Maersk veut croire à la résilience du commerce maritime mondial

En dépit des incertitudes multiples sur la croissance, les droits de douane américains et les tensions géopolitiques localisées, l’armateur danois rehausse toutefois ses perspectives pour 2025 tout en se montrant prudent pour le second semestre.
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Un porte-conteneurs de Maersk à Mumbai  - 

Pendant le grand tohu-bohu des droits de douane américains imposés sur les principales marchandises importées aux Etats-Unis – un premier tour de vis entré en vigueur ce jeudi 7 août -, le commerce maritime mondial continue de voguer parmi les éléments. Et ses perspectives ne sont pas si dégradées que ça, comme en témoignent les comptes dévoilés par AP Moller-Maersk, l’un des principaux armateurs mondiaux, pour le deuxième trimestre.

Le groupe danois a relevé jeudi ses prévisions de bénéfice pour l’ensemble de l’année, tout en estimant que la demande devrait probablement diminuer au second semestre.

Maersk a annoncé s’attendre désormais à une augmentation de 2% à 4% des volumes mondiaux de conteneurs cette année, contre une fourchette de baisse de 1% à une hausse de 4% estimée en mai. Cette nouvelle fourchette implique une croissance plus faible au second semestre, a-t-il précisé. La société danoise a déclaré qu’elle s’attendait désormais à un bénéfice sous-jacent avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement cette année compris entre 8 et 9,5 milliards de dollars, contre ses prévisions précédentes comprises entre 6 et 9 milliards de dollars.

Pour le seul deuxième trimestre, l’Ebitda de Maersk s’est élevé à 2,3 milliards de dollars, en hausse de 7% d’une année sur l’autre, une performance supérieure aux attentes des analystes selon un sondage réalisé par l’entreprise. Ils anticipaient en moyenne 1,98 milliard de dollars. Le chiffre d’affaires a progressé de 3% sur un an pour atteindre 13,1 milliards de dollars, dépassant ainsi les 12,61 milliards de dollars prévus.

La trésorerie nette ressort à 2,5 milliards de dollars, en baisse sensible de 31% d’une année sur l’autre et même de 7,4 milliards sur fin 2024, en raison de l’effet saisonnier du versement des dividendes mais aussi de l’exécution du programme de rachat d’actions. En excluant les leasings, le cash net ressort à 15,1 milliards. Malgré une augmentation sensible des dépenses d’investissements à 2,7 milliards de dollars, le cash flow disponible (free cash flow) s’améliore de 76% et ressort à 433 millions de dollars.

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Vigilance sur les échanges sino-américains

Les actions de Maersk étaient en hausse de plus de 3% dans les premiers échanges jeudi. Le groupe, l’un des rares cotés en Bourse au sein d’un secteur d’activité très concentré et dominé par les géants privés, à l’image de CMA CGM, fait figure de vigie du secteur en raison de la qualité de ses analyses et des routes maritimes qu’il emprunte. Le groupe représente environ 14% du commerce maritime mondial.

La contraction des importations américaines «a été plus que compensée» par une forte croissance des importations dans d’autres régions, notamment en Europe, a indiqué Maersk dans son communiqué sur les résultats du deuxième trimestre.

«Malgré la volatilité du marché et l’incertitude historique du commerce mondial, la demande est restée résiliente et nous avons continué à réagir avec rapidité et flexibilité», a déclaré le PDG Vincent Clerc.

Les échanges commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis ont chuté plus tôt cette année en raison de l’escalade des tarifs douaniers, ce qui a incité les compagnies de transport de conteneurs comme MSC et Cosco à suspendre leurs itinéraires réguliers ou à annuler des voyages individuels. Bien qu’une trêve ait été convenue, les investisseurs restent inquiets quant à la capacité des deux plus grandes économies du monde à conclure un accord pour éviter un tarif de 55% avant la date limite du 12 août.

«Dans un environnement hautement politisé et confronté à des perturbations majeures, les marchandises ont continué à circuler à travers et à l’intérieur des pays», a déclaré Maersk, qui exploite aussi une importante entreprise de logistique. Maersk a également déclaré s’attendre à ce que la perturbation des expéditions à travers la mer Rouge dure jusqu'à la fin de l’année.

Les compagnies maritimes ont bénéficié de temps de navigation plus longs et de tarifs de fret en hausse, les navires étant redirigés autour de l’Afrique, suite aux incidents en mer Rouge à l’initiative des rebelles Houthis au Yémen qui ont attaqué plusieurs navires dans la zone. L’issue, toujours incertaine du conflit à Gaza, argument avancé par les Houthis pour justifier leurs attaques maritimes, pourrait, le cas échéant, rouvrir la mer Rouge au transport de conteneurs.

(avec agences)

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