
Les patrons du CAC 40 payés à des niveaux records en 2021

2021, l’année de tous les records pour la rémunération des dirigeants français. La rémunération totale moyenne des patrons du SBF 120 a progressé de 22% entre 2019 (pré-crise sanitaire) et 2021 à 4,5 millions d’euros, et a même bondi de 52% à 7,9 millions dans le CAC 40, selon le dernier rapport annuel de Proxinvest sur les rémunérations des dirigeants. Du jamais-vu depuis 15 ans. Les rémunérations des patrons du CAC 40 expliquent seules cette augmentation, puisque les rémunérations des dirigeants du SBF 80 reculent de 2% à 2,8 millions d’euros sur la période.
Toutes les composantes de larémunération sont concernées. Si le fixe d’un patron du SBF 120 progresse de 1,5% en ligne avec l’inflation à plus de 900.000 euros, au sein du CAC 40, il augmente de 4,2% à 1,2 million.
Quant aux bonus annuels, ils ont flambé : +20% dans le SBF 120 à 1,1 million et +34% dans le CAC 40 à 1,9 million. En moyenne, le bonus touché représente 124% du fixe dans le SBF 120, la plupart se trouvent entre 100% et 150%, signe des bons résultats 2021. Les trois quarts du SBF 120 respectent le plafond de 150% du fixe posé par Proxinvest. Une satisfaction pour l’agence de conseil en vote. La palme revient à Carlos Tavares chez Stellantis (7,5 millions) et à Alexandre Bompard, chez Carrefour, un habitué du podium, (2,8 millions). Néanmoins, 11 dirigeants (contre 13 en 2019) n’ont touché aucun bonus. Pour la moitié, il n’est pas prévu dans la politique de rémunération (Alten, Dassault Aviation, Derichebourg, EDF, et Eurofins Scientific), et parmi les autres, on enregistre deux rejets par les actionnaires en AG (Ipsos et Orpea), des seuils de déclenchement non atteints (Atos et Rubis), ou une renonciation (Ubisoft).
Des attributions d’actions records, sources de dérives
La rémunération de long terme en titres explose aussi. La valeur des options et actions attribuées a bondi de 40% dans le SBF 120 à près de 2 millions, et de 75% dans le CAC à 3,8 millions. Cependant un dirigeant sur cinq du SBF 120 ne touche rien, souvent dans les sociétés familiales, précise Proxinvest. Jusqu’en 2010, les options étaient légèrement plus privilégiées que les attributions d’actions. Mais en dix ans, la tendance s’est totalement inversée, avec six fois plus d’attribution d’actions que d’options. Une rémunération en titres « source de dérives » pour Proxinvest, avec près de 41 millions d’euros attribués à Bernard Charlès, chez Dassault Systèmes – qui détient 1,7% du capital de la société, soit une valorisation de 814 millions d’euros – et plus de 32 millions à Carlos Tavares. Or, 10% de l’attribution chez Stellantis est sans condition de performance. Une pratique américaine non conforme aux standards de gouvernance français et européens, « qu’il ne faut pas laisser s’importer en France », explique Jehanne Leroy, rédactrice de l’étude.
En proportion le fixe est à un plus bas historique, ne pesant plus que 20% de la rémunération totale dans le SBF 120 (contre 24% en 2019), tandis que l’attribution d’actions pèsent pour 43% (contre 36% en 2019).
Une cohésion sociale en danger
Record des records, Carlos Tavares, avec une rémunération globale de près de 67 millions d’euros, selon Proxinvest. Du jamais-vu en 23 ans de rapport. Selon la société la rémunération se limite à 19 millions car les sociétés néerlandaises appliquent une valorisation glissante des plans d’actions, contrairement aux pratiques françaises. Et le rejet de cette rémunération est sans effet, puisque le say-on-pay n’est pas contraignant aux Pays-Bas.
Suit Bernard Charlès avec 44 millions d’euros, essentiellement des attributions d’actions, mais « avec des conditions de performance très exigeantes et rendues publiques », souligne Jeahnne Leroy, qui constate aussi que la majorité des minoritaires conteste chaque année cette rémunération. Viennent ensuite Daniel Julien, chez Teleperformance (près de 20 millions, avec le fixe le plus élevé du CAC 40), François-Henri Pinault, chez Kering (12 millions, en intégrant la convention avec la holding Artemis) et Paul Hudson, chez Sanofi (9 millions).
Du côté de la cohésion sociale, la situation se dégrade dangereusement. Entre 2014 et 2021, la rémunération des patrons du CAC 40 a bondi de 84%, contre une hausse de 24% pour les salariés. D’ailleurs, un quart du SBF 120 dépasse le plafond socialement acceptable, défini à 240 Smic par Proxinvest, soit 5,1 millions d’euros. Or la rémunération moyenne d’un patron du CAC 40 représente 369 Smic et 109 fois la rémunération moyenne des salariés du CAC 40, ou encore 106 fois le salaire brut moyen des Français. Pour la première fois ce multiple de 100 fois a été dépassé.
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