Le secteur américain de la défense brosse des perspectives en demi-teinte

Des doutes subsistent sur l’évolution des dépenses militaires des Etats-Unis, qui déterminent une grande part de l’activité de Lockheed Martin et de Raytheon.
Lockheed Martin, groupe de défense américain
Lockheed Martin a fait état d’un chiffre d’affaires en hausse de 7,3% au quatrième trimestre 2022.  -  photo Lockheed Martin.

La hausse significative des résultats trimestriels publiés mardi par deux grands groupes de défense américains masque des incertitudes sur les perspectives de ce secteur outre-Atlantique. Lockheed Martin a ainsi fait état d’un bénéfice par action (BPA) ajusté en hausse de 8% à 7,79 dollars au quatrième trimestre 2022. Son chiffre d’affaires a augmenté de 7,3% à 19 milliards de dollars (17,5 milliards d’euros) d’un an sur l’autre et son carnet de commandes a atteint 150 milliards de dollars (+11%).

«Cette fin d’année plus forte que prévu a démontré la fiabilité et la résilience de l’entreprise pour respecter ses engagements dans des environnements difficiles», a commenté le PDG James Taiclet dans un communiqué. Si la division aéronautique, qui représente environ 40% de son chiffre d’affaires consolidé, a vu ses ventes trimestrielles progresser de 7%, la marge d’exploitation de cette division est passé de 11,5% à 10,7% d’un an sur l’autre.

Le directeur financier, Jay Malave, a précisé que les livraisons de l’avion de chasse F-35, le principal programme du groupe de défense, restaient suspendues «en raison de l’enquête du Pentagone sur les causes de l’accident d’un appareil le 15 décembre à Fort Worth au Texas». Lors de ce crash, le pilote d’un F-35 avait dû s'éjecter en urgence alors qu’il était en train de faire atterrir son appareil sur une base aérienne. A cause de cette suspension, Lockheed Martin n’a pu livrer que 141 appareils l’an dernier, soit un de moins qu’en 2021, contre un objectif initial de 148 avions.

Redressement de l’aviation civile

Raytheon, qui fabrique notamment les missiles Stinger et Tomahawk, a de son côté tiré parti de la reprise du transport aérien qui a largement contribué à la hausse de 6,2% de son chiffre d’affaires, à 18,09 millisards de dollars, niveau légèrement inférieur au consensus qui anticipait 18,15 milliards. Le groupe, qui fournit des pièces détachées et des services de maintenance à Boeing et Airbus, a en revanche publié un BPA ajusté en croissance de 18% à 1,27 dollar, contre un consensus de 1,24 dollar en moyenne. «Le redressement de l’aviation commerciale a rejoint la fourchette haute des anticipations que nous avions formulées voici un an», a estimé Neil Mitchell, directeur financier de l’équipementier.

Si les Etats-Unis ont été contraints l’an dernier d’augmenter dans l’urgence leurs dépenses militaires dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’incertitude persiste sur l’évolution du budget américain de la défense qui devrait atteindre 858 milliards de dollars sur l’exercice clos le 30 septembre 2023. Le nouveau président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a en effet promis de réduire ces dépenses, ce qui affecterait au premier chef de grands équipementiers comme Lockheed Martin, Raytheon et Northrop Grumman, qui tirent une part importante de leurs revenus des commandes du gouvernement fédéral.

Une pénurie de main d’oeuvre

Ces entreprises, qui ont constaté un allègement des goulets d’étranglement dans leur chaîne d’approvisionnement, restent également confrontées à une pénurie de main d’œuvre qui bride leur croissance. Pour l’exercice 2023, Lockheed Martin anticipe en conséquence un BPA ajusté compris dans une fourchette de 26,60 à 26,90 dollars, à comparer à 27,23 dollars dégagés l’an dernier et à un consensus de 26,96 dollars. Il prévoit un recul de son chiffre d’affaires pouvant atteindre 1 milliard par rapport aux 66 milliards de dollars enregistrés en 2022. Les analystes tablaient en moyenne sur un niveau de 65,7 milliards.

Cette prudence est partagée par Raytheon qui mise sur un BPA ajusté compris entre 4,90 et 5,05 dollars, alors que le consensus anticipait 5,03 dollars. Il chiffre à environ 2 milliards de dollars l’impact négatif afférent à la hausse du coût des achats et des charges de personnel sur l’ensemble de 2023, ce qui ne l’a pas empêché d’annoncer un programme de rachat d’actions à hauteur de 3 milliards de dollars. Il compte par ailleurs se réorganiser en trois secteurs d’activité, à savoir Collins Aerospace (équipements aéronautiques), Pratt & Whitney (moteurs d’avions) et Raytheon (défense), en ajoutant que ce projet sera mis en œuvre au second semestre 2023.

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