Le projet de rachat d’actions de Vivendi ne fait pas l’unanimité

Les deux principales agences de conseil aux actionnaires, ISS et Glass Lewis, recommandent de voter contre la résolution lors de l’AG du 22 juin. Bolloré tente de rassurer sur ses intentions.
Olivier Pinaud
Vivendi siège
Vivendi pourrait racheter jusqu’à 50% de son capital.  -  Bloomberg.

Comme en 2019, le projet de Vivendi de racheter une grande partie de son capital suscite la méfiance de certains de ses actionnaires. La semaine dernière, les deux principales agences de conseil en vote aux investisseurs (proxy advisors), Glass Lewis et ISS, ont recommandé de voter lors de l’assemblée générale du 22 juin contre les résolutions relatives au programme de rachats et d’annulation d’actions, estimant qu’elles n'étaient pas dans l’intérêt des actionnaires.

Glass Lewis et ISS rejoignent ainsi les arguments avancés par le fonds activiste Bluebell. Ce dernier craint que Vincent Bolloré n’utilise cet outil pour augmenter sa participation dans le groupe de médias sans faire d’offre publique d’achat. Vivendi pourrait racheter jusqu’à 50% de son capital.

En 2019, Vivendi avait soumis au vote de ses actionnaires une résolution lui permettant de racheter un quart de son capital. Des actionnaires, dont Phitrust, avaient exprimé leur inquiétude de voir le Groupe Bolloré, premier actionnaire de Vivendi, avec un peu plus de 27% du capital (29,64% des droits de vote), profiter de ce programme de rachats d’actions pour monter au capital sans avoir à lancer d’offre publique, à condition d’obtenir une dérogation de l’Autorité des marchés financiers, dont le règlement général prévoit une telle disposition. La résolution sur le programme de rachats d’actions de Vivendi avait été approuvée de justesse, à 67,71% du capital, soit moins de deux points au-dessus de la majorité des deux tiers nécessaire. Vivendi n’a finalement jamais utilisé la possibilité d’acheter 25% de son capital.

La semaine dernière, pour répondre à ces inquiétudes, le Groupe Bolloré a indiqué dans une lettre envoyée à Vivendi ne pas envisager de demander de dérogation à lancer une offre publique d’achat s’il venait à franchir en hausse le seuil de 30% du capital ou des droits de vote du groupe de médias et de divertissement.

La décision «n’est pas prise»

Dans sa lettre envoyée à Vivendi, le groupe de Vincent Bolloré précise toutefois qu’un tel franchissement de seuil ne serait pas inéluctable même avec la mise en oeuvre d’une offre publique de rachat d’actions (OPRA) : d’une part, Bolloré pourrait revendre des titres Vivendi sur le marché pour rester sous le seul des 30% ; Bolloré pourrait également participer à l'éventuelle OPRA à la hauteur de sa participation actuelle, ce qui permettrait de neutraliser sa montée au capital une fois les actions rachetées annulées.

Le Groupe Bolloré laisse toutefois planer le doute sur ses intentions : sa décision « n’est pas prise » et le sera « le moment venu », indique la lettre envoyée à Vivendi.

Lors de cette AG, les actionnaires de Vivendi devront aussi se prononcer sur le projet de scission à la Bourse d’Amsterdam d’Universal Music Group (UMG), le principal actif du groupe de divertissement. Sur ce point, Glass Lewis et ISS recommandent de voter en faveur de la scission.

Des actionnaires y sont moins favorables. Bluebell considère que le dispositif retenu est fiscalement défavorable pour les actionnaires. Le fonds d’investissement américain Artisan Partners, qui s’est récemment fait entendre lors du changement de gouvernance de Danone, a exprimé la semaine dernière son opposition à l’opération de scission pour la même raison.

Ces actionnaires s’interrogent également sur les raisons de la vente de 10% d’UMG à la société d’investissement cotée (Spac) de Pershing Square, avant que cette dernière distribue les actions UMG à ses propres actionnaires. Selon une source financière proche du dossier, cette opération avec Pershing Square « vise à donner une base actionnariale américaine à UMG dès sa cotation ». Elle a également permis de faire monter un peu plus la valeur de la maison de disque à 35 milliards d’euros, 2 milliards de plus que les récentes expertises financières menées pour Vivendi par le cabinet PwC et confirmées par EY.

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