
Microsoft fait l’objet d’une large enquête du gendarme américain de la concurrence

L’autorité de la concurrence des États-Unis, la FTC, a ouvert une vaste enquête antitrust contre Microsoft au sujet notamment de ses activités de licences de logiciels et d’informatique dématérialisée, a déclaré mercredi à Reuters une source au fait du dossier.
L’enquête a été approuvée par la présidente de la FTC, Lina Khan, avant son départ probable en janvier. L'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis et l’espoir qu’il nomme un collègue républicain ayant une approche plus souple à l'égard des entreprises laissent toutefois planer le doute sur l’issue de l’enquête.
La FTC examine les allégations selon lesquelles le géant du logiciel abuse potentiellement de son pouvoir de marché dans le domaine des logiciels de productivité en imposant des conditions de licence punitives pour empêcher les clients de transférer leurs données de son service en nuage Azure vers d’autres plateformes concurrentes, comme l’avaient confirmé des sources au début du mois. La FTC examine également les pratiques liées à la cybersécurité et aux produits d’intelligence artificielle, a déclaré la source mercredi. Microsoft s’est refusé à tout commentaire.
Plaintes de concurrents
NetChoice, un groupe de pression qui représente des entreprises en ligne telles qu’Amazon et Google, qui sont en concurrence avec Microsoft dans le domaine de l’informatique dématérialisée, a critiqué les politiques de licence de Microsoft et l’intégration d’outils d’intelligence artificielle dans Office et Outlook.
«Étant donné que Microsoft est le plus grand éditeur de logiciels au monde et qu’il domine le marché des outils de productivité et des systèmes d’exploitation, l’ampleur et les conséquences de ses décisions en matière de licences sont extraordinaires», a estimé NetChoice.
En septembre, Google s’est plaint à la Commission européenne des pratiques de Microsoft, affirmant que l’entreprise obligeait ses clients à payer une majoration de 400% pour continuer à utiliser Windows Server sur les serveurs en nuage de ses concurrents, et qu’elle leur fournissait des mises à jour de sécurité plus tardives et plus limitées. La FTC a demandé à Microsoft un large éventail d’informations détaillées, a rapporté Bloomberg plus tôt dans la journée de mercredi.
L’agence s'était par ailleurs déjà déclarée compétente pour enquêter sur Microsoft et OpenAI concernant la concurrence dans le domaine de l’intelligence artificielle, et avait commencé à s’intéresser à l’accord de 650 millions de dollars conclu par Microsoft avec la start-up Inflection AI.
Les big techs dans le viseur
Ces enquêtes s’inscrivent dans le cadre d’investigations plus larges qui concernent plusieurs géants américains de la technologie.
Meta Platforms, propriétaire de Facebook, Apple et Amazon.com Inc. ont tous été accusés par les États-Unis de maintenir illégalement des monopoles. Google, la société d’Alphabet, fait l’objet de deux actions en justice, dont une dans laquelle un juge a estimé qu’elle avait illégalement entravé la concurrence entre les moteurs de recherche en ligne.
Le PDG de Microsoft, Satya Nadella, a d’ailleurs témoigné lors du procès de Google, affirmant que le géant de la recherche utilisait des accords d’exclusivité avec des éditeurs pour verrouiller le contenu utilisé pour former l’intelligence artificielle.
A lire aussi: Le second procès contre Google axé sur la publicité touche à sa fin
Il n’est pas certain que Donald Trump se montre moins sévère à l'égard des grandes entreprises technologiques, son premier gouvernement ayant lancé plusieurs enquêtes sur ce type de sociétés. JD Vance, le futur vice-président, s’est en outre dit préoccupé par le pouvoir que les entreprises exercent sur le discours public.
«L’administration Trump s’est montrée agressive dans l’application des lois antitrust», a rappelé Andre Barlow, avocat chez Doyle Barlow & Mazard, soulignant qu’elle avait intenté des poursuites contre Google et Facebook. «Lorsque les administrations changent, les agences n’abandonnent pas nécessairement les enquêtes en cours», a-t-il ajouté, notant cependant que «les changements d’administration peuvent conduire à l'évolution des priorités d’application et à des changements dans l’agressivité avec laquelle certains types de conduite sont examinés».
Microsoft a plutôt bénéficié des politiques de Donald Trump par le passé. En 2019, le Pentagone lui a attribué un contrat d’informatique en nuage d’une valeur de 10 milliards de dollars, alors qu’Amazon était largement pressenti pour le remporter. Amazon a par la suite allégué que Trump avait exercé des pressions inappropriées sur des responsables militaires pour détourner le contrat de son unité Amazon Web Services.
(Avec Reuters)
Plus d'articles du même thème
-
L’UE condamne Google à une amende de 3 milliards d’euros
La Commission européenne préconise que le géant américain cède une partie de ses services de technologie publicitaire incriminés dans la décision. Le groupe va faire appel. -
Google échappe au démantèlement
Le groupe de Mountain View s'évite, dans une décision de justice historique rendue mardi 2 septembre, de devoir se séparer de son navigateur Chrome. Ce verdict esquisse une nouvelle ère réglementaire, plus favorable aux Big Tech, avec le soutien actif de la Maison-Blanche. -
Google va pouvoir garder Chrome et évite le démantèlement
Le géant de la technologie bénéficie d'une décision favorable d'un juge américain qui l'obligera toutefois à partager des informations avec ses concurrents. Son action en profite en Bourse.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le Crédit Agricole a bouclé l'acquisition de Banque Thaler
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Les émetteurs français de dette bravent la crise politique
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street recule face au ralentissement de l'emploi malgré la perspective de baisses de taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). La place américaine se montre quelque peu «angoissée» face à un possible «ralentissement économique» aux Etats-Unis, a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers. Le marché du travail a continué à se dégrader en août aux Etats-Unis, avec un taux de chômage en progression, à 4,3%, selon les données officielles publiées vendredi par le ministère du Travail américain. La première économie mondiale a créé seulement 22.000 emplois le mois dernier, un niveau bien inférieur à ceux auxquels les Etats-Unis étaient habitués. Les analystes s’attendaient à 75.000 créations d’emploi, selon le consensus publié par MarketWatch. Les investisseurs demeurent prudents, ne connaissant pour le moment pas encore «toutes les implications de cette faiblesse persistante du marché du travail», notent les analystes de Briefing.com. Le flou autour des droits de douane de Donald Trump risque de continuer à freiner les embauches, a relevé par ailleurs Art Hogan, analyste de B. Riley Wealth Management. Mais ce rapport sur l’emploi donne aussi le feu vert à un assouplissement monétaire de la part de la banque centrale américaine (Fed) lors de sa réunion de septembre, avec la possibilité d’un futur coup de fouet pour l'économie. Il «laisse également entendre que d’autres mesures seront nécessaires pour stabiliser le marché du travail avant la fin de l’année», a noté Samuel Tombs, analyste de Pantheon Macroeconomics. Les acteurs du marché s’attendaient déjà à ce que le Fed réduise ses taux dans une fourchette de 4,00% à 4,25% lors de sa prochaine réunion. Désormais, ils sont aussi une majorité à anticiper d’autres baisses lors des réunions d’octobre et de décembre, selon l’outil de veille FedWatch CME. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, les taux d’intérêt ont nettement reculé. Vers 20H15, le rendement de l’obligation d’Etat américaine à échéance 10 ans tombait à 4,09%, contre 4,16% jeudi en clôture. A deux ans, il reculait à 3,52% contre 3,59%. Au tableau des valeurs, le géant des semi-conducteurs Broadcom a brillé (+9,41% à 334,89 dollars) après l’annonce de résultats supérieurs aux attentes pour le troisième trimestre de son exercice décalé, tant au niveau de son chiffre d’affaires que de son bénéfice net par action. Le groupe pharmaceutique Kenvue a chuté (-9,15% à 18,66 dollars) après parution d’informations de presse assurant que le ministre américain de la Santé pourrait lier son médicament phare, le Tylenol, au développement de l’autisme chez l’enfant. Selon le Wall Street Journal, le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr, contesté pour ses positions antivaccins, s’apprêterait à lier la prise d’acétaminophène (ou paracétamol) - principe actif du Tylenol aux Etats-Unis ou Doliprane en France - chez les femmes enceintes au développement de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, dont l’autisme. Le spécialiste des véhicules électriques Tesla (+3,64% à 350,84 dollars) a été recherché après que son conseil d’administration a proposé un plan de rémunération inédit sur dix ans pour son patron Elon Musk, qui pourrait lui rapporter plus de 1.000 milliards de dollars, sous conditions, et renforcer son contrôle sur l’entreprise. L'équipementier sportif Lululemon Athletica a plongé (-18,58% à 167,80 dollars) en raison de prévisions ne convainquant pas les analystes. L’entreprise s’attend à un bénéfice net par action compris entre 12,77 et 12,97 dollars pour l’année complète, alors que les anticipations étaient de 14,15 dollars. Nasdaq © Agence France-Presse -
Wall Street clôture en baisse après des chiffres décevants de l'emploi américain
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). Nasdaq © Agence France-Presse -
Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse