
Les ventes de Renault reculent à cause de la Russie et des semi-conducteurs

Le constructeur automobile Renault a annoncé mardi que ses ventes mondiales avaient reculé au premier semestre de cette année, dans un contexte perturbé par la crise des semi-conducteurs et par l’arrêt de ses activités en Russie.
A la Bourse de Paris, l’action Renault perd 1,7% mardi dans la matinée, à 23 euros.
Sur l’ensemble du premier semestre, les ventes mondiales de Renault sont ressorties à 1.000.199 véhicules, soit une diminution de 29,7% par rapport au premier semestre de 2021 en données publiées et une baisse de 12% à périmètre équivalent, hors Russie.
Au cours de cette période, Renault a poursuivi «sa politique commerciale orientée vers la création de valeur qui conduit à une progression de la part de ses ventes sur les canaux les plus rentables», à savoir les véhicules électriques, ceux du segment C (voitures compactes) et les ventes aux particuliers, a indiqué le constructeur automobile dans un communiqué.
Dans les cinq principaux pays d’Europe (France, Allemagne, Espagne, Italie et Royaume-Uni), sa part des ventes aux particuliers s'élevait à 66% à fin juin dernier, contre 53% à fin juin 2021, a d’ailleurs détaillé Renault.
Une année 2022 «sous contraintes»
A périmètre équivalent, les ventes mondiales de la marque Renault ont reflué de 16,9% au premier semestre, à 691.435 véhicules, en dépit de la forte progression de ses ventes de véhicules électrifiés. Regroupés au sein de la gamme E-Tech, ces modèles 100% électriques ou hybrides ont compté pour 36% des ventes de la marque Renault en Europe pour la période de janvier à juin 2022, contre 26% un an plus tôt.
«La totalité du recul des ventes de la marque Renault constaté au premier semestre résulte de la baisse de la production liée à la crise de semi-conducteurs, car nous avons vendu tous les véhicules que nous avons produits», a déclaré Fabrice Cambolive, le directeur des ventes et opérations de la marque Renault, lors d’une conférence avec des journalistes. Selon le dirigeant, le niveau de production devrait s’améliorer significativement chez Renault au second semestre de cette année, par rapport au premier, «mais sans toutefois correspondre à son portefeuille de livraisons». «L’année 2022 restera sous contraintes», a résumé Fabrice Cambolive.
En revanche, les ventes mondiales de la marque Dacia ont augmenté de 5,9% au premier semestre, à 277.885 unités, grâce au succès des modèles Sandero et Duster. «Ce résultat fait de Dacia la seule marque européenne en croissance parmi les 20 plus grandes marques» sur le Vieux continent et sur le périmètre des véhicules légers et utilitaires, a souligné le spécialiste des voitures à la tarification attractive. Les ventes unitaires d’Alpine ont accéléré de 70,8% sur la période, à 1.710 «berlinettes».
Rendez-vous le 29 juillet, puis à l’automne
Le groupe au losange a annoncé, par ailleurs, que son portefeuille de commandes en Europe demeurait «à un niveau élevé» et représentait 4,1 mois de ventes au 30 juin dernier, soutenu par la demande pour la Mégane E-Tech, siglée Renault, et les Spring et Jogger de la marque Dacia.
Renault publiera ses résultats du premier semestre de cette année le 29 juillet prochain, avant l’ouverture des marchés. Dans une note de recherche envoyée mardi à ses clients, Jefferies indique s’attendre à ce que les constructeurs automobiles européens confirment leurs prévisions pour l’exercice en cours à l’occasion de la saison des semestriels qui se profile.
Pour 2022, Renault anticipe une marge opérationnelle de 3% et un flux de trésorerie opérationnelle disponible «positif» dans ses activités automobiles. «Bien que Renault présente un profil fragile, très européen, la priorité que le groupe donne à ses canaux les plus rentables lui permettra toutefois d’atteindre ses objectifs cette année», assure un analyste basé à Paris.
Pour ce qui est de la suite, le constructeur automobile a déjà donné rendez-vous à la communauté financière cet automne pour une mise à jour «de ses perspectives financières et de sa stratégie le positionnant comme un acteur de référence compétitif, tech et durable».
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