Les bonus de Credit Suisse créent encore la controverse

La hausse des rémunérations variables destinée à retenir les talents passe difficilement auprès des actionnaires, après deux années de pertes et 33% de recul en Bourse.
Jade Grandin de l’Eprevier

Pour les actionnaires, la fuite des talents ne justifie pas tous les excès. Le cabinet Glass Lewis a recommandé hier à ceux de Credit Suisse de rejeter la proposition de la banque consistant à payer 26 millions de francs suisses (24,3 millions d’euros) de bonus à court terme à son comité exécutif. Le montant est «complètement inapproprié vu les pertes subies par les actionnaires au cours des deux dernières années fiscales», déclare le cabinet en prévision de l’assemblée générale annuelle du 28 avril. Il juge également «excessive» la proposition de rémunération des membres du conseil d’administration. «Nous prenons note des recommandations mises en avant, a réagi la banque dans un communiqué. Credit Suisse respecte la démocratie actionnariale».

En dépit d’une perte nette de 2,71 milliards de francs en 2016, et sa chute boursière de 33% sur la période, la banque souhaite rémunérer Tidjane Thiam 11,9 millions de francs (dont 4 millions de bonus et 3 millions de salaire) pour sa première année pleine en tant que directeur général. Dix autres membres du conseil d’administration doivent recevoir en moyenne 5,9 millions de francs chacun. Beaucoup d’actionnaires jugent la contribution de Tidjane Thiam «largement positive et clé pour le redressement à long terme de l’entreprise», concède Glass Lewis, mais son bonus à court terme «devrait être plus représentatif de l’expérience vécue par les actionnaires». Il conseille aussi de voter contre la réélection de trois membres du conseil d’administration, qui siègent au comité de rémunération.

Si, pour la première fois depuis 2013, Credit Suisse a souhaité augmenter les rémunérations variables, c’est afin d’éviter une fuite des talents semblable à celle subie en 2016. Chez Deutsche Bank, où une baisse drastique a été annoncée en janvier, plusieurs cadres viennent de partir. Mais l’argument ne convainc pas Glass Lewis. «Les actionnaires devraient sérieusement s’inquiéter du fait que l’entreprise continue de payer des primes significatives, proches des maximums, malgré la publication d’une perte pour la deuxième année consécutive», martèle le cabinet. En outre, Credit Suisse n’est pas à l’abri d’un nouveau litige pour fraude fiscale au Royaume-Uni, en France et aux Pays-Bas.

En 2016, Glass Lewis s’était déjà opposé aux rémunérations 2015, et ce malgré l’initiative de Tidjane Thiam de renoncer à une partie de son bonus. A l’assemblée générale, un actionnaire sur cinq avait rejeté les propositions de rémunération.

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