
Quatre PDG du CAC 40 remettent leur mandat en jeu en 2022

Un tiers des présidents du CAC 40, dont cinq PDG, verront leur mandat se terminer cette année, prévient le bureau de recherche OFG, spécialisé dans l’analyse financière et la gouvernance, dans sa traditionnelle étude de début d’année.
Alors que le PDG est devenu une espèce en voie de disparition, puisqu’ils sont minoritaires dans le CAC 40, comme dans le SBF 120, ceux en renouvellement cette année – près de la moitié des PDG du CAC 40 – opteront-ils pour une dissociation ? Xavier Huillard chez Vinci et Antoine Frérot chez Veolia, «qui ont l’âge de passer la main» pourraient choisir la séparation des pouvoirs afin d’être renouvelés «dans de bonnes conditions», anticipe OFG.
Xavier Huillard, qui sera âgé de 67 ans au moment de l’AG du 22 avril prochain, est PDG depuis 2010. Vinci rappelle dans son dernier document d’enregistrement universel que l’organisation de sa gouvernance est «régulièrement débattue» au sein du conseil et «bien adaptée aux enjeux du groupe». Antoine Frérot, 64 ans lors de l’AG du 15 juin 2022, est aussi PDG de Veolia depuis 2010. Mais est-ce le moment de dissocier à l’heure de l’intégration de Suez ? Quant à Patrice Caine, PDG de Thales depuis 2014, il n’aura que 52 ans lors de l’AG du 11 mai. Toutefois, la nomination du patron du groupe de défense relève de la décision des deux actionnaires (le secteur public et Dassault Aviation) selon leur pacte. Peut-être un atout pour conserver le statut de PDG.
Propriétaire de son entreprise avec 47,5% du capital et 63,5% des droits de vote, Bernard Arnault, PDG de LVMH depuis 1989, choisit le mode de gouvernance de la société. Mais, âgé de 73 ans lors de l’AG du 21 avril 2022, il «pourrait entamer un dernier mandat chez LVMH comme PDG avant d’être rattrapé par les statuts», note OFG. Les statuts fixent une limite d’âge à 75 ans pour le directeur général. Bernard Arnault serait ainsi réputé démissionnaire d’office lors de l’AG 2025. Sauf à modifier les statuts d’ici-là.
Enfin, le PDG d’Orange, Stéphane Richard, démissionnaire après sa condamnation en appel dans l’affaire Tapie, quittera le groupe au plus tard fin janvier. Un nouveau PDG, ou un président et un directeur général pourraient le remplacer et se présenter devant les actionnaires en AG.
Passer de PDG à président non exécutif
En revanche, d’autres successions de président non exécutifs sont connues. Depuis près d’un an, Denis Duverne, chez Axa, a annoncé qu’il serait remplacé en avril 2022 par Antoine Gosset-Grainville. Le mois dernier, le conseil d’Engie a annoncé son intention de confirmer Jean-Pierre Clamadieu comme président s’il est réélu administrateur.
D’anciens PDG devraient rester comme présidents non exécutifs : Paul Hermelin chez Capgemini, Jean-Paul Agon chez L’Oréal et Benoît Potier chez Air Liquide. Qu’en sera-t-il pour Pierre André de Chalendar chez Saint-Gobain ?
Quant à Charles Edelstenne, fondateur et président non exécutif de Dassault Systèmes depuis 2002, il pourrait ne pas se représenter. Agé de 84 ans, il ne resterait en place que quelques mois, étant démissionnaire d’office le jour de ses 86 ans. «Une grande année pour Charles Edelstenne dont les mandats chez Thales et Carrefour arrivent également à échéance», poursuit OFG. Une grande année aussi pour le directeur général Bernard Charlès, également en renouvellement, et qui aura 65 ans en 2022. «Si les statuts ont été récemment modifiés pour le prolonger comme DG [l’AG 2020 a repoussé l’âge limite du DG de 65 ans à 75 ans, ndlr], quid de la présidence avec le départ prévisible de Charles Edelstenne ? Dassault Systèmes n’a jamais cumulé les deux fonctions, ce serait un drôle de signal de le faire maintenant», selon OFG.
Du côté des banques, la Société Générale peut représenter son président pour un dernier mandat, anticipe OFG. Lorenzo Bini Smaghi, président de la banque en rouge et noir depuis 2015, a 65 ans. Les statuts fixent une limité d’âge à 70 ans.
Quatre directeurs généraux « viendront eux aussi défendre leur bilan devant les actionnaires », ajoute OFG. Paul Hudson chez Sanofi, Guillaume Faury chez Airbus, Jean-Laurent Bonnafé chez BNP Paribas, et Thomas Buberl, récemment renouvelé comme directeur général par le conseil d’Axa, «devraient être reconduits sans difficulté», anticipe OFG.
28% des administrateurs du CAC passeront au vote en 2022
En outre, huit mandats d’administrateurs référents arrivent à échéance cette année. OFG anticipe le départ de Jean-Paul Agon, qui ne sera plus indépendant, chez Air Liquide ; mais espère la nomination d’un nouveau référent, même si le groupe a annoncé la dissociation des pouvoirs. Georges Pauget, 75 ans, devrait aussi laisser son siège chez Worldline et Patrick Thomas, qui aura 75 ans, chez Teleperformance. Toutefois, le bureau d’analyse estime que Pierre Fleuriot pourrait poursuivre sa mission chez Renault.
Parmi les cinq mandats de vice-présidents se terminant, OFG s’interroge sur l’omniprésence de Bernard Charlès chez Dassault Systèmes et d’Yves-Thibault de Silguy chez Vinci.
En tout, 28% des administrateurs de l’indice phare parisien arriveront en fin de mandat cette année. Une proportion en ligne avec la durée moyenne des mandats, de 3,6 ans en 2020 dans le CAC 40, selon le dernier rapport du Haut comité de gouvernement d’entreprise (HCGE). Sur ces 158 sièges, dont 87 hommes et 71 femmes (45%), 23 sont occupés par des salariés désignés et 135 seront soumis au vote, dont 80 sièges d’administrateurs indépendants.
Bouygues doit renouveler 71% de son conseil, soit 10 mandats, dont 4 de salariés ou d’actionnaires salariés, tandis que la moitié des administrateurs de Vinci seront soumis au vote des actionnaires.
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