
Lufthansa peine à finaliser les négociations pour reprendre ITA Airways

Près de quatre mois après l’annonce d’une offre de reprise partielle sur ITA Airways, Lufthansa n’a toujours pas bouclé ses discussions avec l’Etat italien, seul propriétaire de la compagnie aérienne née sur les décombres d’Alitalia. Alors que Rome avait prolongé les négociations de trois semaines avec une nouvelle date butoir fixée au 12 mai, les deux parties n’ont pas réussi à respecter ce calendrier amendé. «Nous sommes toujours en négociations intensives», a déclaré en fin de semaine un porte-parole de Lufthansa. La compagnie allemande, qui compte prendre une participation initiale de 40% dans son homologue italienne, souhaite avoir la plus grande marge de manœuvre possible pour la reprise ultérieure du solde du capital. Ce rapprochement sera d’ailleurs soumis à l’aval des autorités de la concurrence au niveau national et européen.
Lors de l’assemblée générale de Lufthansa tenue mardi dernier, le président du directoire, Carsten Spohr, a estimé qu’ITA Airways était «très efficacement positionnée». Si un accord a été trouvé concernant le plan de développement de la compagnie toujours déficitaire, le montant de la transaction représente la principale pierre d’achoppement. Un prix compris entre 200 millions et 300 millions d’euros a été évoqué pour 40% du capital. Alors que Lufthansa s’est assez vite redressée après la pandémie de Covid-19, la hausse du prix du kérosène l’an dernier a contraint ITA à enregistrer une perte nette de 486 millions d’euros sur l’ensemble de l’exercice 2022, pour un chiffre d’affaires de 1,58 milliard.
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Une forte présence d’ITA Airways à Rome et Milan
Remco Steenbergen, directeur financier de Lufthansa, a prévenu lundi qu’il ne fallait pas s’attendre à un redressement rapide d’ITA lorsque son groupe en sera devenu l’actionnaire de référence. «Toutes les parties prenantes ont clairement défini la marche à suivre pour la transformer en entreprise rentable», a néanmoins souligné le dirigeant interrogé par Bloomberg. Saluant la forte diminution de la base de coûts de la compagnie italienne, il a expliqué que les synergies découlant de la mise en commun des systèmes de réservation auront un impact positif sur le chiffre d’affaires d’ITA. Lufthansa entend aussi tirer parti de la forte présence de la compagnie transalpine sur les plateformes aéroportuaires de Rome et de Milan.
Par ailleurs, le groupe allemand est en discussions avec des candidats susceptibles de prendre une participation minoritaire dans son activité de maintenance d’avions. Plusieurs investisseurs financiers incluant Blackstone, Advent International, CVC Capital Partners ou Bain Capital ont exprimé leur intérêt pour cette filiale, nommée Lufthansa Technik, dont la valorisation pourrait dépasser 6 milliards d’euros. Selon le directeur financier, «un accord pourrait être trouvé d’ici à la fin de l’année». Le produit de cette transaction devrait contribuer au désendettement du groupe qui souhaite retrouver sa notation en catégorie «investissement». L’argent reçu pourrait alternativement être réinvesti dans cette filiale en vue d’accélérer son développement par le biais d’acquisitions ciblées.
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