
Les comptes d’Orpea ne sont pas épargnés par les scandales

L’exploitant de maisons de retraite et de cliniques Orpea a présenté lundi des indicateurs financiers préliminaires non audités en net recul au titre du premier semestre et a prévenu que la situation pourrait encore se détériorer au second semestre.
«Dans un souci de transparence, nous avons choisi de communiquer nos indicateurs deux semaines avant la date prévue car nos performances ressortent bien en dessous des attentes du marché», a déclaré Laurent Lemaire, le directeur financier d’Orpea lors d’une conférence aves des journalistes.
Au cours des six premiers mois de cette année, le chiffre d’affaires d’Orpea a reflué de 10,9% sur un an, à 2,3 milliards d’euros. «Ce montant est en retrait de 17 millions d’euros par rapport au chiffre publié le 20 juillet 2022 du fait d’un changement d’approche comptable sur une entité qui n’est plus prise en compte dans le périmètre de consolidation», a indiqué le groupe dans un communiqué.
La marge de résultat brut d’exploitation avant loyers (Ebitdar) d’Orpea s’est établie à 18,5% entre janvier et juin derniers, contre un taux de 24,9% affiché lors de la période correspondante de 2021. Au premier semestre 2022, la marge d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) s’est contractée de 6,2 points de pourcentage, à 17,9%, tandis que la marge opérationnelle courante a reflué de 7,5 points de pourcentage, à 3,6%.
La détérioration des indicateurs financiers s’explique par le contexte inflationniste, les mécanismes de compensation liés à la pandémie de coronavirus et par les répercussions de différentes enquêtes sur la gestion des établissements d’Orpea.
Ebranlé par les révélations du livre-enquête «Les Fossoyeurs» sur la gestion de ses établissements, Orpea a pris une série d’engagements afin d’améliorer la relation avec les familles de résidents ainsi que les conditions de travail de ses employés. Il a également largement remanié ses instances dirigeantes avec l’arrivée, le 1er juillet, de Laurent Guillot au poste de directeur général et la nomination de Guillaume Pépy, l’ancien patron de la SNCF, à la présidence du conseil d’administration.
170 à 220 millions d’euros de dépréciations
«Certains postes du compte de résultat font encore l’objet de travaux internes et externes» et, «concernant la détermination des éléments non courants, des tests de dépréciation qui portent principalement sur certains actifs incorporels sont en cours de réalisation», a prévenu Orpea.
Sur la base des informations en sa possession, la société estime que les dépréciations qui pourraient en résulter se situeraient entre 170 millions et 220 millions d’euros.
En conséquence, Orpea estime que la baisse de la performance financière des activités accusée au premier semestre se prolongera au second semestre et pourrait, le cas échéant, être amplifiée par la volatilité additionnelle observée récemment sur les marchés de l'énergie.
Forte baisse
Dans ce contexte et en fonction du redressement du taux d’occupation, le taux de marge d’Ebitdar au second semestre pourrait être inférieur à son niveau du premier semestre. Orpea a toutefois confirmé sa confiance dans sa capacité à maintenir une dynamique solide de croissance du chiffre d’affaires cette année.
En réactions à ces annonces, l’action Orpea plongeait de 16%, à 17,6 euros, lundi en début de matinée à un nouveau plus bas depuis 2005. Elle abandonne désormais 80% depuis le début de l’année.
Le groupe publiera ses résultats consolidés du premier semestre de 2022 le 28 septembre prochain, après la clôture des marchés financiers.
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Paris - Après BMW et Mercedes-Benz, Stellantis: le nouveau patron du quatrième constructeur automobile mondial, l’Italien Antonio Filosa, a lui aussi remis en cause l’interdiction des ventes de véhicules thermiques en 2035 dans l’Union européenne, un objectif «pas réaliste» sans l’introduction de «flexibilités» pour les constructeurs affectés par la crise. «Les objectifs de baisse de 55% des émissions (de gaz à effet de serre) d’ici 2030 et d’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035 (dans l’Union européenne) ne sont pas réalistes tels que définis», a déclaré dans une interview aux Echos samedi le nouveau directeur général de Stellantis. «Il faut introduire des flexibilités qui contribueront à la fois à la décarbonation et au maintien de l’activité industrielle», a ajouté le successeur de Carlos Tavares à la tête du 4e constructeur automobile mondial (Jeep, Peugeot et Fiat). L’interdiction à partir de 2035 de la vente de voitures neuves à essence ou diesel, hybrides comprises, dans l’UE, emblème des ambitieuses mesures du Pacte vert européen (Green Deal), a été actée par la Commission européenne en mars 2023 malgré les réticences allemandes. Une clause «de revoyure» a été fixée pour 2026 afin de faire un premier état des lieux et éventuellement apporter des ajustements au texte. Cet objectif est contesté depuis plusieurs mois par une partie des constructeurs, confrontés à des ventes de modèles électriques qui patinent, à la concurrence chinoise grimpante, aux droits de douane américains et à la chute des bénéfices mondiaux. Des «assouplissements» peuvent être étudiés mais à condition qu’ils ne remettent «pas en cause» la sortie des énergies fossiles, avait indiqué en juin le ministère français de l’Industrie. Pression de l’industrie Le constructeur allemand de voitures premium BMW a proposé vendredi de repousser à 2050 l’interdiction. La semaine précédente Ola Källenius, patron de Mercedes-Benz et président de l’association des constructeurs européens (ACEA), avait qualifié l’objectif de 2035 d’"inatteignable». Sous la pression de l’industrie, la Commission européenne a déjà assoupli en mars les objectifs de réduction d'émissions de CO2 à moyen terme et sa présidente Ursula von der Leyen doit ouvrir la semaine prochaine un «dialogue stratégique» avec les constructeurs automobiles, peu après le début du salon de l’automobile de Munich (IAA), rendez-vous incontournable pour le secteur. «Il faut maintenant passer du dialogue stratégique à l’action stratégique. Et vite. Il ne faut pas sous-estimer le déclin rapide de l’industrie automobile européenne», a ajouté Antonio Filosa. Interrogé sur la remise en question de l'échéance 2035, il a réaffirmé le besoin de «leviers de flexibilité» pour «enrayer le cercle vicieux qui entraîne la baisse des ventes et retarde le renouvellement d’un parc automobile vieillissant». Il propose des mesures de «verdissement du parc type prime à la casse ou à la reconversion pour des véhicules plus récents», des «supercrédits CO2» pour les ventes de petites voitures électriques ou encore une meilleure valorisation des véhicules hybrides. Ces mesures visent à «redynamiser le marché» pour «réduire les coûts de production» et «rendre les voitures plus abordables». Priorités aux utilitaires électriques Comme l’avait fait début juillet Jean-Philippe Imparato, qui dirige la branche européenne de Stellantis, Antonio Filosa a réaffirmé que «les décisions les plus urgentes à prendre à Bruxelles concernent la trajectoire de décarbonation des véhicules utilitaires légers», un marché «en souffrance» car la demande des professionnels n’est pas au rendez-vous face aux coûts élevés. Cela «met en danger» des dizaines de milliers d’emplois et il faut «étendre de trois à cinq ans les objectifs de réduction des émissions de CO2» pour ce segment, estime-t-il. S’il rappelle que cet axe est stratégique notamment pour la France, «car l’une de nos plus grandes usines d’utilitaires est dans le Nord, à Hordain», il affirme, interrogé sur de potentielles fermetures d’usines, qu’il est «impossible de se prononcer à ce stade, nous devons d’abord voir comment évolueront les échanges sur la réglementation européenne». Dans un marché automobile mondial qui «se régionalise» sous la «double pression des droits de douane et des réglementations», poursuit M. Filosa, «l’Europe a choisi la voie de l'électrification complète, orientation que nous soutenons et sur laquelle nous avons fortement investi, mais dont nous questionnons aujourd’hui le rythme et la rigidité vu les réalités du marché». Mathilde DUMAZET © Agence France-Presse -
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