
Lufthansa met en doute les objectifs européens dans les carburants durables

La réglementation sur les carburants aéronautiques durables (SAF), approuvée mercredi dernier par les députés européens, pourrait avoir des effets pervers. Selon Carsten Spohr, président du directoire de Lufthansa, les quotas fixés pour adjoindre des carburants durables au kérosène semblent en effet inatteignables.
L’accord adopté par le Parlement européen vise un taux minimal de SAF de 2% d’ici à 2025, puis 6% en 2030, 20% en 2035 et 70% à l’horizon 2050. Le kérosène fourni par les aéroports européens devra en outre contenir une proportion de carburants de synthèse d’au moins 1,2% en 2031, 5% en 2035 et 35% en 2050. Ces mesures visent à diminuer de deux tiers les émissions de dioxyde de carbone (CO2) du transport aérien en Europe d’ici au milieu du siècle.
Sur le plan mondial, les SAF ne représentent à présent que 0,1% des carburants des compagnies aériennes, contre 0,2% pour le transporteur allemand. «Du point de vue actuel, il sera simplement impossible de disposer des quantités qui nous sont demandées, en faisant abstraction des coûts élevés que les passagers devront supporter en fin de compte», a déclaré jeudi soir Carsten Spohr lors d’un briefing avec des journalistes à Francfort. Il a néanmoins admis que les actionnaires exigeaient dorénavant «que l’industrie fasse des progrès dans ce domaine». Les surcoûts créés par ces objectifs contraignants s’ajouteront aux problèmes rencontrés par le groupe dans la livraison d’avions plus économes en carburant.
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Une hausse des dépenses de maintenance
L’efficacité accrue des moteurs de dernière génération contribue en effet à réduire de 25% à 30% les émissions de gaz à effet de serre des nouveaux appareils par rapport aux modèles précédents. Après avoir discuté avec des constructeurs et des équipementiers aux Etats-Unis, le président du directoire de Lufthansa estime que les difficultés rencontrées pour acquérir de nouveaux avions vont perdurer.
«Les goulets d’étranglement sont profonds, ils descendent à plusieurs niveaux dans la chaîne d’approvisionnement et de nouveaux problèmes viennent s’y ajouter», relève le dirigeant, en faisant référence à l’homologation de certains appareils par les autorités de surveillance aérienne des deux côtés de l’Atlantique.
Le décalage entre une offre insuffisante et une demande en forte hausse débouchera sur une augmentation de la durée de vol des appareils existants, ce qui entraînera des dépenses de maintenance plus importantes et se répercutera sur le prix des billets payés par les passagers. La semaine dernière, Lufthansa a de surcroît annoncé que 20 Airbus 320neo seront soumis à une révision exceptionnelle de leurs moteurs en 2024, ce qui réduira sa flotte disponible.
Le transporteur allemand discute d’une indemnisation avec son fournisseur, le motoriste américain Pratt & Whitney (groupe RTX), qui a décidé de retirer 600 à 700 moteurs PW1100G à l’échelle mondiale d’ici à 2026, après avoir détecté un risque d’usure précoce sur ces moteurs qui équipent les A320neo. L’origine du problème est un défaut dans une poudre de métal utilisée dans la fabrication des disques de turbine à haute pression. Le motoriste passera à ce titre une charge avant impôts de 3 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros) au troisième trimestre 2023.
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