
Les efforts de Legrand dans les objets connectés méritent d'être valorisés

Chez le spécialiste des infrastructures électriques Legrand, c’est Eliot qui montre la voie. Lancé en 2015, l’ambitieux programme devant accélérer le déploiement des nouvelles technologies de l’internet des objets (IoT) dans l’offre du groupe, baptisé Eliot donc, a pris de l'épaisseur.
A mi-parcours, il est même très en avance sur son plan de marche. Dans le cadre de cette initiative, Legrand s'était fixé comme premier objectif de doubler, de 20 à 40, ses familles de produits connectés (solutions d'éclairage, de sécurité...) entre 2014 et 2020. Résultat, le programme Eliot en regroupait déjà plus de trente en fin d’année dernière.
Les dirigeants avaient aussi confié au lancement du programme viser un taux de croissance moyen annuel d’au moins 10% du chiffre d’affaires estampillé «Eliot» entre 2014 et 2020, devant porter les revenus à plus de 412 millions d’euros d’ici la fin de la période. Mais ils égalaient déjà 488 millions d’euros à la fin 2017, à la faveur d’une progression de 28% par an de moyenne depuis 2014, soit un rythme d’expansion quatre fois supérieur au taux de croissance de l’ensemble du groupe sur la période.
Une politique de croissance externe dynamique
Ce départ en trombe dans les objets connectés, marché qui pourrait être valorisé quelque 1.100 milliards de dollars (967 milliards d’euros) à horizon 2025 selon l’association GSMA, Legrand le doit en grande partie à sa politique historique de croissance externe. «Entre 2011 et 2017, l’entreprise a réalisé pour 400 millions d’euros d’acquisitions chaque année en moyenne», rappelle son directeur général Benoît Coquart, dans un entretien accordé à l’agence Agefi-Dow Jones.
L’an passé, ces acquisitions ont notamment servi à enrichir le programme Eliot comme en témoignent les rachats des sociétés Milestone AV Technologies, Server Technology ou encore AFCO Systems Group. Une nouvelle étape a été franchie au cours de ce mois de novembre, avec l’acquisition par Legrand du spécialiste français de la maison intelligente Netatmo, dont il était déjà actionnaire depuis 2015.
Mais le groupe est loin d'être rassasié. «Notre stratégie de croissance externe va se poursuivre et nous avons identifié un certain nombre de secteurs très complémentaires de nos activités qui nous intéressent mais ne pouvons en dire plus», prévient le directeur général, avant de dresser le portrait-robot de la cible idéale.
«Celle-ci doit être en mesure d’enrichir notre catalogue de produits, occuper une position de leader sur son marché, présenter une technologie tant convaincante que durable, ainsi qu’une bonne rentabilité. Nous ne privilégions pas de zones géographiques, ni de segments de marché particuliers mais sommes très attentifs à la qualité du management et à notre capacité à pouvoir arrimer au groupe les activités à reprendre», affirme le dirigeant.
Partenaire de la Big Tech
A côté de cette politique de croissance externe, Legrand n’hésite pas à nouer des partenariats avec des acteurs majeurs de l’innovation tels Amazon, Apple ou Samsung, afin de développer des applications ou des solutions en commun. Le prochain salon Consumer Electronics Show (CES) devant se dérouler à Las Vegas du 8 au 12 janvier 2019, pourrait être l’occasion pour le groupe de signer une nouvelle salve d’accords stratégiques et techniques.
Au vu de ces avancées, les objectifs du programme Eliot devraient être prochainement révisés, et probablement en hausse. «Un point chiffré sera effectué sur Eliot effectué le 14 février 2019 à l’occasion de la publication des résultats annuels de Legrand», élude Benoît Coquart sans donner plus d’indications sur la tendance de cette révision attendue.
S’il est très difficile, même pour les analystes, d’estimer la contribution d’Eliot aux résultats du groupe, Legrand parait indéniablement en bonne position pour capter une part non négligeable du marché des objets connectés. Selon les analystes de Morningstar, «Legrand est au coeur de l’IoT pour les bâtiments commerciaux et résidentiels haut de gamme» et, en tant que leader du marché mondial des infrastructures électriques et numériques, la société est la mieux placée de son secteur pour tirer parti de «l’avantage du précurseur» dans les nouveaux produits connectés.
Pour les investisseurs, la valeur permet surtout d’obtenir une réelle exposition à un segment particulièrement dynamique, sans s’exposer outre mesure aux risques de ruptures technologiques encourus par les spécialistes de l’IoT. Pour cette entreprise gérée en bon père de famille, à la marge opérationnelle courante régulièrement autour de 20% et aux généreux flux de trésorerie, la diversification dans les objets connectés représente surtout une évolution rationnelle mais essentielle de son offre, dictée par une forte demande émanant des clients.
Plus d'articles du même thème
-
Derichebourg dévisse après une alerte sur ses résultats
Le spécialiste du recyclage des métaux est affecté par les effets des droits de douane américains. Il entend lancer un nouveau plan de rachat d’actions. -
Chargeurs pourrait céder Novacel, sa plus importante division
Compagnie Chargeurs Invest a annoncé avoir reçu des marques d’intérêt pour sa plateforme de matériaux innovants. Cette activité représente 41% du chiffre d’affaires du groupe et 42% de son Ebitda. -
L’activité manufacturière a progressé pour la première fois en zone euro depuis juin 2022
Les indices PMI manufacturiers définitifs d’août montrent que le secteur industriel de la zone euro semble se maintenir jusqu’à présent au troisième trimestre. La croissance pourrait cependant fléchir à mesure que l’année avance, sous l’effet des droits de douane pas encore pleinement matérialisés.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
Contenu de nos partenaires
-
Au large de Tunis, la flottille pour Gaza dénonce une attaque de drone, le pouvoir tunisien dément
Tunis - La flottille pour Gaza a affirmé, vidéos à l’appui, avoir été visée dans la nuit de lundi à mardi par une «attaque de drone» au large de Tunis, mais les autorités tunisiennes ont assuré n’avoir détecté «aucun» engin selon leurs observations préliminaires. Des membres de la «Global Sumud Flotilla», qui doit prendre la mer avec des militants et de l’aide humanitaire pour la bande de Gaza assiégée par Israël, ont prévu de livrer mardi lors d’une conférence de presse à Tunis des témoignages «de première main» sur les événements. La flottille, qui était ancrée au large de Sidi Bou Saïd, près de Tunis, a affirmé qu’un de ses bateaux, le «Family», avait été «frappé» par un drone et publié des vidéos de caméras de surveillance montrant ce qui ressemble à une explosion. La Garde nationale tunisienne, l'équivalent de la gendarmerie, a elle démenti toute frappe de drone, assurant que selon ses premières constatations, «aucun» engin n’avait été détecté. Elle a jugé possible que le feu ait été déclenché par un mégot de cigarette. Mais l’une des vidéos publiées par la flottille, présentée comme ayant été prise depuis un autre bateau, montre une masse lumineuse frapper un navire. Dans une autre vidéo, provenant d’une caméra de surveillance du bateau lui-même selon la flottille, on entend un vrombissement. Puis on peut voir un militant lever les yeux, s’exclamer et reculer avant qu’une explosion ne se fasse entendre. Un éclair de lumière illumine ensuite la zone. Le militant brésilien Thiago Avila a publié dans une vidéo sur Instagram le témoignage d’un autre membre de la flottille assurant avoir vu un drone. «C'était à 100% un drone qui a lâché une bombe», a affirmé ce militant, Miguel. «Agression» Parmi les personnes devant s’exprimer ou dont les déclarations seront lues lors de la conférence de presse mardi figurent des responsables de la flottille ainsi que la rapporteure spéciale des Nations unies pour les Territoires palestiniens, Francesca Albanese, selon un communiqué. La flottille a affirmé que les six personnes à bord du «Family» étaient saines et sauves, faisant état de dégâts matériels et dénonçant «des actes d’agression visant à faire dérailler (sa) mission». Un journaliste de l’AFP arrivé rapidement dans la nuit de lundi à mardi à Sidi Bou Saïd a pu voir le bateau entouré par d’autres embarcations mais le feu n'était plus visible. Des centaines de personnes ont afflué vers le port de Sidi Bou Saïd en criant «Free, Free Palestine». Le port de Sidi Bou Saïd se trouve non loin du palais présidentiel de Carthage. «S’il est confirmé qu’il s’agit d’une attaque de drone, ce serait (...) une agression contre la Tunisie et la souveraineté tunisienne», a dit dans la nuit Francesca Albanese, qui vit en Tunisie, devant des journalistes au port. L’AFP a sollicité l’armée israélienne pour un commentaire, mais n’a pas obtenu de réponse dans l’immédiat. La bande de Gaza est le théâtre d’une guerre dévastatrice, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023. Les Nations unies ont déclaré en août l'état de famine à Gaza, avertissant que 500.000 personnes se trouvent en situation «catastrophique». Des navires de la Global Sumud Flotilla («sumud» signifie «résilience» en arabe) sont arrivés ces derniers jours en Tunisie d’où ils doivent partir cette semaine pour Gaza. Ils avaient initialement prévu d’atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre afin d’y acheminer de l’aide humanitaire et «briser le blocus israélien», après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet. Lisa DEFOSSEZ © Agence France-Presse -
Réchauffement climatique, surtourisme, divergences générationnelles: en Grèce, sur l'île d'Egine, la culture de la pistache menacée
Aegina - Sur l'île grecque d’Egine, quatre ouvriers agricoles, bâton en main, frappent les branches d’un pistachier pour faire pleuvoir les fruits sur des bâches. La récolte des pistaches bat son plein. Pourtant l'équipe fait grise mine. «Il y a peu de pistaches», déplore auprès de l’AFP Daso Shpata, un Albanais de 47 ans, sous un soleil de plomb qui fait chanter les cigales. Le changement climatique a fait fondre les récoltes. D’autres problèmes sont venus se greffer: de nouvelles générations peu enclines à reprendre les exploitations familiales et des arbres sacrifiés pour construire de lucratives résidences de vacances dans une Grèce où le tourisme va de record en record. «La culture traditionnelle (des pistaches) telle que nous la connaissons (ici) n’est plus viable», se désole Eleni Kypreou, la propriétaire du verger de cette île de près de 13.000 habitants, proche d’Athènes et connue dans toute la Grèce pour ses fameuses pistaches. «Si nous voulons sauvegarder les pistachiers, il faut trouver ce dont ils ont besoin (...) Sinon, ils appartiendront au passé et pourront entrer dans un musée», tranche-t-elle. La production de pistaches à Egine est infime en comparaison de celle des États-Unis ou de l’Iran où sont récoltées plusieurs centaines de milliers de tonnes chaque année. Mais ces fruits produits sur ce territoire situé à une heure en ferry du port du Pirée sont considérés comme particulièrement savoureux. «Les pistaches d’Egine ont un goût spécial», assure Mme Kypreou. «Ca vient de la terre et de l’eau. L’eau est un peu salée». Cette femme de 88 ans chérit ses 750 pistachiers au point de leur chanter et de leur parler. «Les deux dernières années, nous n’avions presque rien», poursuit-elle, soit 20 kg seulement en 2024 après 100 kg en 2023. «Nous attendions une bonne récolte cette année. Mais elle n’est pas bonne», soupire-t-elle. «Planter des maisons» En 2023, la Grèce a produit près de 22.000 tonnes de pistaches, contre 12.000 seulement en 2015, selon l’office grec des statistiques Elstat. Mais à Egine, la production a baissé pour passer de plus de 2.600 tonnes à 2.300 tonnes. Le nombre d’arbres en âge de production et les hectares de terre ont également diminué. «Ces deux dernières années ont été mauvaises» principalement en raison des hivers particulièrement cléments qu’a connus le pays méditerranéen, diagnostique Kostas Peppas, président de la coopérative des producteurs de pistaches d’Egine. Or les arbres ont besoin pendant «certaines heures de températures en dessous de 10 à 12°C. Pour dormir, pour se reposer. Donc si l’hiver est doux, ce n’est pas bon», assure-t-il. La coopérative vend les pistaches dans les magasins et supermarchés dans tout le pays et, à Egine, tout particulièrement notamment auprès des nombreux touristes, ainsi que dans son propre kiosque sur le port. Pour M. Peppas, il ne fait pas de doute que la plupart des vendeurs du port ont acheté des pistaches ailleurs, faute de pouvoir s’approvisionner auprès des producteurs locaux. Le dirigeant de la coopérative possède 230 arbres, principalement des femelles, qui produisent les pistaches, avec deux mâles plus grands pour la pollinisation. A Egine, «ils coupent des arbres et construisent des maisons à la place,» soutient ce capitaine de bateau à la retraite, âgé de 79 ans. Avec le boom du tourisme en Grèce, qui a accueilli 40 millions de visiteurs en 2024, les locations de courte durée, lucratives, explosent à Athènes et sur les îles. Thanasis Lakkos, 53 ans, soulève une branche de l’un de ses 3.500 pistachiers qu’il arrose avec l’eau de pluie collectée en hiver pour l’aider à grandir. La plupart des producteurs suivent le savoir faire ancestral en se disant «mon grand-père faisait comme ça, moi je vais continuer à faire comme ça», explique-t-il. «Mais ce n’est pas comme cela que ça marche», souligne-t-il, invitant les producteurs à chercher de nouvelles techniques. Il compte «continuer aussi longtemps que possible» malgré les difficultés. Dans son entourage, certains lui disent «mieux vaut vendre la terre et gagner un million d’euros et se reposer pour le reste de sa vie». Son fils est devenu DJ et les jeunes qui veulent se lancer dans l’agriculture sont rares, constate M. Lakkos qui fait partie de «la dernière génération» qui récoltera les pistaches à Egine. «La tradition va se perdre», prédit-il désolé. Anna Maria JAKUBEK © Agence France-Presse -
In folio
Requiem pour un frère – par Bernard Quiriny
Le lecteur se méfie, les accouchements douloureux n’étant pas toujours bon signe en littérature, mais il est vite rassuré : le livre est réussi, poignant, splendide et composé à la perfection, en chapitres courts, comme dans les recueils de microfictions chères à l’auteur