’IA générative. «Cet accord historique est le plus élevé pour une affaire de droits d’auteur», a commenté auprès de l’AFP l’avocat des détenteurs de droits, Justin Nelson, du cabinet Susman Godfrey. «C’est le premier de son genre dans l'ère de l’IA». Fin juin, le juge californien saisi du dossier avait néanmoins estimé que le fait d’alimenter un logiciel d’IA générative avec des oeuvres en théorie protégées par le droit d’auteur ne constituait pas une infraction. Il avait seulement retenu contre Anthropic le téléchargement et le stockage de livres issus de librairies pirates en ligne, reconnaissant la société californienne coupable de ne pas avoir acheté ces ouvrages. «Nous sommes en désaccord avec l’opinion du tribunal selon laquelle on peut séparer le téléchargement d’une oeuvre de son utilisation», a indiqué une porte-parole d’Anthropic. Mais «nous pensons que cet accord va nous permettre de nous concentrer sur notre mission essentielle, plutôt que sur un long contentieux», a-t-elle ajouté. Le montant sur lequel se sont accordées les parties sera au minimum de 1,5 milliard de dollars et pourrait augmenter si la liste définitive des livres concernés, qui n’est pas encore arrêtée, dépassait 500.000, auquel cas Anthropic verserait 3.000 dollars de plus par ouvrage. L’accord doit encore être homologué par le juge William Alsup. Une audience est prévue lundi au tribunal fédéral de San Francisco. «Un début» Cette transaction permet à Anthropic d'éviter un procès, qui devait démarrer début décembre pour déterminer le montant des dommages et intérêts. La start-up risquait d'être condamnée à débourser une somme bien supérieure à celle décidée avec les détenteurs de droit, au point de mettre en péril son existence même. L’accord «va assurer à chaque (plaignant) une indemnisation significative», a fait valoir Justin Nelson, «et il établit un précédent en matière de paiement des détenteurs de droits.» De nombreux autres dossiers sont encore en cours devant des tribunaux américains, initiés par des écrivains, musiciens ou éditeurs de presse pour utilisation non autorisée de leur production. Vendredi, deux écrivains ont lancé un recours, qu’ils souhaitent collectif, contre Apple, accusant le géant de la Silicon Valley d’avoir utilisé des oeuvres contenues dans des bibliothèques pirates pour entraîner les modèles d’IA intégrés dans ses appareils. La plupart des grands acteurs de l’IA générative s’appuient sur la notion juridique d’utilisation équitable («fair use» en anglais), susceptible de limiter l’application du droit de propriété intellectuelle. Dans sa décision de juin, le juge Alsup avait estimé qu’en entraînant ses modèles d’IA, baptisés Claude, avec des milliers de livres, Anthropic s’inscrivait dans le cadre de l’utilisation équitable. «Le principe juridique selon lequel le développement de l’IA sur des oeuvres protégées relève d’une utilisation équitable demeure intact», a souligné la porte-parole d’Anthropic. Cet accord «ne fait que régler un différend sur la façon dont certains documents ont été obtenus», a-t-elle poursuivi. En juin, dans une autre affaire de ce type, concernant Meta, devant la même juridiction, un autre magistrat fédéral avait donné raison au géant des réseaux sociaux, mais tout en expliquant que les plaignants auraient pu soulever des arguments recevables. Les créateurs de contenu, qu’il s’agisse de musique, de livres ou d’articles, s’inquiètent de voir la valeur marchande de leur travail s’effondrer avec l'émergence des interfaces d’IA générative. «Nous espérons qu’il s’agisse du premier exemple d’une longue série de sociétés d’IA à qui on demande des comptes pour le vol de contenu créatif», a réagi l’organisation Human Artistry Campaign, qui milite pour un développement responsable de l’IA. «Ce n’est qu’un début», a écrit l’association sur X, «mais il est marquant et historique.» Thomas URBAIN © Agence France-Presse -
Donald Trump rebaptise le Pentagone en « ministère de la Guerre » pour afficher la puissance américaine
Washington - Donald Trump a signé vendredi un décret visant à rebaptiser le ministère américain de la Défense en «ministère de la Guerre», ajoutant qu’il voulait par là envoyer un «message de victoire» et «de force» au reste du monde. Le président américain a laissé entendre qu’il pouvait se passer d’un vote du Congrès pour procéder à ce changement d’appellation. «Les mots comptent», a dit le chef du Pentagone Pete Hegseth, présent aux côtés de Donald Trump dans le Bureau ovale, assurant que cette nouvelle appellation devait permettre de «restaurer une éthique guerrière». Formellement, il s’agit pour l’instant d’une appellation «supplémentaire», selon un document distribué dès jeudi par la Maison Blanche. Un haut responsable du ministère a indiqué que le coût de cette opération, potentiellement très dispendieuse, deviendrait «plus clair» au fur et à mesure de sa mise en place. Peu après la signature du décret présidentiel, les mots «ministère de la Défense» ont été immédiatement retirés d’un mur dans le Pentagone, devant des caméras de télévision. Le site du ministère a été renommé et Pete Hegseth se présente désormais comme «ministre de la Guerre» sur X. «Nous allons soumettre (ce changement de nom) au Congrès», a prévenu Donald Trump. «Je ne sais pas (si les parlementaires voteront en ma faveur, ndlr), nous verrons bien, mais je ne suis pas sûre qu’ils aient besoin de le faire». «Trop défensif» Ce n’est pas la première fois que le républicain de 79 ans impose ses idées sans passer par la case législative. Son second mandat est marqué par une volonté assumée d'étendre le pouvoir présidentiel, à coups de décrets et de décisions empiétant sur les prérogatives du Congrès. Il a signé vendredi son 200e décret depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Le président des Etats-Unis avait déjà fait part de ce projet qui restaurerait une appellation ayant existé de 1789 à 1947. «Défense, c’est trop défensif, et nous voulons aussi être offensifs», avait-il déclaré. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a mobilisé l’armée pour imposer une image de puissance spectaculaire et combler son appétit de fastes militaires. Il a organisé un rare défilé le jour de son anniversaire, déployé la Garde nationale dans des villes dirigées par ses opposants, et ordonné une frappe exceptionnelle sur un bateau dans les Caraïbes dans le cadre de la lutte affichée contre le narcotrafic. Les démocrates dénoncent régulièrement ce recours aux militaires, révélateur selon eux d’une dérive autoritaire. Contre le «politiquement correct» Le président américain avait eu pendant son premier mandat une relation plutôt contrariée avec l’armée. Son ancien chef d'état-major, le général Marc Milley, l’a qualifié d’"aspirant dictateur». Des articles de presse avaient également attribué à Donald Trump des propos méprisants pour des militaires américains morts au combat. Cette fois, le dirigeant républicain a remanié l'état-major américain pour s’entourer de hauts gradés choisis par ses soins, et a nommé en la personne de Pete Hegseth un ministre à la loyauté farouche. Le chef du Pentagone, adepte d’un discours viriliste et d’opérations de communication musculeuses, a dit vendredi que l’objectif de l’armée américaine était d’atteindre «une létalité maximale, pas une létalité tiède». Il a dit vouloir aller à l’encontre du «politiquement correct». Aurélia END © Agence France-Presse