Le fisc américain complique les affaires de Yahoo

Le groupe avait demandé d'échapper à l’impôt en scindant sa part de 15% au capital d’Alibaba. L’IRS a refusé de rendre une réponse ferme.
Olivier Pinaud

Yahoo espérait prendre un nouveau départ une fois réalisée la scission de sa part de 15% au capital d’Alibaba, dans une société spécialement créée pour recevoir ces titres, ainsi qu’une activité dédiée aux petites entreprises. L’opération est en train de virer au casse-tête pour le groupe d’internet et sa dirigeante, Marissa Mayer. L’Internal Revenue Service (IRS), le fisc américain, a refusé de se prononcer sur les conséquences fiscales de cette scission alors que Yahoo espérait obtenir des garanties sur le fait d'être exempté de taxes. Le sujet est de taille pour le groupe américain: en cas d’imposition de la scission, la facture fiscale pourrait atteindre plus de 8 milliards de dollars sur la base de la valorisation actuelle de la part dans Alibaba (24 milliards de dollars).

L’IRS n’a pas totalement fermé la porte à une scission non imposable. Il a simplement refusé de se prononcer, laissant la liberté à Yahoo de poursuivre ou non son projet en l’état. Hier, la direction de Yahoo a indiqué que le conseil d’administration soupèsera les différentes options qui s’offrent à lui, y compris poursuivre sur la voie du spin-off. Selon les analystes, l’une des solutions envisageables serait de scinder dans une autre société non plus la part dans Alibaba mais les activités opérationnelles de Yahoo. Reste à savoir si ce spin-off inversé passerait entre les mailles du fisc américain, d’autant que le gouvernement américain réfléchit à réformer la législation actuelle pour compliquer un peu plus les «tax free spin-off».

Cette inconnue pèse depuis plusieurs mois sur la valorisation de Yahoo, dont le cours de Bourse a chuté de 38% depuis le début de l’année. Hier, plusieurs courtiers, comme Barclays ou Piper Jaffray, ont fortement abaissé leurs objectifs. Ce dernier est passé de 32 à 22 dollars, estimant désormais «à moins de 50% la probabilité que Yahoo soit en mesure de céder sa part dans Alibaba sans impôt».

Marissa Mayer compte sur cette scission pour redorer l’image de Yahoo auprès de ses actionnaires, en leur retournant une partie des gains de cet investissement. Yahoo avait déboursé 1 milliard d’euros en 2005 pour acheter 40% d’Alibaba. Il a déjà récupéré plus de 15 milliards de dollars bruts en réduisant sa part à 15%, notamment lors de l’IPO du groupe chinois en 2014.

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