Les émetteurs reviennent avec intérêt sur les convertibles

Profitant de conditions de marché en faveur des émetteurs, Salzgitter et British Land ont émis hier des obligations convertibles à coupon zéro.
Olivier Pinaud

Après un passage à vide dans la foulée des turbulences des marchés mi-octobre 2014, les émissions de convertibles ont fait leur réapparition en Europe. Hier, l’allemand Salzgitter et le britannique British Land ont occupé le terrain, avec à la clé des conditions favorables. Les deux groupes ont placé leurs titres avec un coupon zéro. Salzgitter a même fixé la maturité de ses titres à 7 ans, ce qui était relativement rare jusqu’à présent.

«Les très bonnes conditions de marché permettent aux émetteurs d'étendre les maturités de 5 à 7 ans tout en gardant des coupons zéro, voire des rendements négatifs», explique Cyril Revenu, directeur marché primaire actions chez HSBC, qui a dirigé l’émission Salzgitter.

«Les paramètres de marché sont favorables aux émetteurs, avec des taux et des spreads bas ainsi que des marchés actions proches de leurs plus hauts, ce qui permet d’obtenir des prix de conversion élevés», ajoute Benoit Bout, responsable equity linked chez Crédit Agricole CIB. Salzgitter a ainsi obtenu une prime de 45%, quand le standard du marché oscillait plutôt autour de 30-35% auparavant. «La prime de conversion allant jusqu'à 45% sur des plus hauts de marché réduit fortement la probabilité de convertibilité à terme de l’obligation et limite ainsi la dilution potentielle des actionnaires de l’émetteur», indique Cyril Revenu.

Dans ce contexte, quel intérêt les fonds spécialisés dans les convertibles ont-ils à participer à de telles émissions ? «Les investisseurs savent qu’ils doivent s’adapter à l’univers de taux actuel. Ils sont prêts à accepter un rendement nul voire négatif s’ils estiment que le sous-jacent peut leur apporter la performance recherchée», explique Bruno Magnouat, responsable equity linked à la Société Générale, qui a travaillé sur Salzgitter. Plus que le coupon, l’investisseur prend donc une sorte d’option sur l’action, «la valeur de l’obligation convertible étant sensible à la hausse du cours de l’action», appuie Benoit Bout.

En raison de bonnes performances ces dernières années, les fonds convertibles ont fortement collecté début 2015. Et si «l’univers des possibles s’est élargi avec l’arrivée de nouveaux noms ces derniers mois, compte tenu de leurs ressources, les fonds convertibles sont encore à la recherche d’investissements», explique Bruno Magnouat. Rien qu’avec les remboursements prévus en 2015, ils bénéficient de plus d’une dizaine de milliards d’euros à réinvestir.

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