Nhoa lance une augmentation de capital très dilutive contre l’avis des minoritaires

Le spécialiste du stockage d’énergie veut lever 250 millions d’euros, en offrant une décote de 71%. Les actionnaires qui ne participeront pas seront dilués de 91%.
station de recharge pour véhicules électriques
Nhoa vise 22.000 points de charge pour véhicules électriques en 2030  -  Crédit Andreas160578/Pixabay

Des minoritaires mis au pied du mur. Le spécialiste du stockage d’énergie, Nhoa, a lancé mardi son augmentation de capital de 250 millions d’euros. Une opération majeure alors que la société ne capitalisait lundi que 87 millions d’euros… et seulement 37 millions mardi soir, après avoir chuté de près de 58% en Bourse. En un an, l’action perd près de 89% de sa valeur.

En effet, l’opération est très fortement dilutive. Chaque action détenue octroie un droit préférentiel de souscription (DPS) et 9 DPS permettent d’acquérir 88 actions nouvelles au prix unitaire de 1 euro, contre un cours de 3,42 euros lundi. Soit une décote de 71%. La valeur théorique du DPS ressort à 2,18 euros. La décote sur la valeur théorique de l’action ex-droit est de 18%. La période de souscription est ouverte du 1ᵉʳ au 12 septembre inclus, avec une offre au public ouverte uniquement en France. Les actionnaires qui ne participeront pas à l’opération seront dilués de 91%. L’opération est dirigée par Deutsche Bank, avec la Société Générale en co-coordinateur global.

Taïwan Cement Corporation (TCC), actionnaire de contrôle de Nhoa avec 65,15% du capital et des droits de vote, s’est engagé à souscrire à titre irréductible à la hauteur de la totalité de ses DPS, et à la totalité de l’opération si les souscriptions à titre irréductible et réductible ne suffisent pas. En juillet 2021, TCC a finalisé l’acquisition de 60,48% du capital d’Engie EPS auprès d’Engie pour 132 millions d’euros en numéraire, soit un prix de 17,10 euros par action. Engie avait alors dégagé une plus-value de 80 millions d’euros. Il avait pris une participation majoritaire au capital d’Electro Power Systems (EPS) début 2018 au prix de 9,50 euros par action. Dès le rachat de 2021, TCC a renommé Engie EPS en Nhoa. Dans la foulée, la société a réalisé en novembre 2021 une première augmentation de capital de 140 millions d’euros, au prix de 10,96 euros par action, extériorisant une décote de 45%.

Les minoritaires ne voulaient pas une nouvelle levée de fonds

En mai dernier, Nhoa avait annoncé son intention de lever 250 millions d’euros pour financer sa croissance, en émettant une obligation verte à 5 ans à un prix de conversion minimum de 8,26 euros ou en lançant une augmentation de capital avec DPS.

A l’époque, le conseil d’administration et TCC estimaient l’émission d’une obligation convertible verte «la voie la plus favorable», l’opération étant bien moins dilutive qu’une augmentation de capital. TCC avait alors prévenu qu’il s’abstiendrait de voter lors de l’AG du 15 juin sur la résolution autorisant l’obligation convertible verte, «remettant ainsi entre les mains des actionnaires minoritaires la décision de suivre ou non cette voie». En revanche, il s’engageait à voter pour la résolution autorisant l’augmentation de capital «afin de s’assurer que la société est en mesure de lever les fonds nécessaires».

Or, en AG, la résolution sur la convertible a été rejetée à plus de 57%, alors qu’elle nécessitait au moins les deux tiers des voix. La résolution autorisant l’augmentation de capital a été approuvée à près de 79% (dont 99,8% pour le seul TCC), mais avec l’opposition de la quasi-totalité des minoritaires votants. En réalité, ces derniers ne voulaient donc pas remettre au pot, mais étaient moins opposés à la convertible qu’à l’augmentation de capital. Leur laisser le choix, comme l’a fait TCC, était-ce la meilleure option ? Les minoritaires sont aujourd’hui face à leurs responsabilités.

Financement des stations de recharge

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Les montants levés seront consacrés principalement, à hauteur de 170 millions d’euros, au développement et à l’exploitation, comme propriétaire, de stations de recharge (Atlante) pour véhicules électriques. Le groupe vise 22.000 points de charge en 2030 en Italie, France, Espagne et Portugal, sans financement en capital supplémentaire, sous réserve que l’objectif d’Ebitda en 2025 permette de lever de la dette bancaire et que la cible de 30% de financements publics soit atteinte.

Dans une lettre aux actionnaires, le directeur général, Carlalberto Guglielminotti, se veut optimiste, mettant en avant la plateforme technologique du groupe, avec plus de 130 brevets et 1.200 secrets commerciaux, faisant de Nhoa «l’un des intégrateurs de systèmes de stockage d'énergie les plus reconnus dans le monde.»

Objectif de 15% de marge d’Ebitda en 2025

Fin juillet, Nhoa avait relevé sa prévision de chiffre d’affaires 2023 de 220-280 millions d’euros à 250-280 millions. Il compte désormais atteindre en fin d’année un Ebitda à l’équilibre (hors Atlante), attendu entre -6 millions et +5 millions d’euros sur l’exercice. En 2022, Nhoa avait quintuplé ses ventes à 166 millions d’euros, affichant un carnet de commandes et ordres d’achat de 360 millions. Toutefois, la perte d’Ebitda ajusté s’est creusée, passant de 13 millions à 33 millions, tandis que la perte nette est en quasi-doublement à 52 millions d’euros. Fin 2022, la position financière nette du groupe n’était plus que de 4 millions d’euros, contre 74 millions un an plus tôt. Au 30 juin 2023, cette position était de -76 millions.

A horizon 2025, Nhoa vise 700 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour une marge d’Ebitda d’environ 15%. En 2030, les ventes atteindraient de 3 à 4,4 milliards d’euros, pour une marge d’Ebitda supérieure à 20%.

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