Les fonds de private equity préparent la fin du cycle

Plusieurs sociétés de gestion se lancent dans le retournement, anticipant les excès dus à l’actuelle euphorie du secteur.
Florent Le Quintrec

Les fonds de private equity ne sont pas à une contradiction près. Après plusieurs années d’intense activité en LBO (leveraged buy-out), qui ont vu les valorisations et les leviers d’endettement retrouver, voire dépasser, les sommets atteints avant la chute de Lehman Brothers, certains acteurs semblent se demander si l’industrie du capital-investissement n’a pas renoué avec les excès du passé. Si bien que les levées de fonds destinées à structurer des véhicules de retournement se sont accélérées depuis deux ans.

A l’image de Blackstone, qui vient de boucler un mégafonds de 7 milliards de dollars, via sa filiale GSO Capital Partners, pour offrir des solutions de financement aux entreprises en difficulté. Dans la même logique, Carlyle a bouclé, il y a un an, son quatrième fonds de dette décotée et de retournement, pour un montant de 2,5 milliards de dollars, tandis qu’Apollo a décidé, en 2016, de se lancer pour la première fois dans cette activité, avec un fonds visant 750 millions de dollars. Il a annoncé, l’an passé, avoir déjà atteint 360 millions de souscriptions. Toujours aux Etats-Unis, mais dédié à l’Europe cette fois, Bain espère réaliser en avril le premier closing de Bain Capital Special Situations Europe, qui cherche au total à réunir un milliard d’euros de la part des investisseurs. Il se spécialisera notamment dans la dette décotée, les actifs non stratégiques des institutions financières, certains portefeuilles d’actifs et l’immobilier, selon les informations de Private Equity International.

Des initiatives existent aussi en France. Longtemps jugée trop discrète par les pouvoirs publics pour préserver les savoir-faire français, l’activité de retournement semble s’étoffer à l’initiative de Bpifrance. La banque publique avait débloqué, en 2016, une enveloppe de 150 millions d’euros pour encourager la création de véhicules de retournement « à la française ». Et la stratégie semble fonctionner puisque, à côté des historiques Butler, Perceva, Vermeer, Alandia ou Arcole, de nouveaux acteurs ont vu le jour.

Bridgepoint part fort

Fin 2016, Hivest Capital Partners a bouclé un fonds de 120 millions d’euros pour accompagner la transformation d’entreprises sous-performantes, avec le concours de Bpifrance. Nouveau venu dans le retournement, Capzanine a annoncé en janvier le premier closing de son fonds Capzanine Situations Spéciales, à 55 millions d’euros pour un objectif global de 250 à 300 millions d’euros. Mais l’initiative la plus marquante reste celle du fonds Bridgepoint, bien connu pour son activité de LBO en France. La société de gestion est en cours de levée d’un fonds de quelque 500 millions d’euros pour investir dans des sociétés en difficulté. Une suite logique pour Bridgepoint, qui avait dû redresser certaines participations d’Edmond de Rothschild Capital Partners, qu’il avait racheté en 2014.

En dépit d’indicateurs économiques globalement positifs, S&P avertit que « l’histoire nous montre que les pires opérations de dette sont réalisées pendant les périodes les plus fastes. Donc, dans un contexte d’économie mondiale qui se renforce de manière généralisée, c’est le meilleur moment pour se montrer prudent. » Certains l’ont compris mieux que d’autres.

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