
La panne informatique mondiale de Crowdstrike révèle la vulnérabilité des entreprises au risque tech

Retard de cotation à la Bourse de Londres, avions cloués au sol, entreprises paralysées : une panne informatique mondiale perturbe de nombreuses organisations depuis la nuit de jeudi à vendredi.
Initialement attribuées à Microsoft, ces difficultés semblent en réalité dues à un logiciel de protection informatique de la société américaine Crowdstrike et utilisée sur des matériels tournant sous Windows.
Le centre gouvernemental français de veille, d’alerte et de réponse aux attaques informatiques, le CERT-FR, a indiqué sur le réseau social X avoir été informé «d’un incident majeur affectant les systèmes Microsoft Windows disposant de l’EDR (un logiciel de détection des menaces informatiques, ndlr) Crowdstrike Falcon. Cet incident semble provoquer un écran bleu système entraînant un redémarrage du poste». Le CERT-FR ajoute ne pas disposer d’éléments indiquant que cet incident serait lié à une attaque informatique.
De son côté, la filiale dans le cloud de Microsoft, Azure, a indiqué être au courant du problème qui affecte les machines virtuelles fonctionnant sous le système d’exploitation Windows et l’agent Falcon de CrowdStrike qui restent bloquées dans un «état de redémarrage». Le groupe étudie actuellement les options potentielles que ses clients peuvent prendre pour atténuer le problème.
«CrowdStrike travaille activement avec les clients touchés par un défaut détecté dans une seule mise à jour de contenu pour les hôtes Windows. Les hôtes Mac et Linux ne sont pas impactés. Il ne s’agit pas d’un incident de sécurité ou d’une cyberattaque. Le problème a été identifié, isolé et un correctif a été déployé», a indiqué sur X, George Kurtz, le PDG de Crowdstrike.
CrowdStrike is actively working with customers impacted by a defect found in a single content update for Windows hosts. Mac and Linux hosts are not impacted. This is not a security incident or cyberattack. The issue has been identified, isolated and a fix has been deployed. We…
— George Kurtz (@George_Kurtz) July 19, 2024
Crowdstrike chute en Bourse
En raison de ces difficultés informatiques, les indices principaux des Bourses de Londres et de Milan ont coté avec retard ce vendredi matin et de nombreuses compagnies aériennes ont vu leurs opérations perturbées. Plusieurs grandes entreprises semblent également avoir été affectées.
Les systèmes d’exécution de trading de JPMorgan auraient ainsi été perturbés, selon le Financial Times, tandis qu’UBS a connu des problèmes liés aux systèmes hérités de Credit Suisse, problèmes réglés en début d’après-midi vendredi. La plateforme digitale d’investissement de Barclays, Smart Investor, a également été affectée selon Reuters.
En réaction, l’action Microsoft reculait de 0,8% vendredi dans la soirée après avoir perdu jusqu'à 3% dans les échanges avant l’ouverture de Wall Street. De son côté, le cours de Crowdstrike plongeait de 12% vers 20h45 après avoir perdu jusqu'à 15%. Au cours actuel, ce spécialiste de la cybersécurité fondé en 2011 est valorisé plus de 75 milliards de dollars en Bourse.
Dizaines de milliards de dollars
Cette panne informatique pourrait par ailleurs avoir des répercussions sur les assureurs qui «se préparent à recevoir des centaines, voire des milliers, de déclarations de sinistre de la part d’organisations touchées par l'événement Crowdstrike», a déclaré à Reuters Ryan Griffin, associé spécialisé dans la cybercriminalité chez le courtier d’assurance McGill and Partners.
Néanmoins, toutes les entreprises ne sont sans doute pas couvertes contre ce type d'évènement. «Certaines polices d’assurance cyber excluent les événements non malveillants, et il existe des périodes d’attente et des franchises que les entreprises devront prendre en compte avant de déposer une demande d’indemnisation auprès de leurs assureurs», a estimé Nir Perry, directeur général de CyberWrite, une plateforme d’assurance contre les risques cyber, selon des propos rapportés par Reuters. Selon lui, les dommages économiques liés à cette panne pourraient se compter en dizaines de milliards de dollars.
(Avec agences)
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Inondations au Pendjab : les agriculteurs indiens face à une crise sans précédent
Gurdaspur - La saison s’annonçait prometteuse mais les inondations causées par les fortes pluies de la mousson ont dévasté les champs dans le nord de l’Inde, où récoltes et bétail tué en décomposition dégagent une odeur nauséabonde. L’Etat du Pendjab, considéré comme le grenier à blé du pays, a connu cette année des niveaux de précipitations supérieurs de 34% à la moyenne, selon les services de météorologie. Leur bilan est sans précédent: au moins 52 morts, plus de 400.000 habitants sinistrés. Et des dégâts considérables des deux côtés de la frontière qui sépare les Pendjab indien et pakistanais. «Les cultures ont été entièrement détruites», a constaté le ministre indien de l’Agriculture, Shivraj Singh Chouhan, lors d’une récente visite. Le Premier ministre Narendra Modi a annoncé une aide d’urgence de 150 millions d’euros. «Il s’agit des plus graves inondations que nous traversons depuis des décennies», a insisté le chef de l’exécutif du Pendjab, Bhagwant Mann. Un sentiment partagé par les anciens. «La dernière fois que nous avons connu des inondations aussi dévastatrices, c'était en 1988", se souvient Balkar Singh, 70 ans, dans son petit village de Shehzada, à une trentaine de kilomètres de la grande ville d’Amritsar. Les pluies diluviennes de la mousson ont transformé ses rizières en marais et ouvert d'énormes fissures dans les murs de sa maison. Investissements noyés Les inondations et les glissements de terrain sont fréquents de juin à septembre en Inde. Les scientifiques assurent que le changement climatique, combiné au développement mal planifié des infrastructures, a augmenté leur fréquence, leur gravité et leur impact. Coincé entre le fleuve Ravi et la frontière du Pakistan, le village de Toor n’a pas échappé au déluge. Récoltes détruites, bétail noyé et maisons démolies, il n’est plus qu’un champ de ruines. «L’eau a déferlé après minuit le 26 août», témoigne un agriculteur, Surjan Lal. «Son niveau a atteint au moins trois mètres en quelques minutes», poursuit-il. «On s’est retrouvés sur les toits pendant près d’une semaine, impuissants, à regarder l’eau tout emporter, du bétail à nos lits.» Dans le village voisin de Lassia, collé au Pakistan, Rakesh Kumar compte ses pertes. «En plus de celles dont je suis propriétaire, j’ai pris d’autres terres en bail et je me suis lourdement endetté cette année», explique cet agriculteur âgé de 37 ans. «Tous mes investissements sont partis avec l’eau des inondations...» Et comme si ça ne suffisait pas, il y a peu de chance pour que le blé qu’il a planté dans ses champs pour l’hiver lui rapporte grand-chose. «Il faudrait d’abord que toute cette boue sèche», fulmine-t-il, «ce n’est qu’après que les machines pourront évacuer le limon». Et encore, acheminer ces engins sur place relève du défi logistique. Pour ceux qui ne possèdent pas leur terre comme Mandeep Kaur, 50 ans, la situation s’annonce encore plus délicate. Menaces sur le basmati «On gagnait notre vie en travaillant pour les grands propriétaires mais ils sont tous partis», constate l’ouvrière agricole. Sa maison a été entièrement détruite par les eaux, elle est désormais contrainte de dormir sur un matelas posé sous une bâche dans la cour. Le Pendjab est le principal fournisseur du riz et du blé livrés dans le cadre des programmes alimentaires d’urgence réservés aux Indiens les plus modestes. Quelque 800 millions mangent grâce à eux, soit plus de la moitié de la population du pays le plus peuplé de la planète. Les experts estiment que les pertes attendues cette année ne menacent pas encore ces programmes, qui disposent d’importants stocks. «La baisse des récoltes dans le Pendjab indien et pakistanais va lourdement peser sur les prix et les exportations de riz basmati», alerte toutefois Avinash Kishore, de l’Institut international de recherche sur la politique agricole de New Delhi. A l’heure où la hausse des droits de douane imposés à l’Inde par les Etats-Unis a rendu son riz basmati bien moins compétitif, les inondations risquent de lui porter un nouveau coup. Pour les producteurs du Pendjab, la route du redressement s’annonce d’autant plus difficile que les autorités locales se sont retirées d’un programme d’assurance fédérale jugé trop cher. Alors Balkar Singh a bien du mal à rester optimiste. «J’ai toujours de l’eau jusqu’au genou dans ma ferme», rappelle l’agriculteur, «je ne sais pas trop ce que l’avenir nous réserve». Arunabh SAIKIA © Agence France-Presse -
Équateur : Daniel Noboa décrète l’état d’urgence face à la grogne contre la fin des subventions au diesel
Quito - Le président d'Équateur Daniel Noboa a décrété mardi l'état d’urgence dans sept des 24 provinces du pays où des manifestants bloquent des routes pour protester contre la suppression des subventions sur le diesel. Les anciens présidents Lenin Moreno (2017-2021) et Guillermo Lasso (2021-2023) n’avaient pu mettre en place cette mesure qui avait déclenché en leur temps déjà de violents mouvements de protestation menés par la principale organisation indigène du pays, la Conaie. Entre 1997 et 2005, la Conaie avait déjà participé à des révoltes qui avaient abouti à la chute de trois présidents. Avec la signature d’un décret vendredi, le prix du diesel est passé de 1,80 à 2,80 dollars par gallon (3,8 litres). Lundi, des conducteurs de camions ont bloqué plusieurs routes, dégagées quelques heures plus tard après l’intervention de la police. Aucun blessé n’a jusqu’ici été signalé. Mardi, la circulation sur la route Panaméricaine Nord, à l’entrée de Quito, a été bloquée par des pierres et des monticules de terre. Le président Noboa a donc décidé de «déclarer l'état d’urgence dans les provinces de Carchi, Imbabura, Pichincha, Azuay, Bolivar, Cotopaxi et Santo Domingo, en raison de graves perturbations internes», selon le décret signé mardi pour une durée de 60 jours. Le gouvernement fait valoir que ces blocages «ont provoqué des complications dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire» et affectent la «libre circulation des personnes, entraînant la paralysie de plusieurs secteurs touchant l'économie». Cette mesure suspend la liberté de réunion dans les sept provinces et autorise les forces de police et militaires à «empêcher et démanteler les rassemblements dans les espaces publics où des menaces à la sécurité citoyenne sont identifiées». Marlon Vargas, président de la Conaie, a exigé mardi l’abrogation du décret qui supprime la subvention au diesel, car «cela nuit aux secteurs appauvris, au peuple équatorien». Le monde universitaire se joint à la protestation et une manifestation est prévue mardi à Quito. © Agence France-Presse -
Évacuation massive au Machu Picchu : 1.400 touristes déplacés face aux manifestations
Lima - Quelque 1.400 touristes ont été évacués dans la nuit de lundi à mardi de la zone du Machu Picchu, célèbre site archéologique du Pérou, en raison d’une manifestation, a annoncé le gouvernement, précisant que 900 autres restaient bloqués. «Nous avons pu évacuer environ 1.400 touristes», a déclaré la ministre du Tourisme, Desilú León, à la radio RPP, ajoutant que 900 autres restaient bloqués dans la zone. Les autorités n’ont pas précisé le nombre d'étrangers affectés parmi les touristes. Le service ferroviaire menant à la citadelle inca a été interrompu lundi, après que des manifestants ont bloqué les voies. L’intervention de la police dans la nuit a permis l'évacuation des touristes avant qu’un nouveau blocage soit mis en place mardi. Le principal accès à la citadelle de pierre se fait par train depuis Cusco, l’ancienne capitale de l’empire inca, située à 110 km. Les manifestants exigent qu’une nouvelle entreprise prenne en charge le transport en bus entre la gare et le site archéologique, après l’expiration d’une concession de 30 ans. Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1983, le Machu Picchu accueille en moyenne 4.500 visiteurs par jour, dont un grand nombre d'étrangers, selon des chiffres officiels. Les manifestants ont disposé des rochers et des troncs d’arbres sur plusieurs tronçons de la voie ferrée, selon une source policière citée par l’AFP. La manifestation est organisée par le Front de défense des intérêts de Machu Picchu, qui a annoncé dimanche dans un communiqué une grève illimitée jusqu'à ce que la nouvelle société de transport terrestre commence à fonctionner. Bien que sa concession a expiré, la compagnie Consettur Machupicchu a indiqué lundi à l’AFP qu’elle continuait d’opérer, sans fournir plus de détails. La ministre Desilú León a annoncé pour les prochaines heures une «réunion avec les autorités locales et les syndicats» afin de «trouver une solution aux manifestations». © Agence France-Presse