Le gouvernement britannique descend de l’Eurostar à bon prix

Londres a cédé sa participation de 40% à deux investisseurs institutionnels. SNCF ne compte pas exercer son droit de préemption.
Antoine Duroyon

Entreprise de droit britannique, Eurostar perd l’appui de Londres. Le gouvernement britannique a vendu sa participation de 40% dans la liaison ferroviaire à grande vitesse entre la Grande-Bretagne et l’Europe continentale à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et à Hermes Investment Management.

Le fonds de pension canadien prendra 30% du capital, tandis que le gérant britannique, via Hermes Infrastructure, en recevra 10%. Montant de la cession : 585,1 millions de livres (804 millions d’euros). Londres touchera 172 millions de livres supplémentaires grâce au remboursement d’actions de préférence.

Le chancelier de l’Echiquier peut se frotter les mains. Cette participation de 40% était valorisée à 325 millions de livres dans les comptes publics britanniques 2013-2014. Plusieurs prétendants, dont le fonds 3i et l’assureur Predica, filiale du Crédit Agricole ont étudié le dossier. L’opération, motivée par la décision du gouvernement britannique de se délester de 20 milliards de livres d’actifs d’ici à 2020, s’inscrit par ailleurs dans un contexte opérationnel positif. Eurostar a compté 10,4 millions de voyageurs l’an dernier (+3%) et ses ventes ont progressé de 1% à 857 millions de livres (+4% à taux de change constants).

La compagnie ferroviaire est engagée dans un plan de modernisation et de développement. Elle prévoit de lancer 17 nouveaux trains dans les trois prochaines années et d’ouvrir à compter du 1er mai un service direct entre Londres et Marseille. «Eurostar est un actif de grande qualité offrant un lien direct entre le Royaume-Uni et l’Europe ainsi que des caractéristiques d’investissement attrayantes, y compris des flux de trésorerie stables et prévisibles à long terme», explique Peter Hofbauer, président de Hermes Infrastructure.

Sous réserve des autorisations réglementaires, la transaction devrait être conclue au cours du deuxième trimestre. Les autres actionnaires d’Eurostar - SNCF (55%) et SNCB (5%) - disposent en théorie d’un droit de préemption avec une prime de 15% sur le prix convenu. «La direction de SNCF va proposer au prochain conseil d’administration de ne pas exercer ce droit», indique un représentant du groupe de transport. En cas de validation de l’opération, la compagnie française, qui ne compte actuellement que deux sièges au conseil d’administration d’Eurostar, fera appliquer le droit commun. Elle prendra le contrôle effectif et consolidera la filiale, aujourd’hui mise en équivalence.

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