Les administrateurs veulent plus de diversité dans leurs conseils

Ils sont conscients de la nécessité d’élargir leurs horizons pour ne pas laisser d’angle mort dans l’analyse du conseil, constate une étude KPMG.
Bruno de Roulhac
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En France, après celle des compétences, la première diversité demandée est ethnique, suivie de celle des nationalités.  -  Photo Tumisu/Pixabay

Prise de conscience. Les administrateurs veulent des conseils plus efficaces. Comment ? Avec une meilleure diversité. Cinquante-neuf pour cent des 700 administrateurs sondés dans le monde par KPMG (et 68% en France) souhaitent faire évoluer notablement leur conseil, et 4% (11% en France) demandent même un changement radical. Mais en même temps, le panel français met en avant, comme premier frein, l’absence d’identification explicite du besoin de diversité par le conseil, qui ne fait pas de ce sujet une priorité. La reproduction des schémas de recrutement dans les mêmes cercles fait aussi obstacle à la diversité.

Pourquoi les Français semblent-ils ainsi plus schizophrènes que les autres administrateurs dans le monde ? «Ils voient le bénéfice d’une plus grande diversité mais peinent à passer à la pratique. Ces changements bousculent les mentalités et les habitudes, constate Stella Vitchénian, associée KPMG, membre de l’Audit Committee Institute. Les conseils français sont encore loin d’organiser une rotation régulière et ne tirent que rarement les enseignements des évaluations du conseil sur un plan individuel.» Alors que les conseils ne sont pas extensibles, qui est prêt à accepter de ne pas renouveler son mandat pour laisser son poste à d’autres ?… Les conseils ont ainsi de nouvelles étapes à franchir.

En France, 58% des répondants (46% à l’international) se disent préoccupés, et même 10% extrêmement préoccupés par le manque de diversité de points de vue au sein des conseils, estimant que la qualité des échanges pâtirait d’un certain entre-soi. «Cette consanguinité des vues et des approches est perçue comme une perte d’opportunités par rapport au bénéfice attendu du ‘penser autrement’. Pire, elle risquerait de laisser des zones de risques dans l’angle mort, voire entraverait la capacité du conseil à identifier les questions importantes», ajoute Stella Vitchénian.

Des administrateurs français exigeants

En France, la première diversité demandée est celle de la compétence, avec une forte demande de profils technologiques et d’expertise digitale (63% en France), et de diversité ethnique. Vient ensuite la diversité de nationalités. L’expertise en management et en RH monte aussi en puissance. «Elle fait écho aux enjeux d’attractivité, voire de guerre des talents, et à la difficile rétention des hauts potentiels», précise Stella Vitchénian.

L’essentiel «n’est pas tant la diversité des compétences, des expériences et des nationalités, pour faire de l’affichage, mais son articulation avec la stratégie et les besoins de l’entreprise», poursuit Stella Vitchénian. Signe des progrès déjà réalisés, le premier critère de recrutement n’est plus d’avoir une expérience d’administrateur, mais d’avoir une connaissance de terrain du secteur d’activité de l’entreprise. Autrement dit, compter des administrateurs capables d’enrichir les débats.

Si tous les administrateurs veillent à améliorer la qualité des débats, deux tiers des administrateurs français sont insatisfaits des échanges sur les questions stratégiques. Mais à l’international, 70% sont satisfaits ! «C’est plutôt positif ! Les Français sont sans doute plus exigeants, et expriment aussi une frustration sur l’articulation risque et stratégie, souhaitant en avoir une meilleure vision, constate Stella Vitchénian. En parallèle, la charge de travail et le niveau de responsabilité des administrateurs croissent, leur laissant moins de temps pour prioriser les questions.»

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