Maersk alerte sur le retournement du fret maritime

Le groupe danois anticipe un recul de la demande de conteneurs en 2022 et se montre prudent pour l’an prochain.
Lionel Garnier
Maersk transport maritime conteneurs
Le danois Maersk estime que le fret maritime par conteneurs devrait être « globalement stable à négatif » en 2023.  -  Photo Maersk.

Parmi les différents avertissements sur résultats lancés mercredi - à l’image de ceux de Vestas dans les énergies renouvelables, ou d’AstonMartin et de Ferrari dans l’automobile -, certains pèsent plus lourd que d’autres. La mise en garde d’A.P. Moller-Maersk A/S en fait clairement partie car ce spécialiste du fret maritime, numéro deux mondial et rival du français CMA-CGMsur les grands océans du globe, fait figure de boussole du commerce mondial. Or, le groupe danois table désormais sur un recul de 2% à 4% de la demande en 2022, contre une relative stabilité jusqu’ici anticipée dans une fourchette de -1% à +1%.

« Avec la guerre en Ukraine, une crise énergétique en Europe, une inflation élevée et une récession mondiale imminente, il y a beaucoup de nuages sombres à l’horizon », souligne Soeren Skou le directeur général. Ce qui marque une inflexion par rapport au discours confiantdes résultats semestriels. « Il est clair que les taux de fret ont culminé et ont commencé à se normaliser au cours du trimestre, tirés à la fois par la baisse de la demande et l’atténuation de la congestion de la chaîne d’approvisionnement ».

Les comptes du troisième trimestre sont pourtant ressortis meilleurs qu’attendu, avec un excédent brut d’exploitation (Ebitda) de10,86 milliards de dollars, en hausse de 56% d’une année sur l’autre, une envolée alimentée par la hausse de 37% du chiffre d’affaires à 22,77 milliards d’euros.

En fait, plus que la baisse des prix, le recul des volumes alimente les doutes. Sur les trois mois de juillet à septembre, le volume de conteneurs chargés a déjà baissé de 7,6%. Ce qui constitue, en principe, le prélude à un plongeon des prix plus durable. Selon les analystes de JPMorgan, les prévisions de Maersk devraient se traduire pour l’armateur, qui capte environ 17% de parts de marché du transport maritime mondial de conteneurs, par une baisse de 40% des résultats d’un trimestre sur l’autre.

Aux yeux des investisseurs, le message de prudence est interprété comme une véritable mise en garde face à l’arrivée d’une récession, notamment en Europe. L’action de l’armateur a lâché 6,5% mercredi, portant son repli à 37% depuis le début de l’année.

Même si, pour l’heure, Maersk se garde bien de dresser des prévisions à long terme, l’heure n’est pas à l’optimisme. Le danois estime que le fret maritime par conteneurs devrait être « globalement stable à négatif » en 2023 avec des perspectives « orientées à la baisse » en raison de la conjoncture macroéconomique. Pas de doute, les nuages s’accumulent.

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